LE BILAN SANITAIRE MANQUE DE VOLONTAIRES - La Semaine Vétérinaire n° 1194 du 17/09/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1194 du 17/09/2005

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Auteur(s) : Jean-Pascal Guillet

Le bilan sanitaire volontaire fait ses premiers pas dans les élevages bovins. L’appui des Groupements de défense sanitaire (GDS) dans certains départements facilite son lancement. Dans d’autres, cette visite facultative est encore dans les cartons.

Une nouvelle politique de maîtrise volontaire des risques sanitaires en élevage est lancée. Les organisations professionnelles agricoles (OPA) et vétérinaires (OPV) l’ont annoncée le 28 avril dernier. Elle comprend un programme de formation des éleveurs et un bilan sanitaire volontaire. Après une période de près de cinq mois, entrecoupée de la pause estivale, les praticiens commencent à s’approprier ces mesures (voir graphique). La Fédération nationale des groupements de défense sanitaire (FNGDS) a exprimé sa volonté de promouvoir le bilan sanitaire auprès de ses adhérents (voir encadré en page 35). Pour l’instant, sur le terrain, chacun fait un peu comme il l’entend.

Dans certains départements, Groupements de défense sanitaire (GDS) et Groupements techniques vétérinaires (GTV) sont tous deux persuadés de l’utilité de ce bilan, coopèrent et veulent aller vite. C’est ce qui se passe notamment dans les Pyrénées-Atlantiques. Le bilan sera réalisé d’ici à la fin octobre dans une vingtaine d’élevages tests. Si les résultats sont satisfaisants, il est envisagé d’étendre l’opération en privilégiant dans un premier temps les jeunes agriculteurs en cours d’installation.

Dans le Maine-et-Loire, le GDS et le GTV ont prévu d’instaurer ce bilan lorsqu’un gros problème sanitaire a lieu dans un élevage. « Le recours à la caisse du GDS réservée aux “coups durs” serait conditionné à la réalisation de cette visite par le vétérinaire de l’exploitation. Ses bases ont été posées et acceptées par les deux groupements. La promotion de ce bilan sera effectuée prochainement », explique François Ballerie, praticien à Angers et président du GTV 49.

Le bilan sanitaire volontaire est déjà sur les rails en Seine-Maritime. « La trame de ce module “éleveur” a été finalisée début août, conjointement avec le Groupement de défense des maladies animales (GDMA). L’information est passée dans L’Echo des GTV. En outre, le directeur du GDMA s’est rendu dans tous les cabinets vétérinaires pour l’expliquer aux praticiens. Les éleveurs en ont été informés par un courrier. La communication sera encore renforcée en novembre prochain », témoigne Jean-Louis Cosson, praticien à Rouen (Seine-Maritime) et président du GTV régional de Haute-Normandie. Dans le département, toutes les conditions sont ainsi réunies pour que l’initiative fonctionne, même si peu de bilans sont d’ores et déjà réalisés. « Le module éleveur commence doucement sa carrière ! Cette visite, prévue pour durer une heure, a pour but d’analyser, au calme, les causes possibles ou probables des affections de l’élevage, les coûts directs et les pertes indirectes, les protocoles de traitement mis en place et leur efficacité. Des programmes de prévention, sanitaires ou médicaux, peuvent être mis en œuvre, leurs résultats et leur rentabilité seront de nouveau analysés à l’aide du registre sanitaire de l’élevage régulièrement complété par l’éleveur », explique notre confrère. En Seine-Maritime, le bilan sanitaire volontaire est rémunéré six AMO(1), dont trois payés par le GDMA pour les éleveurs adhérents. Dans l’Eure, deux AMO sont payés par le GDS et un par le conseil général.

« Les praticiens doivent être les moteurs de cette visite, sans attendre »

Sans la volonté du GDS départemental de promouvoir le bilan sanitaire volontaire, sa mise en place sera plus laborieuse et son succès risque d’être compromis. Ainsi, la situation demeure bloquée dans la Nièvre. « Le GDS traîne les pieds et, pour le moment, ne veut pas admettre la nécessité de mettre en œuvre cette visite, malgré notre insistance relayée par notre direction des services vétérinaires », regrette Jacques Manière, praticien à Decize (Nièvre) et président du GTV 58.

Pourtant, selon Gérard Bosquet, praticien à Auvilliers-les-Forges (Ardennes) et vice-président de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), « les praticiens doivent être les moteurs de cette visite. Il ne faut pas toujours attendre les autres. Bien entendu, l’idéal est que la mise en place du bilan sanitaire volontaire soit une démarche commune du GTV et du GDS. Mais si ce dernier ne souhaite pas en faire la promotion auprès des éleveurs, tout en étant d’accord sur son principe, il est quand même possible pour le praticien de l’initier dans sa clientèle. Ce sera de toute façon à lui de convaincre et de vendre cette visite à ses éleveurs ».

Dans les Ardennes, le GDS est d’accord sur le principe du bilan sanitaire volontaire, mais ne souhaite pas en faire la promotion auprès de ses adhérents pour le moment. Mais cela est prévu dans un futur proche.

Le programme de formation des éleveurs prend parfois le pas sur le bilan volontaire

Dans d’autres départements, OPA et OPV ont préféré miser, dans un premier temps, sur le programme de formation baptisé “l’éleveur infirmier de son élevage”. Elles estiment que cette démarche répond davantage à une attente des éleveurs. « Avec le GDS, nous sommes d’accord sur le principe de la mise en place d’un bilan sanitaire volontaire. Mais je le vois mal commencer cette année, explique Marc Spizzo, praticien à Beaumont-sur-Sarthe (Sarthe) et président du GTV 72. En revanche, nous avons initié la formation “l’éleveur infirmier de son élevage”. Deux sessions “tests” ont déjà eu lieu. C’est une bonne chose de débuter par le programme de formation, car cela permet de renouer le contact avec certains éleveurs et de leur montrer que les vétérinaires sont capables de leur prodiguer du conseil. »

Dans la Manche, une visite sanitaire a été mise en place en 2002. Elle a concerné un quart des élevages bovins, mais n’est finalement pas reconduite. « La visite sanitaire obligatoire s’est imposée, explique Luc Durel, praticien à Marigny (Manche) et secrétaire du GTV 50. Mais cette année, nous avons choisi de miser sur le programme de formation des éleveurs qui semblait mieux répondre à une attente sur le terrain. » Deux vétérinaires du GDS et cinq praticiens du GTV sont d’ores et déjà préparés à former des éleveurs. La première session est prévue dans les prochaines semaines.

L’attente du décret “prescription-délivrance” bloque certainement un peu les choses. En effet, le bilan sanitaire volontaire pourrait servir de base à la réalisation de la visite prévue dans le cadre du décret (voir article en page 36). Sa parution pourrait ainsi servir d’accélérateur au bilan volontaire.

Repousser la mise en place du bilan sanitaire volontaire pour ne pas multiplier les visites

Pour la visite sanitaire obligatoire, officialisée en début d’année via la publication d’un arrêté, le plus gros reste à faire. En théorie, toutes les visites devront être réalisées par les vétérinaires sanitaires d’ici à la fin de l’année. Mais ce ne sera certainement pas le cas. C’est la raison pour laquelle des praticiens ont décidé de remettre le bilan volontaire à plus tard. « La visite sanitaire annuelle obligatoire est venue tardivement. Cela nous laisse déjà peu de temps pour les réaliser, témoigne Cédric Debattice, praticien à Saint-Renan (Finistère) et président du GTV 29. Et puis une nouveauté implique un petit temps d’adaptation. 2005 est une année de transition durant laquelle nous nous contenterons d’effectuer ces visites obligatoires. »

La Vendée est également en situation d’attente. Depuis dix ans, une visite sanitaire annuelle est réalisée. Mais l’officialisation de la visite sanitaire obligatoire en début d’année a changé la donne. Une rencontre des praticiens avec le GDS devrait avoir lieu pour définir les modalités de la nouvelle campagne 2005-2006. « L’objectif serait de coupler cette partie obligatoire avec un module éleveur, de façon à ne pas multiplier les visites », explique Philippe Archambaud, praticien à Montaigu (Vendée) et président du Syndicat des vétérinaires d’exercice libéral de Vendée (SVEL 85).

Pour Jean-Louis Cosson, le bilan sanitaire volontaire est indissociable de la visite obligatoire. « Si nous voulons progresser au niveau sanitaire dans les élevages, le module “MRC obligatoire” (visite sanitaire annuelle) devrait être indissociable du module “éleveur”. Le GTV de Haute-Normandie encourage les praticiens à réaliser les deux en même temps, sans dissocier ce qui est réglementé de ce qui ne l’est pas. Le sanitaire forme un tout », estime notre confrère.

  • (1) Acte médical ordinal fixé à 12,14 € en 2005.

« Nous souhaitons promouvoir le bilan sanitaire »

La Fédération nationale des groupements de défense sanitaire (FNGDS) a la volonté de promouvoir le bilan sanitaire volontaire dans les élevages. Nous l’avions déjà affirmé lors de notre assemblée générale, le 28 avril dernier. Un modèle de convention départementale sur le bilan sanitaire volontaire et la formation “l’éleveur-infirmier de son élevage” est en cours de validation par la FNGDS, la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) et le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL). Elle sera diffusée dans les prochaines semaines dans tous les départements. Elle propose un cadre de mise en place de ces actions : définition du rôle de chacun, tarifs, etc. Ensuite, il revient aux éleveurs et aux vétérinaires de prendre la balle au bond.

Il est vrai, comme nous l’avions précisé lors de notre assemblée générale, que le décret “prescription-délivrance” sera un accélérateur. Pour que le bilan sanitaire volontaire remporte une forte adhésion auprès des éleveurs, la parution de ce texte est indispensable. Cela peut expliquer que certains GDS attendent sa sortie pour promouvoir le bilan auprès de leurs adhérents.

Propos recueillis par Jean-Pascal Guillet

Un allégement à la rentrée ?

« Ce qui m’inquiète le plus, ce n’est pas la mise en place du bilan sanitaire volontaire, mais le projet d’allégement de la prophylaxie de la brucellose bovine. La visite sanitaire obligatoire n’a compensé qu’une faible partie des allégements précédents. Un nouvel allégement constituerait donc une grosse perte d’activité et diminuerait encore la consistance de notre mandat sanitaire », témoigne Philippe Archambaud, praticien à Montaigu (Vendée) et président du Syndicat des vétérinaires d’exercice libéral de Vendée (SVEL 85).

« Cela fait trois ans cet été que nous n’avons pas observé de brucellose abortive, explique la Direction générale de l’alimentation (DGAL). Nous pouvons donc prétendre à l’obtention du statut de pays officiellement indemne.

Le dossier est entre les mains de la Commission européenne. Nous n’avons pas encore de réponse. » Dès lors, un allégement serait possible, selon l’administration. Pour cette année ?

« Cela est envisageable », selon la DGAL. Il s’agirait d’effectuer des prélèvements dans 20 % seulement des élevages chaque année.

J.-P. G.
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