L’examen clinique du cheval atteint d’une affection respiratoire est méthodique - La Semaine Vétérinaire n° 1203 du 26/11/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1203 du 26/11/2005

Pathologie respiratoire

Formation Continue

ÉQUIDÉS

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

Les voies respiratoires supérieures ou profondes peuvent être touchées, par une maladie infectieuse ou non.

Les affections des voies respiratoires sont la deuxième cause d’interruption momentanée ou définitive de la carrière de course d’un cheval. Elles sont de deux ordres, infectieuses (grippe, rhinopneumonie, gourme, etc.) ou non infectieuses, affectant les voies respiratoires supérieures ou profondes.

Classiquement, la consultation débute par le recueil des commémoratifs et de l’anamnèse : âge du cheval, conditions de logement, coexistence d’autres symptômes, nature et durée des signes respiratoires, relation avec le travail et l’hébergement. Lors de la phase d’inspection, il convient de rechercher la présence de jetage au niveau des naseaux (unilatéral ou bilatéral, séreux, mucopurulent, etc.) et de déformation éventuelle de la tête (sinus).

La fréquence respiratoire chez un cheval sain est de dix à vingt cycles par minute. La polypnée peut avoir des causes extrarespiratoires (fièvre, douleur, stress, etc.). L’observation des mouvements respiratoires permet de vérifier que l’amplitude (courbe respiratoire au niveau abdominal et dilatation des naseaux) et le rythme (voir schéma) sont normaux. Lors de la palpation, la présence de ganglions mandibulaires et rétropharyngés (non palpables normalement) est recherchée. En outre, la main placée devant les naseaux permet de sentir si les colonnes d’air sont symétriques. Le larynx (palpation des muscles cricoaryténoïdiens) doit aussi être symétrique, le slap test étant un bon moyen de vérifier l’absence de paralysie à ce niveau. La percussion des sinus peut mettre en évidence une matité anormale (sinusite). L’auscultation pulmonaire est facilitée par l’utilisation d’un sac disposé autour de la bouche et des naseaux du cheval, pour augmenter les bruits respiratoires, difficilement audibles chez un animal sain. Les bruits inspiratoires sont normalement plus audibles que les bruits expiratoires. Les zones de bruits diminués ou silencieuses (obstruction pulmonaire, effusion thoracique, etc.), les crépitations (ou râles révélateurs de sécrétions) et les sifflements (passage de l’air dans un conduit rétréci) sont à identifier.

Le recours aux différents examens complémentaires est riche d’enseignements

L’endoscopie permet l’examen des méats naseaux, du nasopharynx et de l’entrée des poches gutturales, mais aussi du larynx (cartilages aryténoïdes, cordes vocales, épiglotte, voile du palais) avant toute sédation, pour la recherche de cornage et de dysfonctionnement laryngé de la fonction de déglutition (passage d’eau par l’endoscope, occlusion nasale, slap test). La stimulation chimique (“lobéline”) est possible pour exacerber les mouvements respiratoires à ce moment. Les deux poches gutturales – l’entrée est facilitée par l’utilisation d’un guide dans le canal opérateur – sont également observées attentivement après la sédation du cheval (mycose, empyème).

Le passage dans la trachée permet d’observer les sécrétions anormales (mucopurulentes, sanguinolentes, etc.) et la carina (bifurcation des deux grosses bronches). Si aucun dysfonctionnement n’est décelé au repos (commémoratifs de bruits respiratoires à l’effort, par exemple), il est possible de réaliser cet examen sur tapis roulant pour se rapprocher des conditions de travail.

La radiographie est utile pour certaines affections telles que les sinusites, l’hypertrophie des ganglions rétropharyngés et les abcès pulmonaires. La cassette est à disposer du côté gauche en respectant une distance entre le foyer et le film de 150 cm chez l’adulte. Les constantes utilisées sont de l’ordre de 120 à 140 kV et 6 à 25 mAS chez l’adulte et de 80 à 90 kV et 8 mAS chez le poulain. Le déclenchement aura lieu en fin d’inspiration pour rechercher les densifications de type alvéolaire (bronchopneumonie), interstitiel ou bronchique.

L’échographie est un outil complémentaire, facilement accessible et utile. Elle permet la visualisation de l’espace pleural et du parenchyme pulmonaire si celui-ci est lésé superficiellement et l’obtention de plusieurs images lésionnelles (pleuropneumonie même discrète, abcès pulmonaires superficiels, hernie diaphragmatique).

Les prélèvements biologiques permettent de préciser le diagnostic :

- l’hématologie détecte les leucocytoses dans les processus infectieux ;

- le fibrinogène permet un suivi de l’inflammation ;

- la sérologie, dans la recherche de grippe et de rhinopneumonie, est significative si la cinétique (deux prises de sang à quinze jours d’intervalle) montre une séroconversion de deux titres ;

- le prélèvement trachéal des liquides respiratoires (via l’endoscope ou par voie transtrachéale) met en évidence l’agent pathogène ;

- le lavage broncho-alvéolaire (sous endoscopie ou à l’aveugle) permet l’étude cytologique de ces liquides (orientation vers des affections inflammatoires, saignements infectieux) ;

- les écouvillons nasopharyngés sont intéressants s’ils sont effectués lors de la phase d’hyperthermie en cas d’affection virale.

CONFÉRENCIÈRE

Anne Couroucé-Malblanc, maître de conférences en pathologie médicale des équidés à l’ENV de Nantes.

Article réalisé d’après la conférence « les gestes de base en pathologie respiratoire : de la théorie à la pratique », présentée à Nantes, le 14 avril 2005.

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à nos Newsletters

Recevez tous les jours nos actualités, comme plus de 170 000 acteurs du monde vétérinaire.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr