L’expertise du vétérinaire face au déclin des abeilles - Le Point Vétérinaire.fr

L’expertise du vétérinaire face au déclin des abeilles

Serge Trouillet | 14.12.2017 à 11:31:17 |
Abeille
© CIRAD – Antoine Franck

Jusqu’au début des années 2000, la gestion sanitaire de l’abeille domestique n’était pas même une question. Les apiculteurs, tant amateurs que professionnels, avec insouciance, faisaient leur miel. Le déclin d’Apis mellifera a changé la donne. L’aide d’autres professionnels, notamment des vétérinaires qui réinvestissent ce secteur autrefois délaissé, apparaît nécessaire. Une urgence même, tant l’encadrement sanitaire reste insuffisant.

Le déclin des abeilles, tout autant que des autres pollinisateurs, est observé depuis les années 1990, principalement par les apiculteurs européens et américains. Chaque hiver, parfois jusqu’à un tiers des colonies d’abeilles domestiques disparaissent. Cette hécatombe trouve de multiples origines. Elle fait intervenir l’appauvrissement de la diversité et de la qualité des ressources alimentaires en lien avec le changement climatique, l’intensification des monocultures, la modification des paysages induisant la disparition d’habitats naturels, l’action d’agents pathogènes responsables de maladies telles la varroose, les loques et la nosémose, le stress chimique provoqué par l’exposition des abeilles aux produits phytosanitaires et vétérinaires, ou encore certains prédateurs tels que le frelon à pattes jaunes (frelon asiatique). 
Aucun de ces facteurs n’a été isolé comme responsable unique de ce déclin. Les spécialistes du domaine orientent aujourd’hui leurs recherches sur les effets combinés de ces différents stress. « Reste que cette mortalité est compensée par la multiplication des élevages, lesquels appellent en conséquence une surveillance sanitaire accrue », observe Christophe Roy, praticien mixte à Riom-ès-Montagnes (Cantal).

Le vétérinaire, un élément central du dispositif sanitaire
Le vétérinaire libéral, compétent en apiculture et pathologie apicole, est susceptible d’intervenir à différents niveaux du dispositif de la santé des abeilles. Lors de dangers sanitaires de catégorie 1 (DS1), naguère appelés maladies réputées contagieuses (MRC), qui regroupent la loque américaine due à Paenibacillus larvae et la nosémose due à Nosema Apis, ainsi que deux infestations émergentes, par le petit coléoptère de la ruche Aethina tumida et par l’acarien Tropilaelaps clareae. Dans ces cas, la direction départementale de la protection des populations (DDPP) missionne alors un vétérinaire mandaté, qui sera envoyé dans les élevages concernés, à des fins de police sanitaire, tel que défini dans l’arrêté du 23 décembre 2009.
Lors de mortalités massives aiguës constatées par un apiculteur, celui-ci sollicite la DDPP qui renvoie vers le service régional de l’alimentation (SRAL), le service déconcentré de la Direction générale de l’alimentation (DGAL). On est là dans une suspicion d’intoxication ; une enquête phytosanitaire est déclenchée avec, en parallèle, la visite diligentée d’un vétérinaire ou d’un technicien sanitaire apicole (TSA) sous sa responsabilité. Tous les autres événements de santé relèvent du secteur vétérinaire libéral. 
Les praticiens libéraux, du reste, sont les chevilles ouvrières de l’Observatoire des mortalités et des affaiblissements de l’abeille (Omaa), dont le projet pilote a démarré dans les régions Pays de la Loire et Bretagne. « Il s’agit de mettre rapidement en relation les apiculteurs, dont les colonies subissent un trouble, avec les investigateurs et le service dédié pour le traiter, et ce par le biais d’un numéro d’appel unique tenu par des vétérinaires compétents en apiculture », résume Gérald Therville-Tondreau, praticien mixte à Châteauneuf-sur-Sarthe (Maine-et-Loire).

Retrouvez l'intégralité de cet article en pages 44-49  de La Semaine Vétérinaire n° 1744.

Serge Trouillet
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