H5N1 : des chiffres et des lettres qui se déclinent en centaines de millions d’euros - La Semaine Vétérinaire n° 1207 du 24/12/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1207 du 24/12/2005

Grippe aviaire. La revue Capital envisage trois scénarios économiques

Actualité

Auteur(s) : Nathalie Devos

Prévention seule ou arrivée de la maladie sur le territoire, la facture de la grippe aviaire sera « salée ».

Fausse alerte, réelle contamination des élevages de volailles français par le virus H5N1 ou, pire, déclenchement d’une pandémie humaine de grippe d’origine aviaire : ces trois scénarios font l’objet d’une analyse économique dans le magazine Capital(1).

Dans le premier scénario envisagé, le virus H5N1 de la grippe aviaire n’atteint pas l’Europe et ne touche donc pas la France. Cette hypothèse, la plus optimiste, engendre néanmoins un coût non négligeable, notamment pour la filière avicole. La consommation de volailles, en baisse depuis début octobre dernier, est inférieure de 20 % à son niveau habituel. « La forte diminution des ventes nous oblige à congeler d’énormes quantités de poulet, à ne pas renouveler les contrats d’intérim et à envisager des mesures de chômage technique », explique-t-on chez Doux, premier producteur français. De son côté, Alain Mélot, président de la Fédération des industries avicoles, estime que le secteur des volailles aura perdu 5 % de son chiffre d’affaires annuel (soit 300 millions d’euros) si, comme il l’espère, la consommation se rétablit après les fêtes.

Selon ce même scénario, le plan antipandémie humaine coûtera plus d’un milliard d’euros à la Sécurité sociale. 600 millions ont déjà été programmés pour l’achat de 14 millions de traitements antiviraux Tamiflu®, 50 millions de masques destinés aux hôpitaux, 2 millions de vaccins contre le H5N1, des thermomètres auriculaires ou encore des caméras thermiques (actuellement en phase de test avant d’en équiper les aéroports). Cet arsenal, disponible en début d’année prochaine, sera pourtant insuffisant pour protéger l’ensemble de la population. L’Etat vient ainsi d’annoncer des commandes supplémentaires, qui doubleront l’addition lors de leur livraison, en 2007. En outre, les services publics et les entreprises devront mettre au point leurs propres plans pour pouvoir poursuivre leur activité en cas de pandémie. Cela coûtera des milliards d’euros, même si l’alerte est donnée pour rien.

De 40 000 à 50 000 emplois menacés dans le secteur avicole en cas de foyer animal

Le virus H5N1 frappe les volailles françaises via les oiseaux migrateurs : tel est le deuxième scénario envisagé par Capital. « Cela aurait des conséquences catastrophiques pour notre filière avicole, explique Philippe Vannier, de l’Afssa de Ploufragan, interrogé par le mensuel. Le poulet français ne pourra plus s’exporter. L’activité plongera de plus d’un tiers. Le secteur avicole français, le premier d’Europe avec une production annuelle de 2 millions de tonnes, perdra au moins 350 millions de chiffre d’affaires mensuel. » La plupart des 15 000 éleveurs mettront la clé sous la porte. Les groupes Doux, LDC, Gastronome, Arrivé et Duc, qui traitent 60 % des volailles tricolores, seront menacés de faillite et près de 30 000 salariés du secteur seront mis au chômage technique.

Quant aux céréaliers, dont 20 % de la production sert à nourrir les volailles, leur revenu sera aussi affecté, souligne le magazine. Par ailleurs, les experts estiment à 60 % la baisse de consommation de volailles dans l’Hexagone, comme en Croatie après la découverte du virus sur le territoire.

Une pandémie pourrait entraîner une récession mondiale semblable à celle des années 30

Troisième scénario envisagé par Capital : une pandémie humaine de grippe d’origine aviaire se déclare. Faute de connaître la virulence et la contagiosité du potentiel “nouveau” virus, l’évaluation les dégâts est difficile à réaliser. Toutefois, l’Institut de veille sanitaire (InVS) estime que la France enregistrera alors plus de 210 000 morts (1,5 million d’après l’ONU).

Selon la Banque mondiale, le coût d’une pandémie s’élèvera à 2 % du produit national brut (PNB) planétaire (pour les grands pays d’Asie, l’addition représentera 9 % du PNB). En se fondant sur l’épisode du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras), qui n’a fait (que) 800 victimes avec un coût évalué à près de 40 milliards d’euros, le scénario le plus noir est le plus probable. Selon Capital, la crise sera alors comparable à celle de la grande dépression survenue dans les années 30. En cas de pandémie déclarée, les pays boucleront leurs frontières, les lieux publics seront désertés. Il est difficile de savoir si les services publics et les entreprises continueront de fonctionner. En effet, aucun pays n’est réellement préparé à une telle éventualité. A l’heure actuelle, seules les structures qui gèrent des activités vitales pour la Nation élaborent des plans d’action.

  • (1) Capital, n° 171, décembre 2005.

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