Quel est l’impact des contraintes économiques sur les pratiques médicales ? - La Semaine Vétérinaire n° 1206 du 17/12/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1206 du 17/12/2005

Entre nous

FORUM

Le consentement éclairé du client est nécessaire

Michel Moisset, praticien mixte à Saint-Flour (Cantal).

Il convient avant tout de savoir ce qu’est une bonne pratique médicale. S’agit-il d’appliquer tout ce que nous savons, sans tenir compte des contraintes économiques, ou d’agir selon les possibilités pécuniaires du propriétaire ? A cet égard, l’impact et l’esprit sont nettement différents entre la médecine canine et la médecine rurale.

Chez les animaux de compagnie (y compris les chevaux et quelques vaches “de compagnie”), il est possible d’envisager des solutions thérapeutiques pour la survie et le bien-être de l’animal. L’important est de respecter les contraintes économiques du propriétaire et l’affection qu’il porte à son compagnon.

Dans notre clinique, nous raisonnons en tenant compte de notre activité principale, la médecine rurale. Chez les animaux de rente, le praticien n’a d’intérêt que si son intervention est “rémunérée” par l’animal. Il faut donc que les contraintes soient acceptables à la fois par le vétérinaire (c’est quand même son métier) et par l’éleveur. Par exemple, est-ce que tenter l’opération de la dernière chance chez une vache est une pratique médicale bonne et rentable ? C’est une question qui se pose chaque jour. Dans tous les cas, le conseil du praticien est nécessaire pour obtenir un consentement éclairé du propriétaire.

Bien entendu, certains actes sont plus ou moins rentables. Mais nous ne sommes pas mus par le seul profit. Il convient de globaliser les actes effectués. Ainsi, au niveau de notre clientèle, nous avons mis en place dans les élevages des suivis de mammites, à la fois cliniques et bactériologiques. Ils permettent d’envisager le traitement le plus adapté et donc le plus efficace possible. Au début, cette démarche n’était pas rentable. La satisfaction des éleveurs a permis, au fil du temps, de rémunérer ce type d’actes.

C’est au client de choisir ce qui est cher ou pas

Emmanuelle de La Noue, praticienne canine à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine).

Les bonnes pratiques médicales consistent à pouvoir établir un bon diagnostic, prescrire un bon traitement et être en mesure d’offrir des services réguliers. Les contraintes économiques ont forcément une influence. Dans l’idéal, si elles étaient moins nombreuses, il serait plus facile de proposer au client ce dont il rêve.

A tort, nous hésitons parfois à suggérer des traitements lourds, en raison du contexte économique. Ce n’est pas à nous de choisir ce qui est trop cher ou pas, mais au client. Cela dit, mon approche peut être différente lorsque je sais qu’un propriétaire rencontre des difficultés financières. D’autant que ce n’est pas celui qui a le plus d’argent qui dépense le plus. Malgré tout, les clients peuvent aussi freiner eux-mêmes nos propositions de soins.

Un problème d’éducation et d’ouverture d’esprit

Bruce Peacock, praticien canin à Paris.

Les contraintes économiques ne devraient pas exister. Notre pratique médicale implique une obligation de moyens, dictée par le Code de déontologie. Ces moyens sont forcément payants. Seules les contraintes du client peuvent alors jouer. Il doit être informé de l’intérêt d’un acte, de ce qu’il convient de faire et de combien cela lui coûtera (avec un devis au préalable). C’est lui qui choisit. Il est responsable et en mesure de décider s’il peut ou non assumer les dépenses pour son animal. Il ne s’agit pas non plus d’être psychorigide ; il faut savoir composer.

Mais d’abord, que sont les bonnes pratiques médicales ? A mon avis, cela consiste à prendre le moins de risques possible et à s’entourer des moyens maximaux. Il s’agit d’exercer avec honnêteté et d’appliquer un prix juste, ni excessif, ni dévalorisant pour notre profession et nos actes. Le tarif fait partie des pratiques médicales. La sous-tarification n’est pas une solution.

Dans ma clinique par exemple, je réalise systématiquement un bilan préopératoire complet avant toute anesthésie ou intervention chirurgicale. Je facture une centaine d’euros la numération formule, l’analyse biochimique et la prise de sang.

Il m’arrive parfois de ne pas réaliser une opération, à la suite d’un mauvais bilan préopératoire. Il ne faut pas toujours faire ce qui induit la meilleure rémunération immédiate. Il est nécessaire de réfléchir davantage sur le long terme. Surtout, il convient de toujours proposer au client ce qui est possible. C’est de cette façon que nous pouvons le fidéliser. Chaque acte a une qualité, et donc un prix. C’est un problème d’éducation et d’ouverture d’esprit.

Il est vrai qu’il n’est pas facile de présenter aux propriétaires toutes les possibilités offertes, avec gentillesse et sans être mercantile. Nous ne sommes ni épiciers ni marchands de tapis. Un vétérinaire est un médecin clinicien, commercial, prestataire de services et chef d’entreprise. Il n’est pas mercantile, mais bien commercial.

Etre clinicien, c’est respecter la vie, prendre les dispositions nécessaires pour cela et tirer les choses vers le haut. Cela ne signifie pas que tout doit être fait systématiquement. Les examens complémentaires ne sont pas toujours nécessaires. C’est l’examen clinique qui est prioritaire. Les pratiques médicales impliquent donc une question de compétences.

Idéalement, les contraintes économiques n’ont pas d’impact sur la bonne pratique. Cependant, elles pèsent par des charges importantes auxquelles le praticien est soumis. Je trouve inacceptable qu’un taux de TVA de 19,6 % soit appliqué sur nos actes, et que l’Ordre et le syndicat ne s’occupent pas de ce dossier. Sans ce taux, nous respirerions.

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