Le virus H5N1 de l'influenza aviaire est isolé chez un chat retrouvé mort en Allemagne

Prudence. L'Allemagne a annoncé, le 28 février dernier, qu'un chat retrouvé mort sur l'île de Rügen, où de nombreux cadavres d'oiseaux sauvages porteurs du virus H5N1 hautement pathogène de l'influenza aviaire ont été ramassés, est porteur du virus H5N1. Mais le fait que l'animal a succombé précisément au virus n'est pas prouvé, tout comme la manière dont l'infection a eu lieu (par voie respiratoire ou orale via la consommation d'un cygne mort). En outre, les symptômes et les lésions du chat sont inconnus.

Cette annonce a de quoi alarmer. Toutefois, depuis l'épizootie de grippe aviaire asiatique en 2003, de nombreux chats de cette région ont sans doute été en contact avec le virus H5N1 et se sont nourris de volailles atteintes sans pour autant être affectés par la grippe. Jusqu'à présent, la transmission du virus H5N1 à des félidés non domestiques a été constatée après la mort de deux tigres et de deux léopards dans un parc zoologique en Thaïlande. La contamination par l'ingestion de poulets atteints a alors été évoquée. Il s'agit d'une surprise, comme l'explique notre consœur Jeanne Brugère-Picoux dans un ouvrage consacré à ce sujet⁽¹⁾. En effet, d'une manière générale, les félidés ne sont pas considérés comme sensibles au virus influenza. Elle précise que le chat ne s'est pas révélé très sensible aux essais de transmission réalisés dans les années 70 et 80 à partir des virus influenza isolés dans différentes espèces : H3N2 chez l'homme, H7N3 chez le dindon et H7N7 chez le phoque. Ces derniers n'ont montré qu'un épisode de fièvre sans troubles respiratoires. Mais Jeanne Brugère-Picoux ajoute cependant que, « après des observations conduisant à suspecter une contamination mortelle par le virus H5N1 chez des chats thaïlandais, il importe de vérifier cette sensibilité inhabituelle des félidés domestiques. Cela a fait l'objet d'une étude expérimentale par l'équipe de Kuiken (2004). Elle a mis en évidence une sensibilité du chat au virus H5N1 inoculé par voie intratrachéale et une transmission horizontale intra-espèce possible ». Le risque et le mode de transmission du virus au chat feront l'objet d'une évaluation par l'Afssa.

D'ores et déjà, le Conseil supérieur de l'Ordre a reçu de nombreux appels. Sa vice-présidente, Véronique Bianchetti, invite les praticiens à rassurer leurs clients : « Cette contamination (qui reste à prouver) résulte de circonstances exceptionnelles (promiscuité intense de l'animal avec des oiseaux d'eau porteurs du virus H5N1). En dehors de ces conditions particulières, il existe très peu de risque pour que les chats domestiques contractent la grippe aviaire et encore moins pour qu'ils la transmettent à leurs propriétaires. »

• (1) Grippe aviaire, les bonnes questions, les vraies réponses, Jeanne Brugère-Picoux, éditions Milan, 2006.