La lutte contre les zoonoses nécessite que médecins et vétérinaires coopèrent - La Semaine Vétérinaire n° 1218 du 18/03/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1218 du 18/03/2006

Zoonoses. Académies de médecine et vétérinaire

Actualité

Auteur(s) : Franck Bourdy

Le hasard fait parfois bien les choses, dit le proverbe. Programmée il y a plusieurs mois, la réunion commune (fait rare) de l’Académie nationale de médecine (ANM) et de l’Académie vétérinaire de France (AVF), organisée le 7 mars dernier, avait ainsi pour sujet « Les zoonoses, passé, présent et avenir ». Un heureux hasard en pleine crise de grippe aviaire même si, comme l’a reconnu Denys Pellerin, président de l’ANM, « le mot “présent” a été ajouté au dernier moment ».

Jean Blancou, président de l’AVF et ancien directeur de l’Office international des épizooties (OIE)(1), a insisté sur les limites de l’éradication des zoonoses majeures. Celle-ci passe par la diminution du réservoir animal des agents zoologiques, et la prophylaxie sanitaire ou médicale. Dans les pays industrialisés, les zoonoses sont bien maîtrisées. Cependant, il est particulièrement difficile d’appliquer les mesures de prophylaxie à la faune sauvage. Par exemple, la présence de la brucellose en Europe chez les sangliers et les lièvres rend la survenue d’un cas sporadique possible.

La situation dans les pays en voie de développement est beaucoup plus grave. Souvent, leur économie ne peut supporter les pertes occasionnées par la prophylaxie sanitaire (abattage) ou le coût de la vaccination.

Certains médicaments actifs pour des zoonoses propres aux pays tropicaux tendent même à disparaître, les industriels se refusant à fabriquer des produits pour un marché économiquement non solvable. En outre, il est difficile de contrôler les populations animales de rente déplacées lors de conflits armés. « La maîtrise des maladies animales ne peut pas être envisagée à court terme dans nombre de pays en voie de développement », a conclu Jean Blancou.

Le passage de la barrière d’espèce implique de franchir une succession d’étapes

L’autre problème est celui du passage de la barrière d’espèce par les agents pathogènes. « Pour qu’un virus d’origine animale devienne un agent de zoonose, il doit remplir un véritable “cahier des charges” complexe », a souligné Philippe Sansonetti, membre de l’ANM et de l’Académie des sciences. Il doit ainsi être amené au contact de celui-ci et lui être inoculé, passer les premières barrières de défense, se répliquer chez l’homme et, pour provoquer une pandémie, être transmis directement entre humains. En pratique, les premières étapes sont les plus difficiles à franchir, car elles nécessitent une interaction spécifique entre l’agent pathogène et l’hôte, c’est-à-dire l’adaptation de ligands microbiens à des récepteurs spécifiques de l’hôte au niveau moléculaire à la suite de modifications génétiques (mutation, recombinaison, réassortiment). Les virus à ARN, comme celui de l’influenza, ont plus de chance que ceux à ADN d’acquérir et de maintenir des mutations, en l’absence de mécanisme de correction d’erreur. Cependant, tant que le virus aviaire n’a pas “acquis” l’isoforme correspondant au récepteur du virus humain, il ne pourra donner lieu à une pandémie.

A l’issue de cette réunion, les académies ont donc émis un avis qui repose sur deux points clés. En premier lieu, « les dispositions actuelles, dans le cas de la grippe aviaire, sont opportunes : elles établissent des périmètres de sécurité sanitaire autour de chacun des foyers d’animaux identifiés porteurs de virus ». Par ailleurs, « pour maîtriser les maladies humaines d’origine animale, c’est au réservoir animal et à l’éventuel vecteur qu’il faut s’attaquer. Cette lutte n’aura de chances de succès que si la coopération se renforce entre médecins et vétérinaires d’une part, entre pays développés et pays en développement d’autre part ».

  • (1) Rebaptisé l’Organisation mondiale de la santé animale.

  • Source : d’après Jean Blancou.

Prévalence de quelques zoonoses en France

• Brucellose bovine : 25 % des bovins atteints et environ 400 000 cas cliniques humains en 1968, maladie éradiquée en 2003.

• Tuberculose bovine : 25 % des bovins atteints en 1933, maladie devenue particulièrement rare en 2006 (32 foyers en 2004).

• Rage : 50 à 60 chiens atteints par mois en 1933, 10 à 50 renards atteints par jour en 1989, aucun cas de rage canine ou vulpine autochtone en 2006.

• Morve : cas sporadiques chez les chevaux et 4 ou 5 cas par an chez l’homme en 1933, maladie éradiquée en 2006 (depuis 1965).

• Fièvre charbonneuse : lourd tribut chez les bovins dans certaines régions en 1933, aucun cas observé depuis 2003.

F. B.
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