« Il n’y aura pas de promotion sacrifiée à cause de la modification des programmes » - La Semaine Vétérinaire n° 1195 du 24/09/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1195 du 24/09/2005

Patrick Bénard, membre de la Direction générale de l’enseignement et de la recherche

À la une

Auteur(s) : Marine Neveux

La Semaine Vétérinaire : Les écoles vétérinaires disposent-elles de moyens financiers ou humains supplémentaires pour mettre en place la réforme du cursus, notamment pour accompagner les nouvelles technologies pédagogiques ?

Patrick Bénard : Le nombre d’étudiants n’a pas évolué au sein des écoles. Par ailleurs, le cursus passe de cinq ans (pour 70 % des promotions) à quatre ans pour une promotion entière. Dès lors, l’encadrement ne peut que s’en trouver renforcé.

Les enseignants sont invités à faire travailler différemment leurs étudiants (travaux de groupe, résolution de cas, etc.). Certains le font déjà, d’autres vont les rejoindre. L’enseignement devrait aussi impliquer davantage les personnels de recherche, les résidents et les personnels techniques, comme cela se fait dans tous les pays où les systèmes de formation vétérinaire sont performants.

La Direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER) est en train de mettre en place des profils de postes plus spécifiques aux cliniques (infirmier, chef de clinique, praticien hospitalier). A terme, ces personnels joueront un rôle important dans la formation, aux côtés et sous l’encadrement des responsables des cliniques.

Concernant les évolutions dans les équipements pédagogiques, les établissements ont déjà mis en place un certain nombre d’outils dans les domaines des nouvelles techniques de communication et de l’apprentissage des langues. Ils restent en outre attentifs à toute innovation.

Par ailleurs, la création de postes d’enseignants-chercheurs et d’ingénieurs est inscrite dans le projet de loi de finances 2006. Ils seront attribués aux établissements d’enseignement supérieur dans le cadre de la politique de mise en place des pôles de compétence.

S. V. : Certains étudiants craignent que les deux groupes formant la promotion qui inaugure le changement aient du mal à s’harmoniser en termes de programme et que ceux issus des classes BCPST rencontrent des difficultés. Qu’en pensez-vous ?

P. B. : Cette inquiétude revient à chaque modification de programme. Par le passé, cela a même conduit à évoquer des «promotions sacrifiées» ! Cependant, les confrères concernés sont entrés dans la vie professionnelle sans aucun problème. Par ailleurs, je rappelle que depuis la réforme de 1995, une soixantaine d’étudiants recrutés par les concours B et C entrent dans les écoles vétérinaires et rejoignent leurs camarades de promotion issus du concours A, qui ont déjà passé un an à l’école.

Cette année, les nouveaux intégrés qui proviennent des classes BCPST (biologie, chimie, physique et sciences de la terre) entrent via le concours A. Une première analyse des résultats de l’épreuve de juin montre que les établissements vont recevoir en majorité les meilleurs éléments recrutés. Par ailleurs, en classe préparatoire, ils ont déjà profité d’enseignements en biochimie, informatique, biologie cellulaire, etc.

Certes, il leur manquera quelques aspects déjà abordés par leurs camarades recrutés l’an passé. Dans les modalités de rentrée, des écoles ont donc prévu la possibilité de mise à niveau de ces nouveaux venus, ce qui est bien. Quoi qu’il en soit, les élèves ayant été recrutés parmi les meilleurs, je ne doute pas un instant que ces nouveaux éléments feront preuve d’une aptitude et d’une capacité d’adaptation qui leur permettont de s’affranchir de ces difficultés.

S. V. : La réforme du cursus concerne les quatre écoles vétérinaires dès cette rentrée. Comment s’organise-t-elle d’un point de vue pratique ?

P. B. : La rentrée 2005 est particulière, car les écoles vont accueillir des élèves recrutés par le nouveau concours, après deux ans de préparation. Ils vont retrouver leurs camarades entrés en 2004, après un an de classe préparatoire, c’est-à-dire qui entameraient la deuxième année du premier cycle dans le cursus précédent.

Chaque école propose des modalités propres à cette intégration. Ainsi, à Alfort et à Lyon, les élèves concernés sont entrés le même jour, le 12 septembre. A Alfort, ils ont ensuite passé une semaine à l’école, puis se sont rendus en stage du 19 au 26 septembre.

A Nantes, les élèves reçus entreront le 26 septembre et suivront des enseignements pour se mettre au niveau de leurs camarades entrés en 2004. Ces derniers, à l’école depuis le 19 septembre, partiront en stage jusqu’au 7 novembre avant de rejoindre les nouveaux venus pour former la promotion complète.

Enfin, à l’école de Toulouse, les nouvelles recrues sont entrées le 5 septembre pour suivre deux semaines d’adaptation. Puis, le 16 septembre, elles ont retrouvé leurs camarades reçus en 2004 pour constituer la promotion.

S. V. : Considérez-vous que le réaménagement du cursus apportera un nouveau souffle pour les futurs diplômés et permettra une adaptation aux nouvelles conditions d’exercice de la profession ?

P. B. : Cette réforme repose avant tout sur le constat de la difficulté grandissante à fournir tous les savoirs nécessaires à la délivrance d’un diplôme de généraliste.

Le choix consiste à donner aux futurs diplômés une bonne culture de base, ainsi que les éléments nécessaires pour débuter une activité professionnelle dans un domaine précis, tout en les familiarisant avec les méthodes qui permettent de rechercher de l’information. En effet, la formation continue débutera pour eux dès la sortie de l’école. En outre, les nouveaux diplômés devront avoir acquis un certain niveau en langue anglaise.

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