Le tic à l’appui est parfois la manifestation d’un état anxieux

Lors du tic à l’appui, le cheval prend appui sur un support rigide et contracte les muscles de l’encolure et les muscles pharyngiens (^{voir photo 1}). Un bruit d’éructation caractéristique est émis. Selon Katherine Houpt, professeur de physiologie au College of Veterinary Medicine (Etats-Unis), les chevaux se livrent à ce tic de préférence au moment du repas ou juste après. Certains d’entre eux consacrent une part importante de leur temps (de 10 à 60 %) à cette activité répétitive.

Le support utilisé par le cheval tiqueur est soit en bois, soit en métal. « Une étude a montré que les goûts diffèrent d’un animal à l’autre, mais en général, le métal est préféré. » La force développée par le cheval pour effectuer ce tic peut être considérable, puisqu’elle avoisine les 45 kg à chaque geste. Les purs-sang ont davantage tendance à tiquer.

Pour remédier à cette mauvaise habitude, les propriétaires de chevaux tiqueurs utilisent parfois un collier (^{voir photo 2}) qui, en appuyant sur l’encolure, empêche le cheval de se livrer à son tic. Plusieurs types existent, avec des lames de métal ou avec une muselière qui empêche l’animal de prendre appui. « Cette dernière méthode est la plus frustrante pour le cheval », estime Katherine Houpt, qui déconseille toutes ces mesures coercitives. Selon elle, l’utilisation de colliers à choc électrique a même provoqué une réaction de peur telle chez deux chevaux qu’ils ont sauté par-dessus leur stalle ! Une autre possibilité consiste à offrir au cheval une barre destinée au tic (^{voir photo 3}).

Le sevrage peut être une période à risque dans l’initiation du tic

De nombreux chevaux apparaissent abattus lorsqu’ils sont empêchés d’effectuer le tic à l’appui. Ce dernier est en effet souvent lié à un contexte d’anxiété (^{voir photo 4}), bien que l’origine ne soit pas toujours clairement identifiée et puisse varier d’un cheval à l’autre. Selon Katherine Houpt, « si la teneur en fibres de la ration est augmentée, le problème régresse ».

Elle estime en effet que davantage de foin et une plus grande proportion d’avoine diminuent l’occurrence de cette stéréotypie.

Le tic aérophagique apparaît souvent au moment du sevrage, surtout quand une phase intermédiaire au pré n’est pas réalisée. « En outre, les chevaux commencent à se livrer à ce tic lorsqu’ils passent aux concentrés. »

Quant à une éventuelle origine acquise, « il n’y a aucune preuve qui montre que le cheval apprend par l’observation », estime Katherine Houpt. En effet, le tic apparaît rarement par imitation.

Chez le cheval, un tel comportement peut entraîner des effets délétères, car il abîme les incisives, provoque une hypertrophie des muscles du cou, voire favorise des coliques spécifiques, selon notre consœur américaine. Ces notions sont toutefois contestées par d’autres auteurs qui estiment, radiographies à l’appui, que le cheval n’avale pas d’air lors de tic à l’appui : l’air est uniquement dégluti dans l’œsophage proximal. Les coliques seraient alors davantage liées à l’anxiété, sans lien direct avec le tic.