« Je suis témoin d’une mobilisation historique » - Le Point Vétérinaire.fr

« Je suis témoin d’une mobilisation historique »

30.10.2013 à 06:00:00 |
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La mobilisation vétérinaire à l’encontre du projet de découplage des antibiotiques critiques s’accroit considérablement. Le projet de Loi d’avenir est actuellement dans les mains du Conseil d’Etat. Il sera présenté au Conseil des Ministres du 13 novembre prochain.

Les organisations professionnelles vétérinaires agissent de concert au sein d’un comité national contre cette mesure. Le Syndicat National des Vétérinaires d’Exercice Libéral (SNVEL) amplifie l’action syndicale et construit la journée sans vétérinaire du 6 novembre prochain. Rendez-vous est en effet donné à tous les confrères dans une semaine. Le cortège partira de la gare Montparnasse pour se rendre au Ministère de la Santé. Dans les régions et les départements, les réunions locales se multiplient, les vétérinaires apportent massivement leur soutien à cette initiative. Une pétition en ligne a déjà recueilli plusieurs milliers de signatures, seulement 24 heures après sa mise en ligne. Twitter, Facebook, relais auprès de la clientèle, affichages de l’argumentaire dans les cliniques, fermetures des structures alors que seules les urgences seront assurées, relais auprès des médias, etc. : différentes actions se multiplient. La réplique au séisme de l’annonce du projet du Ministère de la Santé ne s’est pas fait attendre par notre profession, toujours réactive quand il s’agit de défendre la Santé publique. Michel Baussier, président du Conseil Supérieur de l’Ordre (CSO) a également adressé trois courriers : à Matignon, au Ministère de l’Agriculture et au Ministère de la Santé. Il témoigne.

Les organisations professionnelles viennent de quitter la table des discussions du comité de pilotage du Plan Ecoantibio 2017, quel message fort souhaitez-vous ainsi diffuser ?
Michel Baussier : À l’issue de la réunion du comité de pilotage du Plan Ecoantibio 2017 ce 29 octobre dernier, nous avons décidé de suspendre notre participation à ces travaux. Nous ne pouvions plus les cautionner, alors qu’en parallèle, le Ministère de la Santé a introduit une mesure sournoise et abjecte ! Nous reviendrons autour de la table quand cette proposition félonne aura été retirée. Nous souhaitons bon courage aux instances gouvernementales pour la lutte contre l’antibiorésistance en médecine vétérinaire sans les vétérinaires.

Les vétérinaires répondent massivement à la mobilisation du 6 novembre prochain, serez-vous présent aux côtés de nos confrères ?
Oui, je suis témoin d’une mobilisation historique. Face à cette situation exceptionnelle, la réponse des vétérinaires est exceptionnelle. Je serai mobilisé, car nous sommes totalement opposé au projet de découplage qui porte atteinte à la qualité du service rendu.
L’image d’une journée sans vétérinaire est forte en termes de communication. En qualité de représentant des vétérinaires du secteur privé et libéral, je ressens une grande émotion et je suis en charge de la qualité du service rendu et de ce guichet unique que représente les cliniques vétérinaires, où les clients ont le bénéfice de pouvoir y retrouver l’intégralité du service pour leur animal. Nos cliniques apportent sur tout l’hexagone une facilité d’accès aux soins d’abord pour les éleveurs, et ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les syndicats agricoles nous soutiennent depuis le début.
En outre, la médecine vétérinaire n’est pas comparable à la médecine de ville, elle est bien plus assimilable à la médecine hospitalière où le service est complet. Quel citoyen et patient pourrait imaginer s’il était hospitalisé, qu’on lui demande d’aller chercher les médicaments dans une autre structure que celle de l’hôpital ? Le vétérinaire rural, c’est en sorte l’hôpital qui se déplace à la ferme, et il convient aussi de ne pas oublier que c’est le vétérinaire qui administre le médicament lors de ces visites.

Quels conseils donneriez–vous aux confrères qui vont manifester mercredi prochain ?
Je leur conseille de se mettre dans la peau de leurs clients, d’expliquer le service qui est rendu actuellement et qui serait mis à mal par un tel dispositif de découplage. Les éleveurs comprennent bien le bénéfice que leur apporte notre profession dans le schéma actuel de prescription et de délivrance. En revanche, le grand Public n’est pas forcément sensibilisé.

Pensez vous que le projet du Ministère de la Santé puisse évoluer ?
La décision qui a été prise est de nature politique et non technique, elle traduit une méconnaissance des éléments scientifiques, elle révèle aussi une méconnaissance des vétérinaires et de leur capacité à se mobiliser collectivement dans l’intérêt de la Santé publique. Enfin, ce projet traduit aussi une méconnaissance des très bons résultats déjà obtenus sur l’antibiorésistance grâce à la mobilisation des vétérinaires dans les différentes filières. Les confrères ont une excellente capacité à se mobiliser dès lors qu’ils prennent conscience d’un problème technique.
La forme de ce projet nous a aussi beaucoup choqué. Alors qu’il y a eu une longue concertation, c’est un processus sournois qui a été utilisé et qui traduit un total irrespect de notre profession.

Propos recueillis par Marine Neveux

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