Les leishmanies sont à rechercher dans les pyogranulomes dits “stériles” - La Semaine Vétérinaire n° 1204 du 03/12/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1204 du 03/12/2005

Techniques diagnostiques

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Christine Rivierre*, Emmanuel Bensignor**

La PCR ou l’immunohistochimie doivent être proposées, notamment en zone endémique de la maladie.

La leishmaniose, maladie parasitaire systémique, est due au protozoaire Leishmania infantum. Sa répartition géographique est dictée par la présence ou non de l’insecte vecteur, le phlébotome femelle. En Europe, elle est présente dans le bassin méditerranéen et la péninsule ibérique.

L’affection peut prendre de multiples formes d’expression, notamment cutanées. Ces dernières incluent classiquement les dermatites exfoliative (voir photo), nodulaire, ulcérative et pustuleuse. Le diagnostic de suspicion passe par l’observation de signes cliniques compatibles chez un animal vivant ou ayant séjourné dans une zone à risque, la modification de certains paramètres biologiques (hyperprotidémie avec hyperglobulinémie, thrombocytopénie, anémie non régénérative, élévation de l’urémie et de la créatininémie, etc.) et une analyse sérologique positive. En revanche, le diagnostic de certitude nécessite l’observation directe des leishmanies sur des coupes cytologiques ou histologiques, ou la réalisation d’une PCR (polymerase chain reaction) sur la peau lorsque ces tests ne mettent pas de parasites en évidence.

Le syndrome granulome/pyogranulome “stérile” se caractérise cliniquement par la présence de nodules multiples, et histotologiquement par une réaction pyogranulomateuse dermique nodulaire à diffuse. Il est qualifié de “stérile” ou “d’idiopathique” lorsque les causes habituellement responsables de ce mode de réaction ont été éliminées, c’est-à-dire lors d’absence de détection d’agents pathogènes par des techniques appropriées : colorations spéciales (PAS, Ziehl-Nielsen et Gram), cultures bactériennes et fongiques négatives, recherche de corps étranger (lumière polarisée), etc. Bien entendu, cette étape est fondamentale, car le traitement du pyogranulome stérile fait appel à des corticoïdes ou à d’autres molécules immunosuppressives, utiles pour lutter contre un processus inflammatoire, mais contre-indiquées quand l’inflammation est d’origine infectieuse.

Parmi les agents responsables de ce type de lésions figurent les leishmanies et les mycobactéries. Dans les deux cas, les organismes ne sont pas toujours visualisés sur les coupes histologiques, même après l’utilisation de colorations spéciales.

Des leishmanies sont présentes dans la moitié des pyogranulomes dits “stériles”

Une étude hispano-italienne(1) s’est intéressée à la recherche de Leishmania spp. et de Mycobacterium spp. par PCR sur des coupes histologiques de pyogranulomes préalablement qualifiés de stériles. 46 biopsies cutanées issues de 46 chiens sont analysées. Le diagnostic de pyogranulome stérile est posé pour chacune d’elles après la lecture des coupes et l’emploi de techniques spéciales visant à mettre en évidence un agent pathogène causal (coloration Gram, Ziehl-Nielsen, PAS, lumière polarisée). L’immunohistochimie est utilisée sur ces coupes paraffinées pour détecter la présence de leishmanies, et une PCR est mise en œuvre pour la recherche de leishmanies et de mycobactéries.

Un infiltrat inflammatoire périannexiel (principalement autour des poils) est identifié sur 23 des biopsies (granulomateux dans 15 cas, pyogranulomateux dans 8). Un infiltrat inflammatoire dermique nodulaire à diffus est présent sur les 23 autres biopsies (granulomateux dans 17 cas, pyogranulomateux dans 6).

L’immunohistochimie se révèle positive pour Leishmania spp. dans 21 cas sur 46. La PCR réalisée pour la recherche de Leishmania spp. donne les mêmes résultats (13 réactions pyogranulomateuses positives, 8 réactions granulomateuses positives). La recherche de Mycobacterium spp. est négative dans tous les cas.

Cette étude prouve que les leishmanies sont présentes dans presque la moitié des cas lors des syndromes pyogranulomateux “stériles”, ce terme étant alors inadéquat. Si l’agent causal – notamment les leishmanies – est présent en faible quantité dans les coupes, il ne sera pas visualisé. Pour être complet, l’utilisation de techniques comme la PCR ou l’immunohistochimie doit être proposée, notamment en zone endémique de la maladie.

L’adénite sébacée peut s’associer à des leishmanies

Une autre étude(2) rétrospective, non encore publiée, a été présentée au congrès annuel européen de dermatologie de Chalkidiki (Grèce), en septembre dernier. Elle est réalisée sur des coupes histologiques issues de chiens espagnols atteints d’adénite sébacée. 35 biopsies cutanées d’adénite sébacée granulomateuse ou pyogranulomateuse sont de nouveau examinées pour rechercher la présence de leishmanies par immunohistochimie.

Chez 17 chiens, l’histologie révèle des degrés variés d’inflammation pyogranulomateuse des glandes sébacées et l’immunohistochimie ne permet pas la détection de leishmanies sur les coupes. En revanche, pour 18 chiens, l’histologie met en évidence des infiltrats nodulaire dermiques et/ou panniculaires granulomateux ou pyogranulomateux en plus de l’adénite sébacée. Au sein de ces infiltrats, des leishmanies sont mises en évidence via l’immunohistochimie dans 15 cas.

Il est donc important de ne pas abuser du mot “stérile” ou idiopathique, et d’être prudent. L’utilisation de techniques aujourd’hui faciles d’accès, comme la PCR, semble déterminante chez des animaux qui vivent dans des zones à risque.

Cette découverte soulève toutefois encore une interrogation : les leishmanies sont-elles responsables de la réaction granulomateuse ou sont-elles acheminées passivement par les macrophages au cours d’un processus inflammatoire totalement indépendant ?

  • (1) L. Cornegliani et coll. : « PCR technique detection of Leishmania spp. but not Mycobacterium spp. in canine cutaneous “sterile” pyogranuloma/granuloma syndrome », Vet. Dermatol., 2005, n° 16, pp. 233-238.

  • (2) M. Bargadi et coll. : « Immunohistochemical detection of Leishmania infantum in canine sebaceous adenitis », Vet. dermatol., 2005, ESVD and ECVD selected abstract, n° 16, pp. 354-355.

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