Le sérovar 4 de H. parasuis a dominé en France de 2000 à 2005, chez les porcs malades ou sains - La Semaine Vétérinaire n° 1214 du 18/02/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1214 du 18/02/2006

Epidémiologie porcine

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FILIÈRES

Auteur(s) : Nathalie Devos

La virulence d’une souche de Haemophilus parasuis ne peut être totalement reliée à son sérovar.

Haemophilus parasuis est l’agent causal de la maladie de Glässer (qui provoque polysérite, arthrite, méningite, septicémie ou pneumonie), mais également une bactérie commensale des voies respiratoires supérieures du porc. Elle est considérée comme l’une des causes majeures de mortalité chez le porcelet.

Une hétérogénéité antigénique est observée chez H. parasuis par P. Kielstein et V.J. Rapp-Gabrielson (1992) qui décrivent quinze sérovars, en utilisant la technique d’immunodiffsion en milieu gélosé. Les différents sérovars n’ont pas le même pouvoir pathogène. Parmi les quinze sérotypes connus actuellement, les sérovars 1, 5, 10, 12, 13 et 14 sont réputés très virulents (capables de provoquer la mort des animaux en quatre jours). Les sérovars 2, 4 et 15 sont dotés d’une virulence modérée (ils peuvent provoquer une polysérite, mais pas de mortalité). Le sérovar 8 est communément considéré comme faiblement pathogène et les sérovars 3, 6, 7, 9 et 11 comme non pathogènes (travaux de V.J. Rapp-Gabrielson, 1999).

Toutefois, des travaux récents (Ruiz et coll., 2001 ; Hill et coll., 2003) montrent que le pouvoir pathogène des différents sérovars doit encore faire l’objet d’études.

90 souches d’animaux malades et 97 d’animaux cliniquement sains

Afin d’avoir un aperçu de la situation hexagonale, la distribution des sérovars de Haemophilus parasuis isolés en France pendant cinq ans a fait l’objet d’une étude1, présentée par Corinne Marois (Afssa de Ploufragan) lors des Journées de la recherche porcine, qui se sont déroulées du 31 janvier au 2 février dernier à Paris. Cette étude porte sur 187 souches collectées par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments de Ploufragan et le laboratoire départemental d’analyses des Côtes-d’Armor, de 2000 à 2005.

90 souches (5 de porcelets en maternité, 1 d’une truie, 59 de porcelets en postsevrage, 25 de porcs à l’engrais) sont isolées à partir d’animaux malades issus de 83 élevages et 97 (20 sur des porcelets en postsevrage et 77 de porcs à l’engrais) chez des animaux sains provenant de 10 élevages. La sérotypie des souches isolées est réalisée par hémagglutination indirecte (HAI).

Sur la période étudiée, le sérovar 4 apparaît toujours majoritaire (56,7 % en moyenne, 65 % en 2001 et 50 % en 2005). Depuis 2004, la disparition des sérovars 1 et 12 et l’apparition du sérovar 6 sont également observées.

Des sérovars qualifiés de virulents retrouvés chez des porcs cliniquement sains

Chez les animaux malades (cas de méningite, de septicémie, d’arthrite et de pneumonie), le sérovar 4 est le plus fréquemment isolé (56,6 % des isolats, soit 51 sur 90), suivi des sérovars 13 (14,4 %, soit 13 sur 90) et 5 (6 %, soit 6 sur 90). Les sérovars 1, 6, 7 et 12 sont peu fréquents, les sérovars 2, 3, 8, 9, 10, 11, 14 et 15 ne sont pas détectés. Enfin, onze souches se révèlent non typables.

Chez les porcs cliniquement sains, le sérovar 4 est également majoritaire (42,3 %, soit 41 isolats sur 97), suivi des sérovars 13 (12,4 %, soit 12 sur 97) et 1,3 %, soit 1 isolats sur 97). Parmi les autres sérovars retrouvés chez ces animaux figurent le 6, le 7, le 11, le 12, le 14 et le 15. Seize souches se révèlent non typables. Les sérovars 2, 3, 5, 8, 9 et 10 ne sont pas détectés.

L’étude montre que plusieurs sérovars sont présents au sein d’un même élevage, voire chez un même animal, qu’il s’agisse de porcs malades ou cliniquement sains. En outre, la plupart des souches isolées de porcs malades appartiennent à des sérovars qualifiés de virulents par d’autres auteurs, de même pour les sérovars 4, 13 et 1 pourtant retrouvés chez des animaux cliniquement sains (étude de P. Kielstein et V.J. Rapp-Gabrielson, 1992). Quel est le risque encouru par les porcs qui hébergent ces sérovars sans manifestation clinique ? Il est légitime de penser que les conditions ou les pratiques d’élevage et l’association à d’autres agents (bactéries ou virus) peuvent favoriser l’expression du pouvoir pathogène latent de H. parasuis.

Pour les auteurs de l’étude, la recherche des facteurs de virulence de H. parasuis devrait constituer une priorité à l’avenir, car dans l’état actuel des connaissances, le sérovar de la bactérie ne peut être relié totalement à la virulence de la souche.

Le taux de souches non typables suggère l’existence d’autres sérovars

Un taux assez faible, mais non négligeable de souches non typables (14,4 % au total, 12 % dans le cas des animaux malades et 16,5 % chez ceux cliniquement sains) est noté dans cette étude. Ce chiffre se rapproche des données fournies par d’autres travaux au Canada (14,8 %, Angen et coll., 2004) et au Danemark (15 %, Tadjine et Mittal, 2004).

Pour les auteurs, ces résultats suggèrent l’existence d’autres sérovars d’Haemophilus parasuis. Ainsi, le recours à des outils moléculaires pourrait permettre de caractériser les souches non typables et de comparer les isolats de H. parasuis qui appartiennent à un même sérovar. Ces outils seraient également utiles pour rechercher l’une des spécificités génomiques chez les souches isolées à partir de cas pathologiques et étudier l’épidémiologie de l’infection.

  • (1) Corinne Marois et coll. : « Distribution des sérovars de Haemophilus parasuis isolés en France de 2000 à 2005, » 38e Journées de la recherche porcine, Paris 2006.

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