• Indications
    > L'indication principale de la stérilisation chez la lapine : la prévention des tumeurs utérines
    Les indications de la stérilisation chez la lapine sont multiples :

    • Prévention des tumeurs utérines. 80% des lapines de plus de 5 ans présentent des tumeurs utérines, le plus souvent des adénocarcinomes.

    • Gestion de la reproduction : en cas de cohabitation avec des mâles non castrés.

    • Diminution des comportements indésirables : vis-à-vis des propriétaires lors de marquage urinaire, d'agressivité ou vis à vis d'autres animaux.

    • Métrorragie, grossesse nerveuse, pyomètre, tumeur mammaire, trouble de la mise-bas...
  • Indications
    > La vulve des lapines en période de réceptivité est oedématiée et rouge sombre
    L'ovariectomie préventive chez la lapine est recommandée à partir de l'âge de 6 mois qui correspond à la puberté. C'est à la puberté que les propriétaires constatent également en général un changement de comportement : agressivité, territorialité surtout marquée dans la cage, marquage urinaire...

    On pratique une ovariectomie jusqu'à l'âge d'environ 1 an à 1 an 1/2. Ensuite, l'ovario-hystérectomie est le plus souvent préférée.
  • Indications
    > Radiographie permettant de visualiser l'utérus anormal et partiellement calcifié (présence également de boue vésicale)
    Le diagnostic lors d'affection génitale est en général clinique mais peut également reposer sur la radiographie et surtout l'échographie. Les signes cliniques évocateurs de tumeur utérine sont :

    • palpation de masses, d'une corne indurée ou d'une zone anormale entre le caecum et la vessie (il est indispensable de toujours pratiquer une palpation attentive de cette zone lors d'un examen clinique afin de se familiariser avec l'aspect normal),

    • « hématurie « (au moins 80% des « hématuries « sur les lapines entières de plus de 5 ans sont en fait des métrorragies),

    • grossesses nerveuses à répétition sur un animal de plus de 5 ans,

    • tumeurs mammaires (toujours liées à une tumeur utérine ou ovarienne), etc...
  • Gestion Pré-Opératoire
    > Une pesée précise est indispensable avant la chirurgie
    • La lapine doit être en bon état général. Il faut entre autre se méfier des troubles respiratoires cliniques ou subcliniques, susceptibles de diminuer la ventilation per-opératoire.

    • Le lapin n'a pas la capacité anatomique de vomir. Une diète complète est donc inutile et même potentiellement néfaste (hypoglycémie et stase digestive). Il est possible de laisser le lapin dans les heures précédant la chirurgie avec de l'eau et du foin afin de limiter le risque de débris alimentaires dans la bouche pouvant être à l'origine d'une fausse route.

    • Une pesée la plus précise possible est réalisée afin de doser exactement les médicaments administrés.
  • Gestion Pré-Opératoire
    > Injection par voie intramusculaire
    • L'analgésie peropératoire est très importante chez le lapin. Elle est le plus souvent réalisée à l'aide de buprénorphine ou de meloxicam, administrée au moins 30 min avant le début de l'intervention par voie IM ou SC. Si l'on réalise une injection par voie intramusculaire, il faut se méfier car les muscles des lombes sont très fermes et la pénétration de l'aiguille peut être difficile et douloureuse.

    • L'antibioprophylaxie est actuellement déconseillée en l'absence d'infection. Elle peut néanmoins être réalisée avec de nombreux antibiotiques mais il ne faut pas oublier la sensibilité des lapins à certaines molécules comme les pénicillines par exemple (à l'exception de la pénicilline G injectable). On peut notamment utiliser les quinolones ou l'association trimethoprime-sulfamides.

    • Une prémédication du lapin est conseillée au moins 15 min avant la chirurgie. Elle peut être réalisée à l'aide d'une association butorphanol-midazolam IM par exemple.
  • Gestion Pré-Opératoire
    > Mise en place d'un cathéter intraveineux dans une veine céphalique
    • Un cathéter intraveineux doit être mis en place. Les veines céphaliques, saphènes ou la veine auriculaire latérale sont facilement accessibles chez les lapins en bonne santé. La veine saphène externe a un trajet plus vertical et une position plus médiane sur le tibia que chez les carnivores. La veine céphalique est plus courte et le lapin plie la patte après son réveil. Le cathétérisme de la veine auriculaire latérale peut parfois être à l'origine d'une thrombose voire d'une nécrose d'une partie du bord libre du pavillon auriculaire.

    • Des fluides sont administrés de manière systématique en per-opératoire soit en sous-cutané (en l'absence de voie veineuse) soit en intraveineux à l'aide de NaCl 0.9% ou d'un mélange NaCl 0.9% et glucose 5% tiédi à la dose de 10 ml/kg/h environ.
  • Anesthésie
    > Induction de l'anesthésie par voie gazeuse au masque après immobilisation dans une serviette
    Plusieurs possibilités existent pour l'anesthésie d'une lapine en vue d'une ovario-hystérectomie :

    • Anesthésie fixe : plusieurs associations sont utilisables. Les plus fréquentes sont midazolam-kétamine et médétomidine-kétamine. La tilétamine est potentiellement néphrotoxique chez le lapin.

    • Anesthésie gazeuse au masque (isoflurane principalement avec induction à 5% et maintien à 2%).

    • Anesthésie gazeuse avec intubation (sonde sans ballonnet 2.5 à 3.5).
  • Anesthésie
    > Positionnement du masque anesthésique pour un maintien au gaz
    Les anesthésies peuvent être combinées avec une injection d'une faible dose d'anesthésique fixe et un maintien au gaz. Lors d'anesthésie fixe, on utilise le masque afin de permettre une oxygénation maximale du lapin pendant la chirurgie.

    L'induction en gazeuse se réalise soit directement au masque, soit en chambre à induction.

    La contention du lapin est très importante afin de limiter les risques de fracture de la colonne vertébrale (fragilité de L6) lors de ruades. Elle peut notamment se réaliser en entourant le lapin dans une serviette et en positionnant son corps par-dessus le lapin pendant l'induction.
  • Anesthésie
    > Intubation à l'endoscope (technique side by side)
    L'intubation du lapin est délicate. Elle n'est pas possible en visualisation directe. L'intubation se fait soit à l'endoscope (technique side by side ou technique sur l'endoscope à l'aide d'un endoscope de 1.9mm), soit à l'aveugle. Ces méthodes nécessitent une certaine expérience. Au-delà de 3 essais d'intubation sans succès, le risque d'œdème laryngé est important et mieux vaut alors maintenir l'anesthésie au masque.
  • Préparation
    > Positionnement de la lapine pour la stérilisation
    La lapine est placée en décubitus dorsal. La table est inclinée afin de surélever la tête et de faciliter la respiration du lapin (faible capacité thoracique et volume viscéral important gênant les mouvements diaphragmatiques) Les postérieurs ne doivent pas être trop écartés, le lapin disposant de peu de laxité latérale au niveau des hanches.

    Le risque d'hypothermie per-opératoire étant relativement important, la lapine est protégée de la table à l'aide d'une serviette et d'un tapis chauffant. Attention néanmoins à l'hyperthermie et au risque de brûlure.
  • Préparation
    > Electrocardiogramme de lapin
    Un électrocardiogramme placé classiquement permet d'assurer une bonne surveillance cardiaque per-opératoire.

    Des larmes artificielles sont instillées dans chaque œil pour limiter la dessication de la cornée.

    La peau du lapin est très fine et fragile. Il convient de tondre doucement pour éviter les coupures. La tonte et la désinfection sont classiques en évitant de trop mouiller l'animal afin de limiter les déperditions de chaleur.
  • Chirurgie pas à pas
    > Schéma
    Points importants pour la chirurgie :

    • Le caecum peut gêner lors de l'incision de la ligne blanche et pendant la chirurgie et est extrêmement fragile
    • L'utérus est directement visible après incision de l'abdomen
    • L'infundibulum est très long
    • L'ovaire est facilement visible et posé sur la bourse ovarique
    • Les tissus sont fragiles et doivent être manipulés avec précaution
    • La veine utérine se situe au milieu du ligament large, souvent masquée par le gras
    • La lapine a deux cols utérins
    • Le vagin est très long et doit être partiellement réséqué
  • Chirurgie pas à pas
    > Mise en place du champ chirurgical
    Les champs peuvent être fixés à l'aide de pinces à champ, suturés à la peau ou on peut utiliser un champ collant. Les champs transparents permettent une bonne surveillance per-opératoire de l'animal.
  • Chirurgie pas à pas
    > Incision cutanée
    L'incision cutanée est réalisée avec une lame de bistouri de petite taille (11 par exemple). Elle part de 1 cm sous l'ombilic à l'aplomb des mamelles suivantes.
  • Chirurgie pas à pas
    > Incision de la ligne blanche
    La ligne blanche est incisée dans la portion caudale de l'incision cutanée. Elle doit être fortement soulevée avant d'inciser avec précaution. Le caecum peut se situer juste sous la ligne blanche en région de l'ombilic s'il est plein. Il ne faut surtout pas le ponctionner car sa suture est presque impossible et le léser revient en général à condamner l'animal. Une fois la ligne blanche ponctionnée, on place immédiatement une sonde cannelée et on agrandit l'ouverture avec précaution en visualisant le caecum dès que possible. Il faut bien vérifier également l'absence d'anses intestinales entre la sonde et la paroi musculaire.
  • Chirurgie pas à pas
    > Visualisation de l'utérus
    La corne utérine est en général la première chose visualisée. Elle se présente sous la forme d'une structure tubulaire, tonique, rouge vif et en forme de lyre. Le caecum est nettement visible à côté de l'utérus. Il faut éviter au maximum de le manipuler. Il est très fragile et des pétéchies se déclarent à sa surface dès qu'il est manipulé.
  • Chirurgie pas à pas
    > Extériorisation de l'ovaire et l'utérus
    Les tissus du lapin sont fragiles. On extériorise donc doucement la corne utérine et l'ovaire à son extrémité. Le pédicule ovarien est relativement court et il peut être nécessaire d'agrandir un peu l'incision en veillant à ne pas trop exposer le caecum si possible et à ne pas trop favoriser non plus les déperditions de chaleur. L'infundibulum est particulièrement long et l'ovaire est facilement visible, posé sur la bourse ovarique graisseuse.
  • Chirurgie pas à pas
    > Mise en place des clamps de chaque côté de l'ovaire
    La pose de clamp au préalable n'est pas forcément nécessaire, notamment pour la ligature de la corne utérine. Ils peuvent être lourds et favoriser les gestes brusques et la déchirure des tissus très fragiles.
  • Chirurgie pas à pas
    > Pose des ligatures
    Les ligatures sont posées de chaque côté de l'ovaire comme pour une ovariectomie de carnivore. On utilise pour les ligatures un fil résorbable 3.0 ou 4.0. Il faut bien vérifier l'absence d'anses intestinales prises dans la suture. Lors d'ovario-hystérectomie, la ligature sur la corne permet d'éviter d'alourdir les tissus avec un clamp entre l'exérèse de l'ovaire et la ligature de l'utérus.
  • Chirurgie pas à pas
    > Exérèse de l'ovaire
    L'ovaire est excisé au bistouri.
  • Chirurgie pas à pas
    > Vérification de l'hémostase
  • Chirurgie pas à pas
    > Extériorisation du deuxième ovaire
    La même manipulation est effectuée avec l'autre ovaire.
  • Chirurgie pas à pas
    > Exérèse du deuxième ovaire
  • Chirurgie pas à pas
    > Visualisation de la vascularisation utérine
    La veine utérine se situe au milieu du ligament large et non le long de la corne utérine. Elle doit être bien visualisée et doit être ligaturée individuellement s'il y a beaucoup de gras.
  • Chirurgie pas à pas
    > Aspect général de l'utérus
    La dissection du ligament large est classique.
  • Chirurgie pas à pas
    > Ligature du corps de l'utérus
    Les deux cols utérins sont visualisés et une ligature en masse est effectuée. Une ligature transfixante peut être préférée en cas d'amas graisseux important. Il faut faire attention de ne pas prendre les uretères dans la ligature. La ligature se fait au milieu du vagin. On réalise en fait une ovario-hystérec-vaginectomie partielle. Le vagin étant particulièrement long chez la lapine, si on ligature près des cols, il forme une poche favorisant les rétentions urinaires rétrogrades et les infections du moignon.
  • Chirurgie pas à pas
    > Exérèse de l'utérus
    L'exérèse est réalisée au bistouri. L'hémostase est ensuite vérifiée puis le moignon vaginal remis en place.
  • Chirurgie pas à pas
    > Fermeture musculaire
    La paroi abdominale est refermée avec un surjet ou des points simples avec un fil résorbable 3.0 ou 4.0. Il faut faire attention au caecum présent juste sous la paroi musculaire.
  • Chirurgie pas à pas
    > Fermeture de l'incision cutanée
    Une suture sous-cutanée n'est en général pas nécessaire. La fermeture cutanée est réalisée avec des points simples à l'aide d'un fil 3.0 ou 4.0. Un surjet intradermique ou de la colle chirurgicale peuvent également être utilisés.
  • Gestion Post-Opératoire
    > En cas d'anorexie post-opératoire, le gavage est indispensable
    • La température corporelle doit être surveillée au moment du réveil.
    • La gestion de la douleur est indispensable, plusieurs molécules peuvent être utilisées, notamment le meloxicam.
    • La lapine est réalimentée dès le réveil. Le propriétaire doit surveiller que le lapin se réalimente et que le transit reprend dans les 24 heures suivant l'opération. Dans le cas contraire, une consultation de contrôle est indispensable. La cause est le plus souvent une douleur : une analgésie et le gavage avec un aliment adapté sont instaurés.
    • Il n'est pas nécessaire de mettre un pansement ou une collerette (souvent mal tolérée par les lapins). Les lapins ne touchent en général aux sutures que lors d'irritation ou de douleur.
    • La litière doit être propre ou le propriétaire peut utiliser des serviettes éponge pendant quelques jours.
    • Le retrait des points a lieu 10-15 jours après l'intervention.
    • Les complications post-opératoires possibles incluent les hémorragies, l'infection et le retrait des points par la lapine. Suite à une laparotomie, le lapin a également tendance à faire des adhérences et de la stéatite.
    • Il est très important d'informer le propriétaire que la libido ne disparaît pas aussitôt après la stérilisation.