Un électrocardiographe de dernière génération à l’ENVA

L’unité de cardiologie de l’école d’Alfort (UCA) vient de se doter d’un Doppler tissulaire cardiaque de dernière génération (TDI pour Tissue Doppler Imaging), inauguré le 20 octobre dernier⁽¹⁾.

Ce nouvel appareil a été présenté par le professeur Valérie Chetboul, démonstration à l’appui. Le TDI constitue une technique Doppler particulière qui permet de mesurer les vitesses de déplacement des parois myocardiques. La différence avec la méthode conventionnelle réside dans le fait que la structure en mouvement analysée est un tissu (le muscle cardiaque) et non le flux sanguin. Plusieurs modes d’investigation sont à la disposition de l’opérateur et permettent la réalisation de courbes cinétiques de points particuliers du myocarde ou encore la mesure d’indices de déformation d’un segment de la paroi. Selon Valérie Chetboul, « cette technique permet une analyse extrêmement fine et segmentaire du myocarde ». Le TDI est validé chez le chien et le chat par l’UCA, avec des résultats satisfaisants. Les intervalles de référence sont établis chez les deux espèces.

Le TDI permet d’évaluer l’effet d’un traitement sur le myocarde

Le Doppler tissulaire a des applications nombreuses et variées, parmi lesquelles la détection précoce d’une lésion du myocarde. Cela a été démontré par l’équipe de l’UCA, en collaboration avec le laboratoire de neurobiologie de l’ENVA, notamment chez le golden retriever myopathe, modèle animal des myopathies humaines, caractérisé par le développement au long cours d’une myocardiopathie dilatée.

Le TDI permet par exemple de distinguer in utero les fœtus normaux de ceux hétérozygotes ou homozygotes pour le gène responsable de l’affection. Dans le cadre de ce modèle particulier, « le TDI est une technique bien plus sensible que l’échographie conventionnelle, non seulement chez le jeune adulte, mais aussi chez le chiot entre trois et six mois et, plus surprenant encore, chez le fœtus », explique Valérie Chetboul. Cette détection précoce des myopathies chez le chien pourrait ouvrir la voie à la détection prénatale des myopathies chez le fœtus humain.

Cette technique permet aussi d’évaluer l’effet d’un traitement sur le myocarde. Tel est par exemple le cas pour le pimobendane, molécule aux propriétés inotropes et vasodilatatrices utilisée dans le traitement des cardiopathies, dont les effets ont été testés avec le TDI. Après analyse, il apparaît que s’il possède une activité inotrope manifeste, l’activité vasodilatatrice est minime.

L’acquisition de la technique TDI par l’école d’Alfort contribuera certainement à améliorer le diagnostic des affections cliniques, mais permettra aussi de réévaluer l’effet des traitements des cardiopathies sur les tissus cardiaques.

Outre ses activités d’enseignement (notamment la préparation au DESV de cardiologie ou au collège européen de médecine interne, option cardiology) et de consultation accueillant des cas référés issus de la France entière et de l’étranger, l’unité de cardiologie d’Alfort est aussi une structure de recherche. En association avec l’Inserm U660, elle constitue une unité mixte de recherche (UMR) dont la vocation est d’améliorer la santé humaine en passant par une meilleure connaissance des affections animales.

L’UCA s’investit aussi dans le développement de nouvelles techniques chirurgicales cardiovasculaires, notamment en collaboration avec l’institut mutualiste de Montsouris (IMM recherche, Paris), mais aussi avec l’industrie pharmaceutique.

• (1) Cette acquisition a été réalisée grâce à Novartis Santé animale, qui avait déjà permis à l’unité de bénéficier d’un Holter, en 1999.