Une phobie grave se développe chez les facteurs agressés - La Semaine Vétérinaire n° 1195 du 24/09/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1195 du 24/09/2005

Morsures canines. 43 préposés interrogés en Gironde

Actualité

Auteur(s) : Marine Neveux

S ’il est parfois chaleureux, l’accueil réservé aux facteurs par les chiens peut aussi être effrayant lorsqu’il aboutit à une morsure. Ce cas de figure est loin d’être anecdotique. La direction des ressources humaines de La Poste de Gironde a donc sollicité le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) pour entamer une réflexion sur ce sujet(1). Cette démarche a été accueillie favorablement par tous les acteurs, notamment les préposés qui y voient une prise en compte de leurs difficultés sur le terrain.

Dans 83 % des cas, l’agression a lieu sans signe avant-coureur

La section régionale de Gironde du SNVEL a mandaté notre confrère Gilles Marchionini, consultant en comportement, auprès des préposés. Il a organisé des groupes de parole avec les personnes mordues. « La matinée était consacrée aux témoignages des participants, en moyenne une dizaine. Ils racontaient l’agression subie, un vétérinaire faisant office de modérateur et d’animateur. L’après-midi consistait en une analyse des cas et des conditions d’agressivité chez le chien. »

L’étude a été menée de décembre 2003 à septembre 2005, auprès de quarante-trois préposés. Elle fait apparaître que 58 % des chiens incriminés sont de race de grande taille. Dans 95 % des cas, les morsures surviennent en habitat individuel. L’absence (30 %) ou un défaut de fermeture de la clôture (70 %) sont fréquents. « Le chien peut être considéré en état de divagation presque à chaque fois », souligne Gilles Marchionini. Dans deux tiers des cas, les chiens responsables des morsures ont manifesté de l’agressivité au préalable et leur propriétaire était absent. Dans 72 % des situations, l’animal parcourt une certaine distance pour venir mordre le facteur. Paramètre inquiétant, l’étude révèle une absence de menace des chiens avant l’agression dans 83 % des cas, ce qui contribue à accentuer le stress chez les victimes. Par ailleurs, 39 % des propriétaires ne reconnaissent pas les faits ! « 32 % des agressions enregistrées ont donné lieu à une plainte et 35 % à une mise sous surveillance sanitaire », explique notre confrère Gilles Marchionini. 

Outre les séquelles physiques, les morsures sont à l’origine d’arrêts de travail de quelques jours à deux ans. « Dans 80 % des cas, une phobie grave persiste chez les victimes, qui se plaignent d’effectuer leur travail journalier sous l’emprise d’une peur permanente. »

  • (1) La même démarche est en projet avec les agents de Gaz de France.

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