380 000 Européens ont contracté une zoonose en 2004

Il ne s’agit pas des affections les plus médiatiques. Pourtant, 192 703 cas de salmonellose et 183 961 de campylobactériose ont été répertoriés respectivement dans vingt-quatre et vingt et un pays de l’Union européenne en 2004, ce qui représente une incidence de 42,2 et de 47,6 pour 100 000 habitants⁽¹⁾. Il s’agit des maladies les plus fréquemment enregistrées, loin devant la listériose (1 267 cas), les infections à Escherichia coli producteur de vérotoxine (ECVT, 4 143 cas), la brucellose (1 337 cas) ou la yersiniose qui a touché 10 381 Européens. En tout, le rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) dresse le bilan de onze zoonoses et agents zoonotiques (voir encadré). L’agence relativise ces chiffres en précisant que les systèmes de surveillance de ces affections divergent au sein de l’Union.

C. jejuni est le plus souvent en cause dans les cas de campylobactériose humaine

L’incidence des cas de campylobactériose a augmenté de 32 % par rapport à 2003. Dans les quinze Etats qui ont longtemps formé l’Union, la tendance est à la hausse, excepté pour l’Espagne et la Suède. Dans les dix pays récemment entrés, l’incidence varie de 0,1 à 89,9 cas pour 100 0000 habitants. En République tchèque, qui a nouvellement initié une surveillance de la maladie, elle s’élève à 249,6/100 000. Seuls treize pays européens ont fourni des informations sur l’espèce de Campylobacter en cause. Les résultats montrent que C. jejuni est le plus souvent identifié, loin devant C. coli.

« Première cause des infections gastro-entériques bactériennes d’origine alimentaire en Europe et aux Etats-Unis, l’infection à Campylobacter est une zoonose commune, un problème de santé mal connu et non maîtrisé », ont déjà souligné des scientifiques lors d’une séance de l’Académie vétérinaire, le 26 mai dernier⁽²⁾. Par ailleurs, cette infection est certainement largement sous-estimée, puisqu’elle n’entraîne pas de consultation systématique chez le médecin. Si elle a lieu, le praticien ne demande pas systématiquement la réalisation d’une coproculture. Lorsque cette dernière est effectuée, un tiers seulement des laboratoires recherchent automatiquement la bactérie. En France, comme dans d’autres pays d’Europe, les campylobactérioses ne sont pas des maladies à déclaration obligatoire.

Une résistance de Salmonella, Campylobacter et E. coli aux fluoroquinolones émerge

L’incidence des cas de salmonellose humaine a également progressé. Mais elle est due à l’entrée des dix nouveaux pays dans l’Union. Dans les quinze autres, une diminution est observée depuis plusieurs années. La baisse des cas de salmonellose humaine est certainement liée à la mise en œuvre de programmes de surveillance de la maladie, avance l’EFSA. Le quart des cas concerne des enfants jusqu’à quatre ans. Un pic est observé durant l’été et l’automne. 86 % des isolats obtenus à partir de prélèvements humains ont été sérotypés. Salmonella Enteritidis et Salmonella Typhymurium sont en cause dans respectivement 76 % et 14 % des cas rapportés en 2004.

Le rapport de l’EFSA compile également les données de résistance des germes aux antibiotiques. Les prélèvements analysés sont humains, animaux ou alimentaires (d’origine animale). Des résistances de Salmonella, Campylobacter et E. coli sont notées vis-à-vis de l’ampicilline, de la streptomycine, des tétracyclines et des sulfamides. L’agence européenne souligne aussi l’émergence d’une résistance de ces germes aux fluoroquinolones, « qui pourrait compromettre l’efficacité des traitements »

• (1) http://www.efsa.eu.int/science/monitoring_zoonoses/reports/1277_en.html

• (2) La Semaine Vétérinaire n° 1188 du 25/6/2005 en pages 41 et 42.