Les animaux domestiques reflètent l’exposition humaine à des polluants environnementaux

Utiliser les animaux pour contrôler l’exposition chronique, à doses faibles, à des substances polluantes présentes dans l’environnement est un concept intéressant. Ils peuvent faire l’objet de vérifications relatives aux modalités d’exposition, aux périodes de latence des affections associées, etc. Ce rôle de sentinelles (joué dans les mines par des canaris pour surveiller la présence de monoxyde de carbone, par exemple) est particulièrement adapté aux animaux domestiques, puisqu’ils partagent les conditions de vie de leurs propriétaires. Ils fournissent des informations sur la présence de métaux lourds, de pesticides, l’inhalation passive de fumée, les effets des champs électromagnétiques à basse fréquence ou de l’amiante.

Le risque de développer un lymphome félin est plus élevé lors d’inhalation de fumée

En 2001, une étude (Backer et coll.) s’est penchée sur des chiens résidant depuis au moins quatre ans à proximité d’une décharge de produits chimiques (lindane, DDT). Les résultats obtenus ont été comparés à ceux de chiens habitant loin de cette zone. Un questionnaire a été distribué aux propriétaires et des analyses concernant les lymphocytes CD4+ et CD8+ ont été effectuées. Chez les chiens exposés, une hausse significative du nombre et de la fréquence des micro-noyaux dans les lymphocytes binucléés est mise en évidence, ainsi qu’une baisse importante (mais non significative) du rapport CD4/CD8. Ce dernier paramètre est défini comme un marqueur biologique pour l’exposition aux pesticides.

Les animaux sont-ils aussi sensibles à l’inhalation passive de fumée ? Pour répondre à cette question, des vétérinaires de l’université du Massachusetts (Etats-Unis) ont réalisé des recherches chez 80 chats atteints de lymphome, afin d’évaluer les effets de l’exposition passive à la fumée. Les résultats montrent que, chez ces chats, le risque relatif de développer un lymphome est plus que doublé et augmente proportionnellement à la durée de l’exposition et à la quantité de fumée inhalée.

Les champs électromagnétiques à basse fréquence (50 à 60 Hz) sont suspectés d’être responsables de leucémie infantile chez l’homme, mais peu d’études sont disponibles en médecine humaine. J.S. Reif et son équipe ont émis l’hypothèse que les néoplasies lymphoïdes chez les chiens pourraient être liées à l’existence de ces champs. 96 cas de lymphome canin et 137 cas d’autres formes tumorales ont fait l’objet d’une mesure à domicile, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du champ magnétique. Les animaux devaient y vivre depuis au moins un an. Les résultats mettent en évidence que le risque de développer un lymphome augmente chez les chiens qui passent au moins 25 % de leur temps à l’extérieur, dans un lieu où existe un champ magnétique d’une intensité de 0,065 à 0,2 mT, par rapport à ceux exposés à des champs inférieurs.

Une autre étude a concerné dix chevaux, le paddock de cinq d’entre eux étant situé sous une ligne électrique (132 kW) et celui des autres étant installé vingt mètres plus loin. Huit prélèvements sanguins effectués à six mois d’intervalle montrent une diminution du taux de lymphocytes, une augmentation du taux de polynucléaires et une baisse de la calcémie dans le premier groupe.

Les animaux domestiques constituent de bons marqueurs de l’exposition à des polluants environnementaux, d’autant que leur durée de vie est courte et que les périodes de latence des affections d’origine environnementale sont sensiblement inférieures à celles relevées chez l’homme. La définition de marqueurs biologiques est une étape importante pour la surveillance de l’exposition humaine à certains agents polluants.

• Source : F. Santin, C. Stelletta, M. Morgante : « Utilizzo degli animali domestici nella valutazione dei rischi di inquinamento ambientale : indagini epidemiologiche e studi sperimentali », Il Progresso Veterinario, septembre 2005 , pp .412-416.