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Les médias sociaux : amis ou ennemis des scientifiques ?

Tanit Halfon | 11.04.2017 à 15:32:06 |
médias sociaux
© Rawpixel

Une étude se penche sur la communication entre le grand public et les scientifiques.

A l’heure du numérique, trouver une information semble devenu un jeu d’enfant. D’ailleurs, nul besoin de chercher bien longtemps (ou de chercher tout court), elle arrive bien assez vite, sans qu’on le veuille même, notamment via les réseaux sociaux où elle se « like » et se partage à toute vitesse. En témoigne, comme le rappelle deux chercheuses du centre de recherche de Teagasc (organisme irlandais de recherche et de développement des secteurs agricole et agro-alimentaire, équivalent de l’INRA), la crise sanitaire allemande de 2011 impliquant la bactérie Escherichia coli. Les concombres d’Espagne avaient été pointés du doigt par la commission européenne comme étant une source potentielle de contamination. Cette information, pas encore confirmée, avait alors été rapidement reprise par les internautes et diffusée largement via les réseaux sociaux…impactant significativement les ventes. La question posée par l’étude est de savoir si une meilleure communication entre les scientifiques et le grand public, par l’intermédiaire de ces plateformes virtuelles, pourrait éviter ce genre d’emballement.

Pour ce faire, les chercheuses ont interrogés 80 scientifiques du secteur agro-alimentaire d’Irlande et du Royaume-Uni et dont les travaux sont financés par des fonds publics. Il en est ressorti qu’ils jugeaient plus intéressant d’interagir avec des acteurs ayant un intérêt professionnel pour la science. En effet, communiquer avec des chercheurs de la même discipline obtient 79% des votes, les organismes de financement 73% et les décideurs politiques 50%. Le grand public n’obtient que 39% des suffrages, les organisations non-gouvernementales 28% ou encore les associations des consommateurs 25%. Peu échangeait avec le grand public via les réseaux sociaux, les avantages à cela étant peu visibles, à la différence du risque de mauvaise interprétation.

Malgré ce constat, les chercheuses estiment que l’essor des « altimetrics » pourrait encourager les scientifiques à considérer les réseaux sociaux comme un nouvel outil de reconnaissance de leurs travaux. Pour rappel, les « altimetrics » regroupent un ensemble de mesures quantitatives permettant d’évaluer l’impact sociétal d’une publication virtuelle, via son suivi sur internet. Cela englobe par exemple le nombre de téléchargements ou d’accès au document, le nombre de fois où le document a été « liké » ou partagé, le nombre de mention du document (dans des articles de presse, réseaux sociaux, sites de vidéo en ligne, blogs, etc.). Visibles par le grand public, ils peuvent ainsi contribuer à accroître la popularité d’un article. La direction générale pour la recherche et l’innovation de la commission européenne a d’ailleurs créé un groupe d’experts pour mieux appréhender leur rôle en science.

Au-delà du simple aspect promotionnel, promouvoir un dialogue transparent entre le grand public et les scientifiques pourrait aider à lutter contre « les crises de confiance » et la désinformation. 

Tanit Halfon
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