Lors d'infection à S. equi, les nouveaux cas sont à isoler avant de devenir contagieux - La Semaine Vétérinaire n° 1192 du 03/09/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1192 du 03/09/2005

Un consensus sur la gourme équine

Formation continue

Équidés

Auteur(s) : Xavier d'Ablon

Fonctions : praticien équin à Deauville (Calvados), membre du conseil d'administration de l'Association vétérinaire équine française (Avef).
Article réalisé d'après la communication de consensus sur le traitement, le contrôle et la prévention de l'infection à Streptococcus equi chez le cheval (consultable sur www.acvim.org/wwwfp/consensusStmts/Strangles.pdf) et d'après C. R. Weeney, J.F. Timoney, J.R. Newton, M.T. Hines : « Streptococcus equi infections in horses : guidelines for treatment, control and prevention of strangles », J. Vet. Intern. Med., 2005, n° 19, pp. 123-134.

L'American College of Veterinary Internal Medicine vient de publier une communication de consensus sur le traitement, le contrôle et la prévention de l'infection à Streptococcus equi (gourme) chez le cheval.

Le consensus adopté repose sur les principes de l'evidence based medicine (médecine fondée sur des évidences), chers aux Anglo-Saxons. Cela signifie que lors d'absence ou de contradiction sur certains éléments, des recom-mandations issues de l'expertise collective sont proposées.

La démarche suivie par l'American College of Veterinary Internal Medicine (Acvim) est différente de celle des conférences de consensus qui ont déjà eu lieu en France (comme celle concernant la castration du cheval, organisée par l'Association vétérinaire équine française). Après une large consultation des membres (via l'Internet et le forum annuel), la rédaction s'est faite par étapes successives, de manière pyramidale, jusqu'à la phase finale réalisée par le Board of regents et la publication par quatre auteurs différents. Le but de cette communication est d'être un guide pour le vétérinaire, non un standard de soins.

1 PLUSIEURS SIGNES CLINIQUES.

Les symptômes de la gourme sont dominés par une fièvre aiguë, un jetage muco-purulent et une lymphadénopathie (principalement sous-mandibulaire et rétro-pharyngienne) qui se développent au bout d'une semaine et peuvent être à l'origine d'une obstruction de l'appareil respiratoire supérieur. La toux n'est pas une caractéristique de l'affection. Une dysphagie peut être provoquée par la pharyngite, ainsi que par l'adénopathie ou l'empyème des poches gutturales. La sévérité des signes est liée au statut immunitaire de l'animal. Ils sont souvent plus légers chez les chevaux âgés.

2 ISOLER LES NOUVEAUX CAS.

La pathogenèse de l'infection à S. equi est détaillée dans la publication. L'excrétion nasale de streptocoques ne commence pas avant un à deux jours après l'accès de fièvre. Les nouveaux cas peuvent donc être isolés avant de devenir contagieux. Ils ne restent excréteurs que pendant deux à trois semaines, mais une infection chronique des poches gutturales peut être à l'origine d'un portage et de réexcrétions intermittentes pendant des années. La transmission de l'affection s'effectue de cheval à cheval, par l'intermédiaire du matériel (abreuvoir, mangeoire, licol, etc.), des locaux, des vêtements et du personnel.

La difficulté de l'épidémiologie réside dans l'existence de porteurs sains ou subcliniques (10 % des animaux malades deviennent porteurs chroniques après la guérison clinique) et de chevaux en incubation. Les poches gutturales sont le site majeur de portage. Par ailleurs, la durée de la persistance de S. equi dans l'environnement n'est pas connue.

3 ETABLIR LE DIAGNOSTIC.

Le diagnostic de la gourme équine peut faire appel à plusieurs techniques de laboratoire.

La première est la culture (pus, écouvillon ou lavage nasal). Méthode de référence, elle peut être compliquée par la présence d'autres streptocoques (S. zooepidemicus). Le lavage nasal est le meilleur procédé de prélèvement. Toutefois, S. equi n'est pas présent avant les vingt-quatre à quarante-huit heures qui suivent l'apparition de la fièvre.

La PCR (polymerase chain reaction) est surtout utile pour détecter les porteurs asymptomatiques via les prélèvements au niveau de la poche gutturale. Elle est trois fois plus sensible que la culture. Elle peut être utilisée pour déterminer le statut d'un cheval par rapport à la gourme, avant son transport.

En matière de sérologie, le test Elisa (titrage des anticorps dirigés contre la protéine de surface SeM) est utile pour le diagnostic des infections récentes et pour aider à déceler des cas de gourme erratique ou de Purpura haemorrhagica*.

4 CONTROLER UNE EPIZOOTIE.

Il est nécessaire de stopper tous les mouvements de chevaux, de maintenir les animaux malades dans une zone “sale” bien définie, de prendre les températures rectales de tous les chevaux une fois par jour pour pouvoir traiter et séparer rapidement ceux qui présentent de la fièvre, et d'appliquer des règles strictes d'hygiène.

Des prélèvements (écouvillon ou lavage) sont à réaliser chaque semaine chez les chevaux convalescents.

Détecter les porteurs de S. equi est important. Les chevaux qui se révèlent positifs après la réalisation d'une culture ou d'une PCR doivent subir un examen endoscopique des voies aériennes supérieures, avec éventuellement un prélèvement par lavage des poches gutturales.

5 UNE SOLIDE IMMUNITE NATURELLE.

75 % des chevaux développent une immunité solide et durable (cinq ans et plus) après leur guérison. La vaccination peut donc être efficace également pour protéger de la maladie. Il n'existe pas de protection croisée avec S. zooepidemicus.

Les chevaux ayant eu la gourme l'année précé-dente ne devraient pas être vaccinés, de même que ceux qui présentent des signes cliniques ou chez qui l'Elisa révèle un titre sérologique élevé. Il convient de faire attention au risque de transmission entre chevaux pendant la vaccination d'un effectif.

6 TRAITEMENT DES PORTEURS ET MESURES SANITAIRES.

Le traitement des chevaux porteurs de S. equi. est fondé sur l'utilisation de pénicilline administrée par voies générale et locale (instillation dans les poches gutturales dans une base de gélatine). En cas d'empyème ou de présence de chondroïdes, des thérapeutiques de lavage ou de drainage par cathéter in situ sont mises en œuvre.

Les mesures hygiéniques et sanitaires consistent en l'emploi d'équipements spécifiques pour les chevaux malades. La litière et les aliments doivent être compostés à part. Les locaux, les mangeoires et le matériel sont nettoyés et désinfectés avec un désinfectant liquide ou par la vapeur. Les pâtures contaminées doivent rester inoccupées pendant quatre semaines.

La prévention repose sur des mesures de quarantaine et de dépistage bactériologique. Le Horserace Betting Levy Board (bureau des courses), au Royaume-Uni, a établi un code de bonnes pratiques**.

7 UN TRAITEMENT DISCUTE.

L'opportunité de traiter est discutée, car l'antibiothérapie empêche le développement de l'immunité. Le cheval traité est donc particulièrement susceptible de développer une réinfection. En phase aiguë, une antibiothérapie de trois à cinq jours peut être curative et peut prévenir le développement d'abcès. Dans la phase abcédative, les antibiotiques sont sans doute contre-indiqués (sauf en cas d'obstruction de l'appareil respiratoire supérieur). Il faut viser la maturation et le drainage des abcès. Les anti-inflammatoires sont souvent nécessaires pour diminuer la fièvre et soulager le cheval.

L'antibiotique de choix est la pénicilline (pas de résistance), suivie par les céphalosporines et les macrolides.

8 DES COMPLICATIONS POSSIBLES.

Des abcès métastatiques peuvent se développer dans tous les organes (poumons, mésentère, foie, rate, reins et système nerveux central), en plus des infections chroniques des sinus ou des poches gutturales. La complication à médiation immune (Purpura haemorrhagica) est une vasculite aseptique nécrosante, plus ou moins sévère, qui se manifeste classiquement par de l'œdème sous-cutané et des pétéchies et ecchymoses des muqueuses. Des cas de myosite, glomérulonéphrite et myocardite sont aussi décrits.

  • * La PCR et la sérologie seront prochainement disponibles en France.

  • ** Consultable sur le site www.hblb.org.uk/hblbweb.nfs/Codes% 20Practice%202004.pdf

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