Avez-vous changé votre comportement alimentaire à la suite des différentes crises ? - La Semaine Vétérinaire n° 1207 du 24/12/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1207 du 24/12/2005

Entre nous

FORUM

Non à la surenchère médiatique des crises

Carine Pinhas, praticienne canine à Houilles (Yvelines).

Je n’ai pas changé mon alimentation à la suite des différentes crises. D’une part, je mange rarement de la viande, faute d’envie et surtout en réaction aux conditions d’élevage intensif. D’autre part, même si ces “crises” permettent de tirer le signal d’alarme et d’exercer une certaine pression sur le politique (retrait de la farine de viande par exemple), elles sont souvent à l’origine d’une surenchère médiatique qui crée un vent de panique ponctuel sans changer fondamentalement le dysfonctionnement de notre agriculture. La “crise” de la grippe aviaire a vite été supplantée par celle des banlieues.

Pas d’application du principe de précaution à tout prix

Alain Petitprez, praticien canin à Mougins (Alpes-Maritimes).

Nous sommes particulièrement sensibilisés aux problèmes de sécurité alimentaire. Mais je n’ai globalement pas modifié mon comportement. Ma façon de m’alimenter ne me stresse pas. J’ai plutôt confiance dans les instances françaises, et même européennes, en charge de notre sécurité alimentaire. Par exemple, les organismes génétiquement modifiés (OGM) ne me posent aucun problème métaphysique.

J’ai un peu changé au moment de la “vache folle”, mais les raisons n’étaient pas uniquement liées à cette crise. J’ai diminué ma consommation de viande rouge et, désormais, je vérifie davantage l’origine de la viande que je consomme. Cette crise a été un argument développé devant mes enfants pour éviter de les emmener au MacDonald’s. Elle a confirmé ma profonde affection pour le monde rural, qui me conduit à acheter plutôt du bœuf français et des produits issus du commerce équitable.

Concernant la dernière crise en date, celle de la grippe aviaire, j’ai entendu la radio annoncer de nouveau le décès d’un Indonésien. Les médias non spécialisés entretiennent la psychose ; il m’apparaît dangereux de leur confier ces informations scientifiques. Pour ma part, j’encourage mes amis à manger du poulet. Il n’y a pas de grippe aviaire en France !

Il est faux de dire que l’alimentation est de moins en moins bonne. Au contraire, elle est de plus en plus sûre. L’espérance de vie augmente, et c’est en partie grâce à la qualité de notre nourriture. Peut-être toutes ces crises ont-elles contribué à son amélioration. Cependant, le principe de précaution ne doit pas être servi à toutes les sauces. En ce qui me concerne, la seule crise qui m’a fait vraiment changer, c’est celle de la quarantaine. Je fais davantage attention à ce que je mange.

Eviter l’amalgame entre risques et accidents

Patrick Pommier, directeur du Centre technique des productions animales à Ploufragan (Côtes-d’Armor).

J’ai modifié mon comportement au début de la crise de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB). A la maison, nous ne mangions plus de viande de bœuf, en particulier les produits transformés qui en contenaient. Cette précaution a été prise en raison de l’incertitude qui régnait et parce que j’avais à ce moment-là des enfants en bas âge. Quelques morts ont été dénombrés en France et en Grande-Bretagne. Il était question de l’ESB chez les bovins, puis du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob chez les hommes et de l’idée d’une forte probabilité de sa transmission de la vache à l’homme.

Les premières études n’étaient pas claires, les prospections plutôt alarmistes : certaines modélisations dans les revues scientifiques parlaient de dizaines de milliers de morts ! Et des bovins ont continué à être contaminés malgré l’interdiction des farines. Aujourd’hui, je n’hésite plus à manger de la viande rouge.

Pour le reste, je n’ai pas changé. Une crise de listériose, par exemple, est beaucoup plus “claire” et facile à comprendre. Lors d’une de ces toxi-infections, nous veillons à ne pas consommer les produits de la marque incriminée pendant un temps. Mais cela ne nous empêche pas de manger des rillettes ou du camembert dans l’absolu ! De la même manière, l’épisode de la dioxine en Belgique, purement frauduleux, ne m’a pas du tout ému.

Il est nécessaire d’éviter l’amalgame fait par les consommateurs et les médias entre les risques pour la santé publique et les accidents ou les fraudes intermittentes, comme les listérioses ou les œufs pourris saisis dernièrement en Italie. Il s’agit aussi de risques, mais ponctuels en raison de leur localisation géographique et de leur durée.

Les accidents existent, mais sont de moins en moins nombreux, alors que leur médiatisation crée l’impression contraire. C’est paradoxal : la “super” surveillance de l’hygiène alimentaire donne le sentiment que les problèmes sont plus fréquents aujourd’hui. Le “bon vieux temps”, la qualité d’antan, je n’y crois pas d’un point de vue sanitaire. Les aliments sont, de ce point de vue, bien meilleurs qu’il y a vingt ou cinquante ans. Le botulisme ne tue quasiment plus. C’est une évidence, sauf pour les médias. La radio, la télévision, les journaux inspirent l’idée que nous sommes en danger dès que nous mangeons. Il y a effectivement des morts, mais des mesures permettent de les limiter au maximum.

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