LA NOUVELLE PROMOTION S’ENGAGE POUR UNE ANNÉE EXPÉRIMENTALE - La Semaine Vétérinaire n° 1195 du 24/09/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1195 du 24/09/2005

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Auteur(s) : Valérie Zanini

La formation des vétérinaires a changé. Les programmes et les méthodes d’enseignement ont évolué pour aboutir à l’élaboration d’un nouveau cursus. Sa mise en place débute à l’occasion de cette rentrée, sans rodage préalable.

Les premiers étudiants risquent donc d’essuyer quelque peu les plâtres…

Ils viennent de faire leur rentrée. Mais ces “enfants”-là ont une vingtaine d’années et vous appelleront un jour « cher confrère ». Ce sont les étudiants vétérinaires de la promotion 2005-2006. Depuis quelques jours, ils arpentent l’une des quatre écoles en charge de leur formation. Et cette situation, contrairement aux apparences, est tout à fait inhabituelle. Car ces élèves sont les premiers à bénéficier de l’enseignement (complètement) réformé du nouveau cursus. Atout ou handicap ? Nul ne le sait encore. Il faudra vraisemblablement attendre quatre ans avant de pouvoir se prononcer sur la qualité des acquis de ces futurs diplômés. Quoi qu’il en soit, « nous faisons du mieux que nous pouvons selon les contraintes qui nous ont été fixées(1) et en utilisant la marge de manœuvre qui nous est laissée », indique Bernard Toma, responsable de la pédagogie à l’école d’Alfort.

Le nouveau cursus est en phase d’essai et réclame des ajustements

La formation dans les écoles vétérinaires comporte quatre années organisées en semestres (voir schéma). Le programme et le découpage de la première année (semestres 5 et 6) ont été définis l’an passé, afin d’organiser la rentrée 2005-2006.

Mais des zones d’ombre persistent. Ainsi, le référentiel de diplôme (qui comprend 114 pages détaillant les compétences que doivent acquérir les étudiants) est présenté dans son préambule comme « une première version qui devra évoluer ». Il souffre en effet d’un certain nombre de défauts de jeunesse : « son volume, son hétérogénéité de développement, certaines parties étant (trop) détaillées par rapport à d’autres, etc. », constate Bernard Toma. Un enseignant fait la même analyse, regrettant que ce document manque de précision dans certaines disciplines. Ce référentiel devrait être finalisé en septembre 2006. D’ici là, la première promotion aura essuyé les plâtres, au grand soulagement de ceux qui lui succéderont… « A l’école d’Alfort, les grandes lignes des semestres 7, 8, 9 et 10 (correspondant aux deuxième et troisième années d’école vétérinaire) ont été définis, mais les détails restent à préciser. Ils le seront cette année pour les semestres 7 et 8 et l’année suivante pour les semestres 9 et 10 », indique Bernard Toma.

En France, la formation des vétérinaires passe de 1 + 5 ans à 2 + 4 ans

La Direction générale de l’enseignement et de la recherche a choisi (DGER) de conserver au cursus vétérinaire sa durée globale (six ans), mais en diminuant d’une année la formation dispensée dans les écoles vétérinaires. Si bien que les étudiants intègrent désormais après deux années au minimum passées en classe préparatoire (BCPST ou biologie, chimie, physique et sciences de la terre pour le concours A, option générale) où le programme de biologie est allégé.

Certains enseignants s’en inquiètent, car ils considèrent qu’il s’agit là de pertes sèches. Faute de temps, certaines notions ne seront pas abordées dans les écoles. Il est difficile d’estimer les conséquences pour le moment. « L’adaptation de cette réforme nécessitera une évolution de l’enseignement en classe préparatoire pour se rapprocher des cinq à six années d’études réalisées par nos homologues européens », estime Françoise Grain, directrice adjointe de la pédagogie à l’école de Lyon. Claude Petit, responsable de la formation à l’école de Toulouse, émet également quelques réserves : « Cela sera court et j’attends de voir le résultat final. »

Certains enseignants s’étonnent que ce raccourcissement de l’enseignement spécifiquement vétérinaire ne fasse pas réagir les confrères en exercice. Ils estiment que l’enjeu est d’importance, car c’est la qualité des vétérinaires de demain qui est, selon eux, en jeu. « Nous sommes les seuls en Europe à avoir un cursus aussi court. Comment, dans ces conditions, espérer être compétitifs au niveau européen ? », s’interroge l’un d’entre eux. « Chacune des ENV s’est efforcée, au cours de ces derniers mois, de condenser au mieux la majeure partie de ce qui était jusqu’à présent enseigné en cinq ans », constate Bernard Toma.

Pour y parvenir, le volume des cours magistraux a été réduit au profit des travaux dirigés ou pratiques et du travail personnel. Mais l’augmentation des travaux dirigés pose rapidement des soucis d’encadrement. En outre, « certaines notions peuvent être abordées lors de l’année d’approfondissement (dernière année d’école vétérinaire), car les détails de son organisation restent à définir. Rien ne s’oppose à ce que le séjour en ENV soit plus long que pour la T1 pro actuelle(2). Chaque école fera les choix qui lui semblent les plus pertinents », indique Bernard Toma.

A peine née, cette réforme souffre déjà de restrictions budgétaires

« A Toulouse, nous sommes au bord du gouffre », estime Claude Petit. L’ensemble des écoles dépendant du ministère de l’Agriculture ont été frappées d’un gel budgétaire en juillet dernier. Cela concerne les ENV, mais aussi les dix-huit écoles d’ingénieurs agronomes. La réduction de l’enveloppe atteint 16,5 %. « Pour nous, cela représente une perte de 375 000 € pour finir l’année. La situation de l’ENVT est particulièrement difficile, car elle assume un emprunt qui grève son budget pour la prochaine décennie », explique-t-il. Une nouvelle restriction budgétaire est annoncée pour novembre prochain. « Si cela se confirme, deux choix se présentent à nous : puiser dans le fonds de roulement de l’école ou bien supprimer certains enseignements, toutes années confondues », envisage Claude Petit.

Quoi qu’il en soit, ces restrictions financières imposées à tous ne tiennent pas compte de la situation particulière des écoles vétérinaires. Elles s’abattent ainsi sur ces établissements au moment même où ils réforment leur mode de fonctionnement. « Si rien n’est fait pour nous soutenir, il y a de quoi s’inquiéter sur la qualité de la formation que nous allons être capables d’assurer dans ces conditions », avoue un enseignant. « Notre organisation tiendra, mais notre équilibre est instable », reconnaît Françoise Grain. Dans un tel contexte, les meilleures volontés risquent de s’épuiser rapidement. L’avenir de la réforme du cursus vétérinaire se joue dès maintenant. A peine née, la voilà déjà menacée. A moins que les cordons de la bourse ne se délient…

  • (1) Les grandes lignes de la formation sont définies par l’arrêté du 12/4/2005.

  • (2) La T1pro ne comporte que cinq semaines de présence minimale dans une école vétérinaire.

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