Etes-vous plutôt optimiste ou pessimiste pour l’année 2006 ? - La Semaine Vétérinaire n° 1208 du 07/01/2006
La Semaine Vétérinaire n° 1208 du 07/01/2006

Entre nous

FORUM

Des projets, une bonne ambiance : l’avenir est rose !

Alexandre Louis, praticien canin à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique)

Je suis optimiste. Plutôt jeune, installé depuis un peu plus de quatre ans, j’ai encore beaucoup à entreprendre. Je prépare un Certificat d’enseignement spécialisé d’orthopédie, l’ambiance de travail est bonne et les projets de transformation, d’agrandissement et de développement de nouvelles techniques me font envisager l’avenir sereinement.

Cependant, notre cadre de travail m’inquiète un peu. La clientèle est de plus en plus exigeante. Selon mon associé, la relation de confiance avec les propriétaires existe de moins en moins. Par ailleurs, les contraintes administratives augmentent et les prélèvements et autres impôts pèsent toujours davantage sur nos revenus.

La seule activité rurale ne suffit pas pour vivre

Daniel Laurent, praticien mixte à L’Arbresle (Rhône-Alpes).

Nous avons toutes les raisons d’être optimistes pour l’activité canine. Les praticiens proposent un rapport qualité/prix correct aux propriétaires et, sauf aléa politique ou social, ils ne sont pas en péril.

En revanche, l’activité rurale ne connaît pas un optimisme délirant. J’ai justement envoyé un questionnaire aux confrères mixtes de la région Rhône-Alpes, où je suis conseiller de l’Ordre. Sur les trente-deux réponses déjà reçues, trente indiquent que la seule activité rurale n’est pas suffisante pour vivre. Il est nécessaire d’y ajouter l’exercice canin, la vente des médicaments, ou l’activité du conjoint. Un certain pessimisme est répandu chez les éleveurs et les confrères, qui souhaitent remplir un autre rôle que celui de “vétérinaire pompier”. L’idée de réaliser des audits dans les élevages, insufflée par la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), est certainement la voie à tracer au futur praticien rural. Le problème qui demeure est de trouver le mode de rémunération.

Par ailleurs, en région Rhône-Alpes, le nombre moyen de vaches par exploitation est faible. L’activité rurale est bien souvent une échappatoire, un plaisir, et même pour certains une “danseuse” plus qu’un moyen de subsistance. C’est un peu différent dans notre structure, puisque nous sommes salariés de l’école vétérinaire de Lyon.

Une inquiétude persiste au niveau des soins : le praticien arrive souvent un peu tardivement. Il « n’intervient plus qu’en seconde intention la plupart du temps, après l’échec des soins délivrés par l’éleveur », indique le rapport François Durand.

Le plaisir de l’activité rurale doit malgré tout rester intact. Chaque acte relève d’une activité intellectuelle utile et rentable pour l’exploitation. La profession se mobilise pour lui assurer un avenir.

L’année de la solidarité et de la concertation

Sandrine Graille, praticienne salariée à Villers-le-Lac (Doubs).

L’association Vétos-Entraide a été récompensée en 2005. Cela dénote un mal-être dans la profession. Pourtant, j’ai plutôt envie d’être optimiste en considérant que 2006 sera l’année de la solidarité entre les vétérinaires, de l’écoute et de la concertation. Et, malgré quelques aspects qui pourraient me rendre pessimiste, je garde entiers ma motivation et mon enthousiasme ! Côté formation, les praticiens sont de moins en moins seuls grâce à des forums(1), à la formation en ligne ou aux newsletters des Directions des services vétérinaires (DSV).

La formation sur l’influenza aviaire ainsi que la validation des acquis de l’expérience devraient satisfaire toutes les motivations en 2006.

Côté progression en diagnostic, l’optimisme est également au rendez-vous avec un nouveau test pour l’ehrlichiose granulocytaire canine, de nouvelles perspectives vis-à-vis de Coxiella burnetii et l’avènement de la PCR (polymerase chain reaction) en routine pour les praticiens. L’émergence des médecines non conventionnelles, l’évolution probable des protocoles vaccinaux, l’arrivée des génériques (et notamment des sutures), la mise en place du bilan sanitaire d’élevage, l’extension du système HACCP (hazard analysis critical control point) aux bovins et la dynamique sur la démarche qualité sont autant de bonnes nouvelles. Début 2005, les vétérinaires comptaient 77 % d’optimistes contre 58 % dans la population française. Le mois dernier, 70 % des praticiens interrogés associaient leur exercice à des notions positives. Voilà de quoi garder le moral.

Cependant, personnellement, les difficultés inhérentes à la politique agricole commune m’ont poussée à quitter mon Auvergne chérie pour chercher des exploitations de taille plus raisonnable et ne pas perdre la pratique de la médecine individuelle bovine.

Le salariat est l’un des aspects qui me rendent pessimiste.

Ce statut se développe quantitativement. La rémunération des astreintes, vingt heures de formation pour le salarié et une convention collective sont évoquées. Certes. Mais je regrette d’avoir vu mon salaire diminuer de 17 % en sept ans, à temps de travail équivalent et à compétence croissante. Je souhaite que la convention collective ou le statut de collaborateur libéral aboutissent. Un autre point négatif réside dans le quasi-silence autour de l’aide que pourraient apporter les vétérinaires aux plus démunis.

J’aimerais que 2006 soit aussi l’année de la solidarité entre propriétaires d’animaux et praticiens dans une société où la fracture sociale est de plus en plus indéniable.

Mes vœux les meilleurs à toute la profession !

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