Quelles seraient les conséquences d’une convention collective pour les salariés ?

Une bonne réponse à l’évolution sociologique

La mise en place de cette convention collective est l’aboutissement d’une crise de confiance entre les employeurs et les employés vétérinaires. Elle répond à de nombreux conflits prud’homaux et révèle une évolution sociologique. Avant, pour embaucher, une discussion suffisait et la confiance existait a priori. Maintenant, nous contractualisons de manière anglo-saxonne, et la confiance s’établit a posteriori. Il faudra plus de volontarisme, des deux côtés, pour conserver notre confraternité professionnelle.

La rédaction de tels accords est une réponse par le haut apportée à cette crise. Bien souvent, les contrats de travail, quand ils existent, sont inadéquats ! La convention collective permettra une formalisation accrue et fera office de guide de bonnes pratiques pour les employeurs. En informant aussi des droits et des devoirs des deux parties, la convention joue un rôle pédagogique sur le droit du travail et le droit social.

Pour leur part, les jeunes diplômés ont du mal à comprendre ce qu’est le monde du travail. En effet, ils n’ont pas fait beaucoup de “petits boulots” avant de se lancer dans la vie active et, le plus souvent, leur premier employeur est un vétérinaire. Dans les entreprises, le lien de subordination est fort et l’autonomie relative.

Si elle est un outil de discussion, la convention risque cependant de devenir un sujet de cristallisation des mécontentements en général. Elle pourrait également faire office de piège. Par exemple, la grille salariale indiquera des salaires minimaux selon l’échelon du vétérinaire. L’employeur pourra s’arrêter à ce tarif et l’employé risquera alors d’être moins payé. Dans ce cas, une meilleure rémunération pourra passer par le statut de collaborateur libéral.

Plus de contraintes législatives et financières

La convention collective pour les praticiens salariés n’est qu’un texte de plus. Elle va alourdir nos contraintes législatives et financières. Je ne vois vraiment pas ce que l’uniformisation peut apporter de bien. Et j’ai le pressentiment que cela va nous coûter plus cher. Les choses négociées sur le terrain sont pourtant plus efficaces que celles imposées d’en haut.

En quinze ans, j’ai remarqué un changement de comportement chez les remplaçants. Avant, il suffisait de se taper dans la main. C’était plus simple pour des petites structures comme la mienne. Désormais, nous passons par des contrats, ce qui est nettement plus contraignant.

Clarifier les rapports entre libéral et salarié

La convention collective permettra aux uns et aux autres de travailler de façon plus harmonieuse, mais aussi plus cadrée.

Les relations seront sans doute plus claires entre les salariés et leurs employeurs.

Il s’agira, par exemple, de rédiger correctement les contrats de travail, qui sont (trop) souvent une source de litiges, pour organiser les modalités du travail tant au niveau de son organisation que des rémunérations.

L’existence de grilles de salaire permettra une meilleure protection du salarié, une reconnaissance de ses compétences et/ou de son ancienneté. Ces grilles seront des guides a minima : il ne sera pas possible de rétribuer les salariés en dessous de que ce qui est indiqué, mais on pourra toujours offrir plus. En revanche, il est évident que des disparités seront mises en évidence lors de l’application de ces grilles selon la localisation géographique. En effet, une étude sur les salaires a montré qu’il existe des différences importantes de rémunération entre les régions françaises.

Pour le salarié, cette convention collective sera immédiatement positive. Son application sera un peu plus contraignante pour l’employeur. Elle requiert forcément du temps, car il s’agit pour lui de se documenter et de remettre en question (si nécessaire) ses rapports avec ses salariés et ses contrats de travail. Cela fait de lui un chef d’entreprise à part entière qui doit, dans tous les cas, respecter les dispositions légales du Code du travail.

Mais au final, la convention collective simplifiera son rôle de directeur des ressources humaines.

Pour ma part, ces accords ne changeront pas grand-chose. Je suis salariée à mi-temps d’une consœur et nous avons eu le souci de rédiger mon contrat de travail et celui des auxiliaires spécialisées vétérinaires en suivant des modèles de façon à respecter les obligations légales.

J’attends bien plus de l’application du décret sur le collaborateur libéral qui me fera changer de statut, tout en protégeant mon futur de retraitée et en permettant à mon employeur des économies substantielles ! J’ai réellement l’impression d’être respectée par ma consœur employeuse quand nous sommes en accord avec la base, le Code du travail. Tout est plus simple.

En revanche, dans certaines structures, force est de constater que les formalités contractuelles sont faites à la “va-vite”. Le salarié a rapidement la sensation d’être exploité.

Preuve que, quand les choses sont posées au niveau de la légalité, elles participent à l’installation d’une confiance entre le vétérinaire salarié et le vétérinaire employeur. Et qu’elles établissent le respect mutuel.