La lutte contre les puces et les tiques, parasites et vecteurs de maladies, se justifie doublement - La Semaine Vétérinaire n° 1192 du 03/09/2005
La Semaine Vétérinaire n° 1192 du 03/09/2005

Attentes et innovations en matière d'ectoparasiticides

Formation continue

Animaux de compagnie

Auteur(s) : Lénaïg Halos

Fonctions : allocataire de recherche, unité mixte de recherche biologie et immunologie parasitaires et fongiques (ENVA).
Article réalisé d'après le 3e symposium de parasitologie et dermatologieorganisé par Merial, le 19 mai 2005 à Paris.

Le 3e symposium de parasitologie et de dermatologie s'est déroulé le 19 mai dernier à Paris. Le thème retenu était l'épidémiologie et le contrôle des puces et des tiques en Europe.

Notre confrère Jean-Louis Foraz (Merial) a présenté les résultats d'une enquête, menée en France, sur les attentes des propriétaires d'animaux de compagnie en matière d'ectoparasiticides. Il apparaît que seulement 9 % des chiens ne reçoivent aucun traitement antiparasitaire, au lieu de 18 % des chats. Trois catégories de propriétaires sont mises en évidence. La première regroupe les « arthropophobes » (29 %), qui ont une pleine confiance dans les conseils prodigués par le vétérinaire et attendent du traitement une protection large et un caractère préventif. Vient ensuite le groupe des « amoureux des animaux », le plus important (47 %), qui rassemble ceux qui considèrent généralement l'animal comme un membre de la famille. Ils sont plus circonspects vis-à-vis des conseils du praticien. Parmi eux, certains ont facilement recours à des traitements pour leurs animaux (23 %) et d'autres sont plus méfiants (24 %). La dernière catégorie est celle des propriétaires « non impliqués » (24 %), qui s'occupent peu de leurs animaux. Ils utilisent rarement des traitements et réclament des produits curatifs plutôt que préventifs.

Les propriétaires sont exigeants en matière de traitements contre les ectoparasites

Les attentes des propriétaires en termes de traitements contre les ectoparasites sont une plus longue durée d'action, un emploi plus aisé et une facilité d'achat accrue (disponibilité en pharmacies et en grandes surfaces). Un effet répulsif sur les moustiques ou sur d'autres insectes (aoûtats, phlébotomes) est aussi demandé. Les propriétaires souhaitent disposer d'un produit qui agit à la fois sur les puces et les tiques, avec une activité vis-à-vis de tous les stades de développement, notamment pour les puces. Ils exigent en outre une innocuité garantie, en particulier pour les enfants. Certaines de ces attentes sont déjà satisfaites (effets combinés sur les tiques et les puces, sur les différents stades de développement et innocuité).

Plusieurs pistes à explorer pour la fabrication des antiparasitaires de demain

Notre confrère Frédéric Beugnet (responsable scientifique “animaux de compagnie”, Merial Europe) a présenté les innovations actuelles et celles qui sont envisageables dans les dix ans à venir. Elles peuvent porter sur l'élargissement du spectre d'activité des produits, l'innocuité du traitement, la facilité d'emploi ou le prix. L'emploi de nouvelles molécules ou de combinaisons de molécules, de formulations inédites d'une molécule existante oul'étude de voies de lutte encore inexplorées sont autant de pistes.

Parmi les molécules insecticides d'avenir, les néonicotinoïdes, qui peuvent être utilisés à la fois sous forme ectopique et orale, font l'objet de recherches. Cependant, ils n'ont pas d'activité acaricide. Les dérivés de l'acide nodulisporique, complexe de molécules obtenues par la fermentation d'un champignon (Nodulisporium sp.), ont pour cible les canaux ioniques des arthropodes et présentent donc un large spectre insecticide et acaricide, ainsi qu'une innocuité pour l'animal. Ces molécules sont actuellement développées sous forme orale ou injectable.

De nombreux vaccins antiparasitaires sont actuellement à l'étude

Le développement de vaccins, dirigés contre l'ectoparasite lui-même, est également largement étudié. Un vaccin qui permet de lutter exclusivement contre la tique du bétail, Boophilus microplus, est actuellement disponible en Australie et en Amérique du Sud. Des recherches sont menées pour en développer contre Rhipicephalus sanguineus, ainsi que pour lutter contre les puces, mais leur arrivée sur le marché n'est pas prévue à court terme. Par ailleurs, des vaccins contre les réactions allergiques, comme l'hypersensibilité à la piqûre de puce, sont à l'étude.

Les parasitoïdes offrent également des perspectives innovantes. Cette appellation regroupe tous les êtres vivants qui « parasitent les parasites ” et pourraient donc permettre le contrôle de ces populations. Il s'agit souvent d'insectes hyménoptères, proches des guêpes. Tel est le cas d'Ixodiphagus sp., qui a pour hôte spécifique les tiques du genre Ixodes. Il peut aussi s'agir de nématodes, comme Steinerema sp. Entomopathogénique, il peut détruire les populations de puces. Les larves de ce vers sont actuellement commercialisées aux Etats-Unis dans ce but. Cependant, ce parasitoïde est non spécifique et peut s'attaquer à de nombreuses classes d'insectes, ce qui est écologiquement inacceptable.

Les profils d'infestation par les puces sont assez similaires en Europe

Nos confrères Wieland Beck (université de Münich), Susan Shaw (université de Bristol) et Patrick Bourdeau (professeur de parasitologie à l'ENVN) ont respectivement présenté l'épidémiologie de l'infestation par les puces en Allemagne, au Royaume-Uni et en France. Les profils d'infestation des animaux domestiques sont assez similaires d'un pays à l'autre. Ctenocephalides felis est de loin l'espèce la plus fréquente (excepté en Irlande, où C. canis est davantage représenté).

L'infestation ne dépend pas du type d'environnement, urbain ou rural. Un animal qui vit exclusivement en appartement présente autant de risque d'être infesté qu'un autre vivant à la campagne. L'origine de l'infestation d'un chien ou d'un chat naïf* est en général l'environnement immédiat ou le contact avec d'autres animaux. L'idée globalement admise qu'une puce gorgée ne survit pas plus de quelques jours sans hôte est mise à mal par une étude qui met en évidence que 50 % des puces sont encore vivantes dix jours après avoir été retirées de leur hôte. En France, l'épidémiologie de l'infestation par les puces diffère entre le chat et le chien. Si elle est plutôt saisonnière chez ce dernier (en général en été), elle est globalement constante au cours de l'année dans l'espèce féline. En outre, il semble que chaque région a ses propres pics saisonniers. Les taux d'infestation sont en général plus élevés chez les jeunes chats que chez les individus plus âgés, alors que l'inverse est observé chez les chiens. Par ailleurs, l'infestation a diminué d'environ 10 % durant les dix dernières années dans l'espèce canine, alors qu'elle est restée stable chez les chats.

L'accent a également été mis sur les agents pathogènes transmis par les puces, en particulier Bartonella henselae pour la maladie des griffes du chat. Selon une étude menée au Royaume-Uni, 17 % des puces sont porteuses de la bactérie. En France, environ 16 % des chats domestiques sont bactériémiques.

Les tiques sont vecteurs d'agents pathogènesen France

Les tiques font de plus en plus parler d'elles en tant que vecteurs de maladies animales et humaines émergentes en Europe. Dans chaque pays, les espèces prédominantes conditionnent la prévalence des agents pathogènes transmis.

Muriel Vayssier-Taussat (chargée de recherche, Inra) a présenté les résultats préliminaires d'une enquête réalisée en Rhône-Alpes et en Auvergne. Les principales espèces de tiques qui infestent les chiens et les chats sont Ixodes ricinus et, dans une moindre mesure, Dermacentor sp. et Rhipicephalus sanguineus. Elles sont chacune les vecteurs spécifiques de nombreuses affections bactériennes (borrélioses, anaplasmoses, rickettsioses, ehrlichioses) ou parasitaires (babésioses et theilerioses) en France. En outre, les tiques collectées sur les animaux domestiques lors de l'enquête présentaient des taux d'infection importants pour différents agents pathogènes (Borrelia burgdorferi, Anaplasma sp., Ehrlichia sp., Rickettsia sp. et Babesia sp.). Cela démontre le réel risque d'infection.

Le Flea simulator permet de comprendrela dynamique des populations de puces

La journée s'est achevée par la présentation du Flea simulator, un logiciel de simulation de l'infestation de l'habitat par les puces, à but éducatif (et non prédictif), mis au point par Merial. Destiné aux vétérinaires, aux étudiants et aux auxiliaires, il permet de comprendre la dynamique des populations de puces selonde nombreux paramètres qui vont de la surface de sol au type de traitement appliqué. Il sera prochainement disponible sur le site Internet du laboratoire.

  • * Qui n'a jamais été en contact avec le parasite.

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