Rapport “Viande rouge et cancer ”: une cocotte-minute à retardement ?

Un rapport saignant ! Alors que l’élevage porcin et bovin est en pleine crise en France, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), met les filières viande sur le grill¹. En effet, le 26 octobre dernier, l’OMS a rendu public un rapport qui classe « la consommation de viande rouge comme probablement cancérogène, et celle de viande transformée (essentiellement la charcuterie) comme cancérogène, pour l’homme »². Ce rapport sème la confusion. D’une part sur la dénomination des viandes dites “rouges”. Pour le Circ, « la viande rouge fait référence à tous les types de viande issus des tissus musculaires de mammifères comme le bœuf, le veau, le porc, l’agneau, le mouton, le cheval et la chèvre », les volailles n’étant pas concernées. Cette classification ne fait pas l’unanimité auprès des professionnels des filières d’élevage. Par ailleurs, « les viandes transformées désignent pour leur part des viandes transformées par salaison, maturation, fermentation, fumaison ou d’autres processus mis en œuvre pour rehausser leur saveur ou améliorer leur conservation », toujours selon le Circ. La plupart de ces viandes transformées, désormais classées « cancérogènes », renferment du porc ou du bœuf, mais peuvent donc aussi contenir de la volaille, des abats ou des sous-produits carnés comme le sang.

Notre ministre intervient

Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a immédiatement réagi à ce rapport. « Je ne veux pas qu’un rapport comme celui-là mette encore plus la panique chez les consommateurs », a-t-il déclaré. Et d’ajouter qu’ « au-delà d’un certain niveau de consommation, on peut avoir un cancer. On le savait déjà. On peut et on doit consommer de la viande, mais on doit le faire de manière raisonnable ». Notre ministre de tutelle a plaidé pour la mise en place de recommandations sur la fréquence de consommation de viande, plutôt que pour un bannissement de celle-ci.

De son côté, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), qui a travaillé sur le sujet en 2011, mettait déjà en évidence une relation convaincante entre consommation de viande rouge ou de viande transformée (charcuterie) et augmentation de la probabilité de développer certains cancers. Les recommandations de l’Anses visent à limiter la consommation de viande à 500 g par semaine et à varier les sources de protéines animales (œufs, viandes, poissons) et les types de viande. L’agence souligne par ailleurs que les cancers sont des maladies complexes, résultant de l’interaction entre un grand nombre de facteurs de nature génétique, comportementale (tabagisme, pratique d’une activité physique, etc.) ou encore environnementale, au sens large, y compris donc l’alimentation.

• 1 http://bit.ly/1LR0IoC.

• 2 http://bit.ly/1k7DQKQ.