La cétirizine est utilisable au long cours, en complément d’une désensibilisation - La Semaine Vétérinaire n° 1194 du 17/09/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1194 du 17/09/2005

Traitement symptomatique de la dermatite atopique canine

Formation continue

ANIMAUX DE COMPAGNIE

Auteur(s) : William Bordeau

Fonctions : consultant en dermatologie à Maisons-Alfort (Val-de-Marne).

Comme les autres antihistaminiques, cette molécule a une efficacité modérée (0 à 30 %) et des effets secondaires non négligeables (0 à 25 %). Son utilisation à la dose nécessaire se révèle assez chère.

La dermatite atopique canine représente la deuxième dermatite allergique chez le chien. Dans cette espèce, elle affecte 15 à 30 % de la population. Elle met en jeu des mécanismes d’hypersensibilité retardée et immédiate, mais sa pathogénie n’est qu’incomplètement comprise. L’histamine interviendrait dans une certaine mesure, mais tous les auteurs ne sont pas d’accord sur l’importance à lui accorder.

La dermatite atopique canine due aux aéroallergènes est une dermatose chronique, qui justifie donc un traitement sur le long terme. Son contrôle passe généralement par une polythérapie : une injection de désensibilisation toutes les trois à quatre semaines, un traitement symptomatique (en cure ou perannuel selon les molécules) et la gestion des complications infectieuses et des dermatoses associées.

Concernant le traitement symptomatique, diverses molécules peuvent être employées, des acides gras essentiels à la cyclosporine (5 mg/kg/j) en passant par les glucocorticoïdes (le plus souvent en cure). Ces derniers sont à utiliser a minima afin de ne pas entraver la désensibilisation. Il est aussi possible de recourir aux antihistaminiques (comme l’hydroxyzine ou la chlorphéniramine), qui ont leurs détracteurs et leurs partisans. Même si, dans la plupart des cas, ils sont une efficacité modérée, ils ont le mérite de ne pas être toxiques et de permettre potentiellement de diminuer les doses de glucocorticoïdes administrées.

La posologie varie avec la molécule employée. Se contenter d’extrapoler les données issues de l’allergologie humaine ne suffit pas.

La cétirizine, un antihistaminique utilisé lors d’atopie chez l’homme

La cétirizine(1), métabolite de l’hydroxyzine, est un antihistaminique de deuxième génération utilisé dans le traitement de l’urticaire et du prurit atopique chez l’homme. En médecine humaine, cette molécule diminue la réponse immunitaire et la réaction aux tests intradermiques (d’où la nécessité d’attendre au moins quinze jours avant de les effectuer). Le principal effet secondaire rap-porté chez l’homme est la somnolence.

Il existe peu de données pharmacocinétiques disponibles sur l’utilisation de la cétirizine chez le chien. En outre, les rapports sur l’efficacité potentielle de cette molécule ne sont qu’anecdotiques. C’est pourquoi une étude (voir bibliographie page 43) a été réalisée pour évaluer son effet dans le traitement de la dermatite atopique canine. Les résultats confirment l’efficacité modérée et aléatoire des antihistaminiques dans le contrôle de cette affection.

Vingt-trois cas d’atopie confirmés par intradermoréactions ou sérologie allergologique

Les auteurs retiennent vingt-trois chiens pour lesquels un diagnostic clinique d’atopie a été posé à l’université de Cornell (Etats-Unis). Diverses races sont représentées, avec cependant une majorité de labradors et de golden retrievers. Le groupe comprend onze mâles et douze femelles, âgés d’un an et demi à neuf ans et demi et pesant entre 6,8 et 52 kg. La dermatite atopique se manifeste cliniquement depuis un à sept ans et demi. Vingt et un chiens présentent un prurit non saisonnier, avec toutefois une aggravation estivale chez sept d’entre eux, alors que les deux autres souffrent d’un prurit uniquement estival.

Les résultats obtenus à la suite de la réalisation des intradermoréactions ou des analyses de sérologie allergologique sont positifs chez tous les chiens. Seuls dix-huit des vingt-trois animaux ont reçu un régime d’élimination pendant au moins quatre semaines, avec un aliment ménager ou industriel.

Un à trois antihistaminiques ont déjà été administrés à dix-sept des chiens, sans entraîner d’amélioration. Dans tous les cas, le prurit est corticosensible. Préalablement à l’étude, un contrôle bactérien, fongique et parasitaire est effectué. Onze des chiens ne reçoivent que de la cétirizine. Des glucocorticoïdes à une posologie inférieure à la dose minimale efficace (variable selon les individus) sont administrés aux douze autres, le but de la cétirizine étant alors de contrôler complètement le prurit.

Une réponse positive à la cétirizine est obtenue dans 18 % des cas

L’essai clinique dure un mois. Au cours des quinze premiers jours, les chiens reçoivent de la cétirizine à la dose de 1 mg/kg/j. Les quinze jours suivants, seul le placebo est administré. Les propriétaires ne sont pas informés de l’existence de celui-ci, contrairement aux cliniciens. Les maîtres doivent attribuer un score clinique après deux et quatre semaines. Si la cétirizine se révèle efficace, elle est de nouveau administrée aussitôt après, pour évaluer la répétabilité de l’efficacité.

Au final, vingt-deux chiens terminent l’étude (faute du respect du protocole par les propriétaires du vingt-troisième). Quatre d’entre eux (soit 18 %) présentent une réponse positive et répétable à la cétirizine. Tous les quatre souffraient d’un prurit non saisonnier et n’avaient pas répondu au régime d’élimination. La réponse est moyenne chez les deux premiers et excellente chez les deux autres. Deux des vingt-trois chiens (soit 9 %) ont subi des effets secondaires sous la forme de vomissements temporaires.

Le taux de bons résultats s’échelonne en général de 0 à 30 %

Ces résultats sont en accord avec ceux obtenus avec d’autres antihistaminiques, puisque ces molécules sont considérées comme efficaces chez 0 à 30 % des chiens atopiques, et qu’elles occasionnent des effets secondaires dans 0 à 25 % des cas. Mieux vaut donc en essayer plusieurs avant de trouver celle qui se révèle efficace. Elles ont tout à fait leur place dans l’arsenal thérapeutique vétérinaire à partir du moment où les praticiens savent quel résultat en attendre. A la dose employée, la cétirizine est assez chère : il faut compter près de 30 € par mois pour un chien de 20 kg.

  • (1) Médicament humain (Zyrtec®, Virlix®).

BIBLIOGRAPHIE

  • C. Cook, D. W. Scott, W. H. Miller : « Treatment of canine atopic dermatitis with cetirizine, a second generation antihistamine : a single-blinded, placebo-controlled study », Can. Vet. J., 2004, n° 45, pp. 414-417.
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