La prévalence de la babésiose canine est globalement stable - La Semaine Vétérinaire n° 1214 du 18/02/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1214 du 18/02/2006

Résultats d’une enquête nationale

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Patrick Bourdeau

Fonctions : professeur de parasitologie, unité de dermatologie, parasitologie et mycologie, département des sciences cliniques de l’ENV de Nantes.

49,6 % des 892 structures vétérinaires qui ont répondu au questionnaire soumis en janvier 2005 diagnostiquent moins de vingt cas par an.

La babésiose canine est une maladie endémique en France, due à Babesia canis. L’infection peut présenter de multiples aspects. Ils vont du portage asymptomatique jusqu’à des expressions suraiguës évoluant sur quelques jours, en passant par des formes aiguës dites “classiques” ou d’autres dites “atypiques”, bien que probablement les plus fréquentes. Il s’agit de la plus importante maladie transmise par les tiques en France.

Les débats récents, notamment sur les changements climatiques, ont conduit à s’interroger sur l’évolution épidémiologique et l’extension possible des territoires d’enzootie pour l’ensemble des maladies vectorielles en Europe. Une telle évolution est illustrée par une enquête précédente, portant sur la leishmaniose canine à Leishmania infantum1, dont les résultats suggèrent une forte extension de la zone d’enzootie.

En outre, les déplacements des animaux, aujourd’hui beaucoup plus nombreux, peuvent faire évoluer la distribution et l’impact des maladies infectieuses ou parasitaires, voire augmenter leur zone d’extension, surtout si le vecteur potentiel est déjà présent en abondance. Dans le cas de la babésiose canine, le meilleur exemple est celui de l’Allemagne où la maladie, d’abord exotique, est passée au stade autochtone avec le développement de foyers, désormais bien établis, dans des régions initialement indemnes, mais où le vecteur (Dermacentor reticulatus) est largement présent.

81,2 % des cliniques diagnostiquent au moins un cas annuel de babésiose

La situation de la babésiose canine en France n’est connue qu’à partir d’enquêtes soit anciennes, soit partielles. La seule carte disponible jusqu’à récemment était issue de données souvent peu comparables ou non actualisées.

Une enquête nationale similaire à celle sur la leishmaniose a été réalisée en janvier 20052, en faisant appel à l’expérience des vétérinaires, dans l’objectif de préciser la distribution et l’incidence globale de cette maladie.

Des formulaires, comportant soixante questions sur la babésiose canine, destinés à être remplis de façon confidentielle, ont été envoyés à plus de cinq mille cliniques vétérinaires françaises (canines ou mixtes). Ces questions portaient sur la distribution et l’évolution de la maladie, les aspects cliniques et les critères diagnostiques, le traitement et les options prophylactiques envisagées par les praticiens. Les réponses, retournées à l’unité de dermatologie, parasitologie et mycologie de l’ENV de Nantes, ont été saisies sur le logiciel Excel.

892 dossiers ont été renvoyés, ce qui correspond à un bon taux de réponse (17,6 %). L’ensemble du territoire est représenté.

Cette enquête fait apparaître que 81,2 % des cliniques diagnostiquent au moins un cas annuel de babésiose canine. Plus précisément, elles peuvent être regroupées selon le nombre de cas sur une année en :

- plus de 200 cas : 1,7 % des cliniques ;

- de 100 à 200 cas : 5 % ;

- de 50 à 99 cas : 11,2 % ;

- de 20 à 49 cas : 23,8 % ;

- moins de 20 cas par an : 49,6 %.

54,5 % des structures vétérinaires considèrent exercer en zone d’enzootie

Par département, la distribution du nombre maximal de cas observés par an dans au moins une clinique (voir carte 1) permet d’avoir une idée globale de l’impact régional de la maladie, mais ne donne qu’un aperçu indirect et imparfait des zones d’enzootie.

Une information complémentaire sur la distribution de ces dernières est fournie par le taux de structures estimant exercer ou non en zone d’enzootie (voir carte 2). Ainsi, plus de la moitié des cliniques qui ont répondu à l’enquête (54,5 %) considèrent qu’elles sont en zone d’enzootie.

La maladie est plutôt stable, voire en régression (en particulier dans le Centre). Elle serait davantage évolutive (augmentation du nombre de cas) dans le Nord et le Nord-Est. De nouvelles zones d’extension sur les cinq dernières années sont signalées dans environ 3,7 % des réponses.

Des questions demeurent sur la répartition de l’enzootie et des vecteurs

La situation épidémiologique n’est pas clairement établie en zone limitrophe entre l’enzootie de babésiose canine et la limite de répartition des populations sauvages de Rhipicephalus sanguineus. Il s’agit en effet d’un second vecteur potentiel et son degré d’implication en France est mal connu.

La sous-espèce de Babesia présente dans l’Hexagone (Babesia canis canis) est normalement transmise par Dermacentor reticulates. Cette tique lui est adaptée, tandis que Rhipicephalus sanguineus, second vecteur possible, est quasiment absent de la plupart des zones d’enzootie. A l’opposé, dans l’extrême Sud-Est, la babésiose canine est absente, alors que Rhipicephalus sanguineus, théoriquement vecteur d’une autre sous-espèce de Babesia du chien (B. canis vogeli), est bien présent. Une évaluation complète sur la dynamique de la maladie nécessitera l’analyse détaillée des résultats région par région.

La population canine explorée par cette enquête – la première réalisée à un niveau national depuis des années grâce à la participation des praticiens – représente entre 1,4 et 2,9 millions d’individus. Selon les informations collectées, la prévalence globale annuelle de la babésiose canine en France serait de l’ordre de 1,4 % des chiens médicalisés (la valeur exacte se situe entre 0,5 et 3 %).

  • (1) Voir La Semaine Vétérinaire n° 179 du 16/4/2005 en page 12.

  • (2) P. Bourdeau, M. Lasbleiz et A. Marchand : « A national survey on canine babesiosis in France : distribution and prevalence. » Les premiers résultats et les conclusions de cette étude ont été présentés lors du congrès de la World Association for the Advancement of Veterinary Parasitology (WAAVP), à Christchurch (Nouvelle-Zélande), du 16 au 20/10/2005.

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