L’assistanat et le remplacement sont-ils suffisamment rémunérés ? - La Semaine Vétérinaire n° 1203 du 26/11/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1203 du 26/11/2005

Entre nous

FORUM

La lourdeur des charges sociales est mal connue

Jean-Pierre Schmidt, praticien canin à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).

D’un côté, je pense que certains assistants ou remplaçants ne sont pas assez rémunérés, voire sont exploités. Leurs employeurs leur font des promesses d’association, de promotion ou d’augmentation qui, finalement, n’aboutissent jamais. Pourtant, ils peuvent être compétents, polis, gentils… mais ils ne sont pas suffisamment payés pour leur valeur. Cette situation peut se produire dans le monde du travail en général.

D’un autre côté, certains salariés sont parfois trop payés. Peu d’entre eux connaissent en effet la lourdeur des charges sociales qui pèsent sur les employeurs. J’ai moi-même fait le calcul. Pour embaucher une auxiliaire spécialisée vétérinaire à hauteur du Smic, je devrais débourser près du double. Cette situation bloque la possibilité d’offrir un emploi. Par ailleurs, la plupart ont peu d’expérience. Lorsqu’ils sont embauchés, les remplaçants arrivent en pays conquis. Ils bénéficient d’un outil de travail déjà en place qu’ils n’ont pas contribué à développer, en particulier ceux qui sont encore au stade de l’apprentissage.

Pour ma part, je n’emploie que des remplaçants. J’en ai surtout connu des bons. Pour les payer, je leur demande combien je leur dois. Cela permet de les responsabiliser. Je peux même leur donner un peu plus à la fin du contrat si je suis satisfait de leur travail. Je réclame une honnêteté intellectuelle maximale : le remplaçant a pour consigne de m’indiquer les difficultés qu’ils a rencontrées.

Je regrette qu’il n’y ait pas d’esprit de compagnonnage dans la relation entre l’assistant et son employeur. Lorsque je suis sorti d’Alfort, en 1964, j’avais “mon” vétérinaire à Boulogne, chez qui j’ai commencé des petits remplacements. En ce temps-là, nous apprenions et il y avait un respect de l’ancien.

Ma rémunération convient à une première expérience

Laurent Chauvin, praticien rural à Malestroit (Morbihan).

J’estime que mon salaire est en adéquation avec mon travail, étant donné mon parcours. Après avoir réalisé mon stage de cinquième année à la clinique de Malestroit (Morbihan), j’y exerce aujourd’hui comme assistant. Je fais de la rurale pure depuis maintenant quinze mois.

Il s’agit de ma première expérience. Pendant les six premiers mois, les confrères se sont chargés de ma formation, que j’estime de très bonne qualité.

Pour quelqu’un ayant un ou deux ans d’expérience supplémentaire, le niveau de rémunération serait peut-être un peu “limite”, mais il me convient compte tenu des échos que j’ai de la part d’autres confrères, de la formation que j’ai reçue et de la bonne ambiance de travail.

Le remplacement oui, l’assistanat non

William Froux, praticien canin à Paris.

Je différencie le remplacement et l’assistanat. J’estime que le premier est correctement rémunéré. Il s’articule en effet toujours autour d’un moment de détente ou d’une urgence pour le titulaire. Quand un confrère libéral a besoin de quelqu’un rapidement pour le remplacer, le salaire est davantage conditionné par le salarié. En revanche, l’assistanat peut être mal rémunéré, en particulier en milieu rural. Les jeunes praticiens qui sortent de l’école se dévalorisent beaucoup trop. Pourtant, au bout de six mois, si tout se passe bien, ils peuvent commencer à être rentables.

Mon expérience me l’a enseigné. Lorsque je suis sorti de l’école d’Alfort en 2002, je voulais exercer en rurale.

L’un de mes premiers emplois a été un assistanat en zone d’obstétrique pendant quinze mois. Je bénéficiais alors d’une rémunération mensuelle de 2 000 €, sans véhicule de fonction. Je pense que mon salaire était dévalorisé de 30 à 40 % par rapport à ce que j’aurais dû recevoir. Malgré tout, une fois cette période achevée, j’étais compétent et formé. J’ai ensuite vendu mon savoir-faire et mes connaissances, en réalisant plusieurs remplacements rémunérés environ 150 € nets par jour, avec logement et véhicule fournis.

Au cours de ces expériences, j’ai eu l’occasion de me former en canine. Je me suis finalement dirigé vers cette médecine, depuis juin dernier. Aujourd’hui, cette branche offre des emplois assortis d’une rémunération nettement plus intéressante qu’en rurale, par rapport au niveau de fatigue et à l’investissement que cela demande. Par ailleurs, l’évaluation du salaire est beaucoup plus facile en canine, car les horaires sont plus “clairs”. Le problème des nuits se pose moins qu’en pratique rurale, où la quantité de gardes et le fait d’être plus ou moins dérangé sont des indicateurs du niveau de rémunération.

L’employeur peut être la cause du bas niveau de salaire du remplaçant ou de l’assistant, mais ce n’est pas le seul facteur. L’un des points clés à prendre en considération dans la rémunération du praticien non libéral est son statut de salarié. Ce n’est pas spécifique à la profession vétérinaire, mais cela coûte cher à tout le monde, compte tenu des charges directes et indirectes importantes qui en découlent. Son coût est estimé à 160 % du salaire brut. Il faut aider les remplaçants ou les assistants à mieux gagner leur vie en travaillant le temps qu’ils veulent, en les rémunérant au prorata de leur travail, et aider les employeurs à payer moins de charges. A mon avis, la solution réside dans la rétrocession d’honoraires et le statut de collaborateur libéral. Je crois qu’il est nécessaire que son application se fasse le plus rapidement possible.

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