Le carprofène ne s’administre qu’une seule fois chez les bovins à 1,4 mg/kg

Pour lutter contre les processus inflammatoires chez les bovins, le vétérinaire français n’est pas démuni, puisqu’il disposait déjà de cinq molécules d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) différentes. Pourtant, la nouvelle solution injectable à 50mg/ml de carprofène (Rimadyl® Bovins) lancée par Pfizer en France, après d’autres pays européens, n’est pas seulement un AINS injectable de plus. En effet, deux particularités le distinguent.

La demi-vie de 70 heures chez les bovins autorise une injection unique

En premier lieu, la lente élimination du carprofène, avec une demi-vie de soixante-dix heures dans le plasma, autorise un schéma posologique qui comporte une injection unique de carprofène à 1,4 mg/kg (1 ml pour 35 kg), quelle que soit la voie d’administration retenue (intraveineuse ou sous-cutanée).

Aucun AINS ne bénéficie d’une aussi longue demi-vie (^{voir tableau}). Cette dernière n’a pas lieu au détriment de la nécessaire rapidité d’action d’un AINS, que l’injection se fasse par voie intraveineuse ou sous-cutanée.

Le carprofène agit aussi en amont, sur le NFκB

La seconde originalité repose sur le mode d’action de l’AINS. Comme tous les autres, le carprofène est un inhibiteur de lacyclo-oxygénase (cox), préférentiellement de la cox-2. Cette enzyme augmente la synthèse des prostaglandines proinflammatoires dans la cas cade inflammatoire. Cependant, cette inhibition de la cox (surtout de la cox-2) n’explique qu’en partie l’activité anti-inflammatoire du carprofène. Cette molécule agit aussi en amont de la réaction inflammatoire sur le facteur nucléaire kappa B (NFκB). Ce dernier, activé par des cytokines et par les endotoxines bactériennes (pour certaines bactéries Gram négatif), est à l’origine de la synthèse de médiateurs de l’inflammation comme les cytokines (badykinine), la NO synthétase inductible (iNOS), les fameuses cox inductibles, etc. Le carprofène, en empêchant l’activation du NFκB, intervient précocement sur la réaction inflammatoire et s’oppose ainsi à certains effets délétères des endotoxines bactériennes.

En outre, le carprofène franchit la barrière hématoméningée et bénéficie ainsi non seulement d’une action anti-inflammatoire périphérique locale, mais aussi d’une action centrale antipyrétique et analgésique.

Six essais cliniques différents démontrent une efficacité anti-inflammatoire et antipyrétique du carprofène en cas d’affections respiratoires bovines aiguës ou subaiguës. L’effet durable provient probablement de moindres séquelles cicatricielles (traces de réactions inflammatoires) dans le parenchyme pulmonaire lors d’emploi de cet AINS.

L’intérêt d’utiliser un AINS précocement en présence de maladies respiratoires est donc démontré à court terme – l'effet est visible en quelques heures – et il persiste sur le long terme (avec un gain de poids supérieur un mois après la maladie, par exemple).

Le temps d'attente est nul dans le lait

Le temps d’attente dans la viande, qui s’élève à vingt et un jours, est essentiellement fondé sur la persistance de carprofène au point d’injection (lors d’administration sous-cutanée). Le temps d’attente dans le lait est de zéro jour (ou nul). Rimadyl® Bovins est présenté en flacon de 50 ml ce qui permet, par exemple, de traiter trois bovins de 600 kg.