Etablir ses propres tableaux de constantes radiographiques est une étape incontournable - La Semaine Vétérinaire n° 1198 du 15/10/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1198 du 15/10/2005

Imagerie médicale

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : Franck Durieux

Fonctions : diplômé de l’ECVDI,
ancien maître de conférences en imagerie médicale,
praticien au service d’imagerie
médicale de la clinique vétérinaire
chirurgicale de Drapé-Malet (Gironde).

Un praticien peut facilement mettre en œuvre lui-même une charte radiographique. Cela permet d’optimiser la qualité des clichés obtenus.

Pouvoir garantir la qualité des clichés avant même de les avoir développés constitue un avantage certain. Cela évite en effet d’être quotidiennement confronté à des radiographies trop noires, trop grises ou trop blanches. Il existe un moyen simple pour contourner cette difficulté. Il faut d’abord faire un choix raisonné du matériel employé (notamment pour le couple “écran-film”), puis standardiser les incidences, la mesure de l’épaisseur des régions radiographiées, et enfin utiliser un tableau de constantes dédié. En effet, l’obtention fiable d’un cliché de qualité diagnostique passe par la mesure de l’épaisseur de la région d’intérêt à l’aide d’un compas ou d’une règle.

Cinq étapes permettent d’établir simplement les tableaux de constantes, condition primordiale pour éviter de passer son temps à refaire des clichés, à lire des radiographies surexposées ou sous-exposées, ou encore à développer “à vue”. Toutefois, 90 % des erreurs techniques sont réalisées dans la chambre noire (chargement des films, stockage, marquage, développement, etc.). Il est donc inutile de mettre au point des tableaux de constantes si un certain nombre de réglages n’ont pas été effectués. Chaque maillon de la chaîne d’imagerie doit donc être soigneusement réglé, puis ne plus être modifié sous peine de voir l’ensemble du système perdre toute cohérence.

La cohérence du système doit être vérifiée par un professionnel

Il est faux de croire qu’une combinaison de kilovolts (kV) et de milliampères-secondes (mAs) qui a permis d’obtenir une bonne radiographie avec un appareil peut être reproduite sur n’importe quel matériel avec le même résultat. En effet, de nombreux autres éléments de réglage interviennent dans la formation de l’image. Il convient d’abord de relever la vitesse des écrans renforçateurs utilisés (généralement notée sur l’étiquette de la cassette), ainsi que leur âge. Il faut aussi qu’un technicien ayant une bonne connaissance du domaine vétérinaire ou un spécialiste en imagerie médicale vérifie la cohérence du système (par exemple, mieux vaut éviter d’employer un film mammographique de haute résolution et un écran rapide de basse résolution). Les écrans anciens perdent en efficacité et sont davantage une source d’ennui qu’un véritable outil de travail.

L’indice de rapidité relative permet de comparer les expositions pour obtenir une même image. En passant d’un écran de rapidité 100 à un autre de rapidité 200, le débit (mAs) est divisé par deux, à kV identiques. Les plus grandes rapidités dans une même gamme sont de ce fait associées à une moindre résolution spatiale.

En général, les écrans fins (100) sont employés pour radiographier les extrémités et le thorax des animaux de petite taille. Les écrans médiums (200) sont utilisés pour la plupart des applications et les rapides (400) sont réservés aux abdomens de chiens de taille moyenne à grande. Dans un souci de simplification, l’exemple donné ci-après pour la réalisation d’un tableau de constantes est fondé sur l’emploi d’un écran médium ayant une vitesse de 200. Idéalement, il faut commencer à établir les valeurs avec un chien d’une vingtaine de kilos, d’un embonpoint normal. Puis chacune des étapes est reprise avec un animal de petite taille et un chat (technique directe, sans grille).

La première étape concerne le choix de l’ampérage et du temps de pause

Avec un écran médium (200), il convient d’utiliser les valeurs de base suivantes :

– -extrémités : 2,5 mAs (technique directe sans grille) ;

– thorax : 5 mAs ;

– abdomen : 7,5 mAs ;

– rachis : 10 mAs.

Ces valeurs sont données à titre indicatif et sont à adapter selon le noircissement du film.

Dans certains cas, il est possible de régler séparément les mA et le temps de pause. Si l’appareil ne travaille que sur un seul type d’ampérage, ce dernier doit alors être déterminé de façon à ce que le produit des deux (milliampères multipliés par les secondes) atteigne les valeurs recommandées. Par exemple, si la machine a un ampérage de 300 mA et qu’il faut obtenir 5 mAs pour un examen thoracique, le temps doit être réglé sur 1/120e de seconde. Voici le calcul à effectuer pour les différents cas de figure :

– 300 mA x 1/120e s = 2,5 mAs (extrémités) ;

– 300 mA x 1/60e s = 5 mAs (thorax) ;

– 300 mA x 1/40e s = 7,5 mAs (abdomen) ;

– 300 mA x 1/30e s = 10 mAs (rachis).

Lorsque la machine permet de choisir l’ampérage, il convient d’utiliser la valeur la plus faible pour un usage sur les extrémités (habituellement 100 mA), et une plus élevée (en général 300 mA) pour toutes les autres applications. Dans ce cas, les réglages sont les suivants :

– 100 mA x 1/40e s = 2,5 mAs (extrémités) ;

– 300 mA x 1/60e s = 5 mAs (thorax) ;

– 300 mA x 1/40e s = 7,5 mAs (abdomen) ;

– 300 mA x 1/30e s = 10 mAs (rachis).

Ces données sont fondées sur l’utilisation d’écrans renforçateurs médiums (200). Pour des écrans d’une meilleure résolution (fine, 100), il faut doubler la valeur des mAs. Avec des écrans rapides (fast, 400), elle doit être divisée par deux.

La deuxième étape est celle du réglage initial des kilovolts

Pour obtenir une image radiographique optimale, le but est de trouver la valeur des kV adaptée à celles des mAs proposées à la première étape. Pour cela, la loi de Sante est appliquée : kV = (2 x épaisseur mesurée) + FFD + facteur de grille.

Dans cette équation, FFD correspond à la distance entre le foyer et le film, exprimée en pouces (en général, quarante pouces en médecine vétérinaire). Le facteur de grille est la quantité supplémentaire de kV à ajouter en cas d’emploi d’une technique indirecte. La grille augmente le contraste global en “filtrant” le rayonnement diffusé. Ainsi, pour obtenir une même exposition avec la grille, la quantité de rayons nécessaires augmente :

– pour un facteur de grille 5 : 1, ajouter 6 à 8 kV ;

– pour un facteur 8 : 1, ajouter 8 à 10 kV ;

– pour un facteur 12 : 1, ajouter 10 à 15 kV.

Généralement, le facteur de grille le plus fréquemment utilisé en médecine vétérinaire est le 8 : 1. Cette valeur est notée sur la face supérieure de la grille antidiffusion. Lorsqu’elle n’est pas connue, il faut considérer qu’elle est de 8 : 1.

En technique directe (épaisseur inférieure à 10 cm), la grille n’est pas employée. Le facteur est donc égal à 0.

Pour un chien dont l’abdomen mesure 15 cm d’épaisseur dans sa partie la plus large, avec un FFD de 40 et un facteur de grille de 8 : 1, la formule de Sante est : kV = (15 x 2) + 40 + 10 = 80 kV.

La troisième étape consiste à rechercher l’exposition optimale

A ce stade, l’objectif est de déterminer l’exposition parfaite et d’en déduire le tableau de constantes. Il ne faut pas hésiter à refaire les clichés cinq ou six fois si nécessaire.

Pour commencer, il convient de réaliser un cliché avec la valeur des mAs recommandée selon la région radiographiée, et de calculer les kV avec la formule de Sante. Par exemple, pour le tableau dédié à l’abdomen, avec un FFD de 40 et un facteur de grille de 8 : 1, le choix se porte sur une exposition de 7,5 mAs avec 80 kV si l’abdomen mesure 15 cm. A priori, cela devrait permettre la réalisation d’une radiographie correcte, mais ce n’est malheureusement pas toujours le cas.

Si la radiographie est trop noire (surexposée), la valeur des kV est à diminuer de 15 %. Si elle est trop claire (sous-exposée), il faut l’augmenter de 15 %. Après avoir apporté cette correction, il est possible d’affiner le réglage en augmentant ou en diminuant par tranche de 5 %, jusqu’à la bonne exposition.

La quatrième étape est la construction du tableau de constantes

Une fois les bons clichés réalisés, la procédure touche à sa fin. Les valeurs de la “radiographie parfaite” doivent être utilisées pour créer le tableau d’exposition. Il faut ensuite extrapoler pour définir les valeurs des kV pour toutes les autres épaisseurs :

– soustraire 2 kV à la valeur de référence pour chaque centimètre de moins par rapport à l’épaisseur de référence ;

– ajouter 2 kV à la valeur de référence pour chaque centimètre en plus par rapport à l’épaisseur de référence ;

– de 80 à 100 kV, ajouter 3 kV pour chaque centimètre d’épaisseur supplémentaire ;

– au-delà de 100 kV, ajouter 4 kV pour chaque centimètre d’épaisseur supplémentaire.

La cinquième étape est l’établissement de l’ensemble des tableaux nécessaires

Pour chaque type d’examen radiologique (thoracique, abdominal, etc.), un tableau est à définir. Les différentes étapes sont donc répétées pour établir quatre tableaux de constantes :

– abdomen avec technique directe (épaisseur inférieure à 10 cm) et indirecte (épaisseur supérieure à 10 cm) ;

– thorax avec technique directe (épaisseur inférieure à 10 cm) et indirecte (épaisseur supérieure à 10 cm) ;

– os et extrémités avec technique directe (épaisseur inférieure à 10 cm) et indirecte (épaisseur supérieure à 10 cm) ;

– rachis avec technique directe (épaisseur inférieure à 10 cm) et indirecte (épaisseur supérieure à 10 cm).

Eventuellement, un tableau dédié aux chats peut être envisagé (technique directe, épaisseur de moins de 10 cm).

Outre ces tableaux de constantes, le détail de la chaîne radiographique et de son optimisation mérite d’être pris en considération. Pour cela, de nombreux ouvrages peuvent être consultés (voir bibliographie).

BIBLIOGRAPHIE

  • • Paul Barthez, Technique en radiologie des petits animaux, 1997, CNVSPA-PMCAC.
  • • Lisa M. Lavin, Radiography in Veterinary Technology, ed. Saunders.
  • • Joe P. Morgan, Val Samii, John Doval, Radiographic techniques : the dog, Iowa State Press.
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