Comment vivez-vous votre activité rurale en tant que femme ? - La Semaine Vétérinaire n° 1211 du 28/01/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1211 du 28/01/2006

Entre nous

FORUM

Notre activité n’est pas que physique

Catherine Leducq, praticienne à Epehy (Oise).

Le fait d’être une femme ne me gêne pas dans la pratique rurale. Bien entendu, voir une praticienne “débarquer” pour la première fois dans l’élevage peut surprendre un exploitant qui ne va pas manquer de placer une allusion du type « ça va aller ? ». Mais notre activité n’est pas que physique. Par exemple, il m’est arrivé de sortir un veau coincé au niveau du bassin, que l’éleveur avait tenté d’extraire lui-même en attachant les licols au tracteur (les membres étaient fracturés).

Mon exercice professionnel demande énormément de disponibilité et la vie de famille peut en pâtir. Mon mari est éleveur et particulièrement compréhensif. Pour l’instant, ma fille étant âgée d’un an je n’ai pas de gros soucis. Par la suite, d’après l’expérience d’autres consœurs, les gardes poseront davantage de problèmes. Actuellement, les deux aides de longue durée que j’emploie sont des femmes, les candidatures de garçons pour la pratique rurale dans ma région se faisant rares. Le fait d’être moi-même une femme est rassurant pour mes employées, qui sont parfaitement acceptées par ma clientèle.

Les rapports avec la clientèle sont moins conflictuels

Marie-Sophie Grisneaux, praticienne à Bulgnéville et Martigny-les-Bains (Vosges).

Depuis ma sortie de l’école, je travaille dans deux clientèles rurales qui n’emploient que des filles depuis longtemps (mes employeurs les trouvent plus souples dans leurs relations avec les éleveurs). Au début, j’ai eu droit plusieurs fois à des questions du genre « vous avez déjà fait ça ? », mais je pense que cela tenait autant à ma jeunesse qu’au fait d’être une femme. D’une manière générale, j’ai peu entendu de remarques directes sur mes capacités en tant que femme.

En revanche, même neuf ans après mon arrivée, j’ai encore droit à des réflexions salaces et ironiques au moment des castrations. Physiquement, je suis assez grande et résistante. La plupart des actes ne me posent donc pas de problèmes. En règle générale, il est assez facile de trouver d’autres techniques pour détourner le besoin de force physique. Lors des vêlages, j’ai souvent l’impression qu’il manque 2 cm à mes doigts pour mettre la corde au bon endroit, mais ça finit généralement par se résoudre après quelques manœuvres.

J’ai l’impression que les clients attendent plus d’une femme que d’un homme, car nous devons conjuguer la technicité du vétérinaire à d’autres qualités traditionnellement attendue dans la gent féminine (politesse, discrétion, sourire, propreté, que ce soit dans les actes réalisés ou dans notre tenue, calme, etc.).

Les rapports sont moins conflictuels et généralement, une fois le respect acquis, il n’est pas remis en cause. Par ailleurs, je pense que les éleveurs sont plus prévenants avec nous qu’avec nos confrères masculins.

Le rythme de travail en pratique rurale est variable et plus imprévisible qu’en canine. Pour l’instant, je suis célibataire et sans enfants. Ainsi, les horaires élastiques me posent peu de problèmes. Mais je me demande si je serai toujours aussi motivée dans le futur.

La génération actuelle n’a pas d’a priori, même si nous sommes « attendues au tournant »

Martine Veyrat, praticienne à Marlhes (Loire).

Cela fait vingt-cinq ans que j’exerce en rurale. Etre une femme ne m’a pas empêché d’être bien acceptée. Si les éleveurs les plus anciens ont pu avoir quelques réticences, la génération actuelle n’a pas d’a priori (peut-être parce que leurs femmes travaillent à l’extérieur ou sont leurs associées). Au départ, nous nous sentons sans doute jugées plus durement que les hommes, nous sommes “attendues au tournant”. Mais si une femme réussit un acte réputé difficile, alors elle est adoptée à 120 %.

Je pense avoir des relations proches avec mes clients, mais cela tient sans doute plus à ma personnalité qu’au fait d’être une femme. Je suis perçue comme le vétérinaire plus que comme une femme, même si j’ai droit à quelques attentions supplémentaires. Il est vrai que c’est un travail dur. Après une journée (ou une nuit) difficile, la fatigue se fait sentir (mais les hommes sont-ils épargnés ?). J’ai parfois la sensation qu’il me manque un peu de force physique pure, mais une bonne technique permet de compenser ce problème.

J’ai quatre enfants et cela n’est pas toujours aisé, l’organisation doit être rigoureuse. J’avoue n’avoir pas toujours été sereine en les laissant à la maison lors d’urgences nocturnes.

Si l’une de mes filles souhaitait faire de la rurale (il y a peu de risques !), je ne lui conseillerais sans doute pas, car c’est un exercice assez lourd au quotidien. Cependant, une récente découverte de la pratique canine, intéressante au demeurant, m’a confirmé que ma véritable vocation est bien “la rurale”.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr