La compétition est un facteur de risque de survenue des ulcères chez les équidés

L’impact du travail sur l’appareil digestif du cheval n’est pas connu avec précision », a déclaré notre confrère allemand Matthias Pollmeier en préambule de son intervention au IX^e congrès de médecine et de chirurgie équines. Néanmoins, il constate l’existence de certaines relations entre les désordres du tractus digestif et la compétition.

En matière d’ulcères gastriques, plusieurs hypothèses sont émises. « L’influence du travail sur le flux sanguin des voies gastro-intestinales est connue. » Un travail modéré est bénéfique chez les équidés, car il favorise la vidange gastrique. Chez l’homme, une diminution du nombre de cancers du côlon est également démontrée chez les personnes qui bénéficient d’un entraînement sportif modéré.

En revanche, un exercice intense, voire épuisant, n’a pas le même impact. En effet, le cheval présente une muqueuse gastrique particulièrement sensible et les ulcères, d’origine multifactorielle (stress, alimentation, etc.), peuvent facilement survenir à ce niveau lors de perturbations. « En cas d’exercice intense, les conséquences bénéfiques n’existent plus vraiment, estime ainsi Matthias Pollmeier. La motilité gastrique est réduite et un problème d’évacuation gastrique, voire une hémorragie gastro-intestinale et de la diarrhée peuvent être observés. » « Un cheval qui effectue un travail léger présente donc moins de risque qu’un cheval en course », poursuit notre confrère.

Le nombre d’ulcères augmente fortement pendant la course de qualification

Une étude de Manohar et coll. (1995) montre que le flux sanguin de l’estomac est fortement réduit pendant le travail. Furr et son équipe (1994) mettent aussi en évidence une incidence sur les peptides intestinaux. Les niveaux de gastrine sont plus élevés chez les chevaux entraînés sur un tapis après le repas. « L’impact de ces changements n’est pas bien compris jusqu’à présent », souligne Matthias Pollmeier.

En 2002, une étude de Merrit souligne les conséquences du travail sur l’apparition d’ulcères de l’estomac et la diminution du flux sanguin dans l’intestin. Ainsi, un grand nombre d’ulcères de l’estomac est relevé chez les pur-sangs à l’entraînement. « Leur prévalence et leur incidence augmentent avec l’intensité de celui-ci. »

Des travaux de Roy et coll. (2005) indiquent que la prévalence des ulcères est corrélée à l’intensité de l’entraînement. Leur nombre augmente fortement pendant la course de qualification.

Pour sa part, l’équipe de Merritt s’est penchée sur la pression intra-abdominale, qui s’accroît pendant l’entraînement. L’étude a consisté à placer un sac en plastique dans l’estomac afin d’évaluer la pression gastrique. Au trot et au galop, cette dernière s’élève et le volume de l’estomac est presque nul. Le liquide gastrique est donc pressé vers la muqueuse. Cette observation peut-elle expliquer la corrélation entre ulcères et travail ? D’autres facteurs influencent-ils la pression intragastrique ? « Le transport est un élément supplémentaire à prendre en considération, remarque Matthias Pollmeier. Le confinement au box, des modifications dans l’alimentation, des changements dans la hiérarchie sociale peuvent aussi induire des lésions ’ulcères. »

Les ulcères gastriques sont rarement notés chez les chevaux au pré

Les chevaux au pré présentent rarement un ulcère de l’estomac. Bien entendu, leur régime alimentaire est différent de celui des animaux maintenus au box. Ils mangent presque tout le temps, ce qui induit, au niveau de l’estomac, un tampon avec la salive. En outre, lorsque du foin est laissé à disposition, l’acidité gastrique est réduite.

Le box et l’alimentation jouent donc un rôle essentiel dans l’apparition des ulcères. Un léger stress peut aussi les occasionner. « Les conditions de vie et le travail imposés par l’homme ont un effet négatif sur le tube digestif, conclut Matthias Pollmeier. La conséquence d’ores et déjà connue est l’apparition d’ulcères. En revanche, l’impact total du travail sur le tube digestif n’est pas encore élucidé. »

Quelles recommandations formuler alors ? « Foin et liberté », selon le conférencier, qui conseille, lors de la fourniture de concentrés, de le faire « à des heures précises, sans augmenter le nombre de repas, mais en donnant du foin à volonté ».