L’injection intraveineuse d’un bolus de potassium corrige l’hypokaliémie sévère en urgence

L’hypokaliémie est l’une des anomalies électrolytiques les plus fréquemment rencontrées chez l’espèce féline. Le rein, principal organe régulateur de la balance potassique, protège mieux l’organisme contre les excès que contre les défauts d’apport en potassium. Le maintien de la kaliémie dépend essentiellement d’une sécrétion du potassium au niveau du tube distal proximal et du canal collecteur proximal

En raison du rôle prépondérant joué par les ions potassium (K+) dans le mécanisme de la conduction nerveuse et de la contraction musculaire, l’hypokaliémie se traduit principalement par des troubles neuromusculaires (ventroflexion du cou, fatigabilité, léthargie, faiblesse musculaire, douleur musculaire, dyspnée, etc.), voire exceptionnellement par l’apparition d’arythmies (ventriculaires ou supraventriculaires).

Une hypokaliémie sévère (inférieure à 2 ou à 2,5 mmol/l associée à une arythmie ou à une dyspnée) constitue une urgence vitale chez le chat. Il convient par conséquent de la prendre en charge dans les plus brefs délais. La gestion de l’hypokaliémie implique, dans ce cas, l’injection d’un bolus de potassium via une veine périphérique. Celui-ci est administré en une à deux minutes, sous surveillance électrocardiographique (survenue de trouble du rythme, élargissement du complexe QRS, augmentation de l’amplitude de l’onde T).

Un dosage de la kaliémie après l’injection permet de contrôler l’effet du bolus

La dose à injecter pour restaurer une kaliémie satisfaisante se calcule en plusieurs étapes :

- calcul de la différence (D1) entre la kaliémie sérique mesurée et celle souhaitée. Par exemple, pour un chat pesant 5 kg dont la kaliémie sérique mesurée est égale à 1,5 mmol/l et la kaliémie souhaitée à 3,5 mmol/l, la formule est la suivante : D1 = 3,5 - 1,5 = 2 mmol/l ;

- calcul du volume sanguin du chat, en litre : poids vif (kg) x 6 %, soit 5 x 0,06 = 0,3 l ;

- calcul du volume plasmatique du chat, en litre : 60 % du volume sanguin, soit 0,3 x 0,6 = 0,18 l ;

- calcul de la quantité de chlorure de potassium (KCl) à administrer en une à deux minutes (le volume sanguin circulant en une minute) : D1 x volume plasmatique, soit 2 (mmol/l) x 0,18 (l) = 0,36 mmol, ce qui correspond à un volume de 0,3 ml de KCl à 10 % (il y a 13,4 mmol de potassium dans une ampoule de 10 ml pour la solution de KCl à 10 %). Pour être précis, l’utilisation d’une seringue à insuline est vivement recommandée.

Il est possible de contrôler l’effet du bolus sur la kaliémie par un nouveau dosage de celle-ci entre trois et cinq minutes après la fin de l’injection. Un apport de potassium dans le liquide de perfusion est alors mis en place comme si la kaliémie était comprise entre 2,5 et 3 mmol/l. Une fois l’urgence traitée par l’injection de potassium, il convient d’identifier l’origine de l’hypokaliémie afin de la corriger, puis d’instaurer une supplémentation par perfusion ou par voie orale si cela est possible (^{voir tableau}).