L’Etat se moque-t-il des vétérinaires ? - La Semaine Vétérinaire n° 1217 du 11/03/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1217 du 11/03/2006

Entre nous

VOUS AVEZ LA PAROLE

Auteur(s) : Jean-Xavier Tempez

Fonctions : praticien à Peronne (Somme).

Lorsqu’une visite de suspicion vis-à-vis de l’influenza aviaire est sérieuse et nécessite l’appui des services vétérinaires, l’Etat promet une rémunération horaire de 6 AMO(1), soit 74,34 € de l’heure passée sur le terrain en milieu suspecté contaminé. Quelle considération pour notre profession ! Force est de constater que nous ne valons plus grand-chose sur le marché du travail. Se moque-t-on de nous ?

Ou est-ce le reflet réel de ce que sont devenus notre profession et notre mandat sanitaire ?

Voici juste une comparaison d’actualité fondée sur des chiffres connus de tous : un médecin généraliste qui consulte au chaud dans son cabinet et qui voit en moyenne six patients par heure (et ce n’est pas exagéré…) vaut pour les pouvoirs publics : 21 € x 6 = 126 € de l’heure…

Et je ne parle pas des vingt coups de fil quotidiens d’environ cinq minutes pour expliquer et rassurer la population, un temps qui, bien entendu, ne nous est pas rémunéré. Sans compter que nous devons attendre d’être appelé sur le terrain, ce qui peut fort bien s’assimiler à de l’astreinte…

Un médecin généraliste de garde le week-end est rémunéré 450 € par les pouvoirs publics, uniquement pour l’astreinte (c’est-à-dire le fait d’être chez soi et d’attendre qu’un appel déjà filtré arrive).

J’aurais pu prendre d’autres exemples aussi parlants, mais l’actualité m’a guidé. Je tiens d’ailleurs à féliciter la profession médicale dans son ensemble.

Elle semble beaucoup plus organisée et efficace que nous pour la défense de son pain quotidien…

Mais soyons optimistes ! Il nous reste une grande consolation : la satisfaction du devoir accompli et du don de soi pour la santé publique, l’honneur d’être en première ligne, là ou personne ne veut s’aventurer. Peut-être est-ce là notre réelle motivation ? Il est possible que les pouvoirs publics l’aient compris bien avant nous…

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 1216 du 4/3/2006 page 15.

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