Les antibiorésistances vis-à-vis de Campylobacter s’observent aussi spontanément - La Semaine Vétérinaire n° 1209 du 14/01/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1209 du 14/01/2006

Résistance aux antibiotiques en élevage porcin

Formation continue

FILIÈRES

Auteur(s) : Patrick Pommier

Les taux d’antibiorésistance détectés dans les élevages sans antibiotiques varient de 4 à 56 % selon les molécules.

Les auteurs d’une étude américaine (1) ont comparé la nature et le niveau des antibiorésistances vis-à-vis de Campylobacter en élevage porcin, selon l’utilisation ou non d’antibiotiques. Ils concluent qu’elles augmentent à la suite de l’emploi d’antibiotiques, mais qu’elles apparaissent aussi spontanément.

Campylobacter est une cause majeure d’infection bactérienne d’origine alimentaire chez l’homme, en particulier Campylobacter jejuni, dont les volailles sont les principaux réservoirs. Toutefois, Campylobacter coli, essentiellement porté par le porc, est également pathogène.

S’il existe des données sur l’antibiorésistance vis-à-vis de C. coli, les études qui mettent en rapport la nature et la fréquence de ces résistances avec l’utilisation d’antibiotiques dans l’élevage sont peu nombreuses.

Des élevages avec supplémentation et traitement curatif, d’autres sans

Dans l’étude, conduite en Caroline du Nord de 2002 à 2004, deux types d’élevages porcins sont comparés. Dans le premier, des antibiotiques sont utilisés systématiquement par voies orale (supplémentation en oxytétracycline à la dose de 400 g/t et en tylosine à la dose de 40 t injectable (pénicilline et ceftiofur en curatif). Dans le second type d’élevages, aucun antibiotique n’est utilisé, ni comme facteur de croissance ni comme agent thérapeutique au sevrage. En outre, tout animal traité ultérieurement avec un anti-infectieux est immédiatement retiré du groupe.

Au total, vingt et un lots d’une trentaine d’animaux sont inclus dans l’étude et des échantillons de matières fécales sont prélevés sur une période de deux ans. Les souches de Campylobacter sont ensuite isolées par culture, puis identifiées par PCR (polymerase chain reaction).

Résistance à la tétracycline, à l’érythromycine et à la ciprofloxacine dans tous les élevages

L’antibiosensibilité des souches est testée (par la méthode de dilution sur gélose) vis-à-vis de six anti-infectieux : chloramphénicol, ciprofloxacine, érythromycine, gentamicine, acide nalidixique et tétracycline.

Sur les 1 634 souches de Campylobacter isolées, 1 472 sont identifiées. 99 % d’entre elles (1 459) sont des C. coli. Cette forte prédominance est en accord avec les résultats d’études antérieures. Une prévalence significativement plus élevée de C. coli est observée chez les porcs des élevages qui n’utilisent pas d’antibiotiques (77 % d’animaux porteurs au lieu de 28 %, entre six et huit semaines d’âge). Cette différence est notée en particulier chez les très jeunes animaux, puis à l’abattoir.

Les antibiotiques contre lesquels des résistances vis-à-vis de C. coli sont observées sont principalement la tétracycline et l’érythromycine (respectivement 66 % et 54 % du nombre des souches testées). Comme prévu, les taux de résistance sont plus élevés dans les élevages avec antibiotiques (83 % contre 56 % pour les élevages sans antibiotiques pour la tétracycline, 77 % contre 34 % pour l’érythromycine). Une résistance à la ciprofloxacine est détectée sur des souches de C. coli isolées de prélèvements provenant d’élevages avec antibiotiques, mais qui n’emploient aucune quinolone (2,8 % de résistance), mais aussi dans les élevages sans antibiotiques (0,6 % de résistance).

Des facteurs environnementaux interviendraient également

Cette étude confirme d’une part la forte prééminence de Campylobacter coli dans les élevages porcins, que ceux-ci utilisent ou non des antibiotiques. Les conséquences possibles de cette situation en termes de sécurité alimentaire sont cependant limitées par la forte sensibilité de Campylobacter au froid et à la sécheresse, c’est-à-dire aux conditions de conservation postabattage.

D’ailleurs, dans le cadre de ces travaux, une augmentation du taux de portage au stade de la postéviscération, suivie d’une diminution significative après l’étape de la réfrigération, est observée.

D’autre part, l’étude confirme que les résistances aux antibiotiques (en particulier à la tétracycline et à l’érythromycine) sont plus élevées dans les élevages qui utilisent des antibiotiques. Toutefois, des taux non négligeables de résistances sont enregistrés dans les élevages sans antibiotiques, ce qui incite à penser que, outre la classique “pression de sélection”, des facteurs environnementaux interviendraient dans le développement de ces résistances. Par ailleurs, et bien que des quinolones ne soient utilisées dans aucun des élevages étudiés, des souches résistantes à la ciprofloxacine sont détectées, à la fois dans les élevages avec et sans antibiotiques. Cette observation est préoccupante, car les quinolones, comme les macrolides (dont fait partie l’érythromycine), sont utilisés en médecine humaine, y compris pour le traitement des campylobactérioses. Par ailleurs, quelques souches de Campylobacter (1 à 4 %) présentent une résistance au chloramphénicol, alors que cet antibiotique n’est plus employé depuis vingt ans aux Etats-Unis.

Enfin, l’étude laisse aussi à penser que l’interdiction de l’utilisation de certains traitements antibiotiques en élevage, si elle est susceptible d’améliorer la situation, n’est pas une solution miracle pour venir à bout des antibiorésistances.

  • (1) S. Thakur, W.A. Gebreyes : « Prevalence and antimicrobial resistance of Campylobacter in antimicrobial-free and conventional pig production systems », 2005, Journal of food protection, vol. 68,

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