« L’OMC ne freine pas les décisions nationales de politique sanitaire »

La Semaine Vétérinaire : Quelles seront les conséquences de la réforme de la politique agricole commune (PAC) pour les vétérinaires ? Modifiera-t-elle son rôle au sein des exploitations, notamment en matière de conseil ?

Joseph Daul : L’objectif premier de la réforme, décidée à Luxembourg en juin 2003, est de répondre aux préoccupations de nos concitoyens concernant l’aménagement du territoire, mais aussi la protection de l’environnement, le bien-être animal et la sécurité alimentaire. Dans ce cadre, les ministres de l’Agriculture de l’Union européenne ont décidé que le versement des aides serait conditionné au respect des législations communautaires et nationales en matière d’identification et de bien-être des animaux ainsi que de protection de l’environnement. La sanction en cas de non-respect est sans appel : la suppression pure et simple des subventions pour le producteur non respectueux des règles imposées.

Dans ce contexte, la fonction du vétérinaire, notamment son rôle de conseil auprès du producteur, se trouve renforcée. L’éleveur doit pouvoir trouver auprès du praticien l’appui technique nécessaire pour répondre aux nouvelles exigences de la PAC.

S. V. : L’Organisation mondiale du commerce (OMC) n’est-elle pas un frein aux décisions européennes relatives à l’élevage et à la politique sanitaire ?

J. D. : Evoquer les négociations commerciales dans le cadre de l’OMC fait immanquablement penser à une libéralisation accrue des échanges. L’augmentation des importations qu’elle engendre rend indispensable le renforcement du contrôle des produits importés, pour éviter tout risque sanitaire ou phytosanitaire et assurer la sécurité de nos concitoyens.

Afin de permettre aux pays de se protéger, tout en veillant à ce que les mesures prises ne fassent pas obstacle au commerce, nous avons négocié un accord sanitaire et phytosanitaire, dans le cadre du cycle d’Uruguay, pour répondre à cette double préoccupation. Rappelons que cet accord met l’accent sur les normes internationalement reconnues de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), ainsi que sur le principe de l’équivalence.

Les services vétérinaires jouent en outre un rôle prépondérant dans le cadre des contrôles qu’ils effectuent tout au long de la chaîne de production. Ils contribuent à garantir la qualité indispensable à l’exportation vers de nouveaux marchés, toujours plus exigeants.

Si l’objectif de l’OMC est bien une libéralisation des échanges, elle ne constitue pas un frein dans les décisions de politique sanitaire : chaque pays peut mettre en place les règles de contrôle qui assurent la sécurité de ses citoyens.