Entamer une démarche qualité d’un pas assuré… - Le Point Vétérinaire.fr

Entamer une démarche qualité d’un pas assuré…

14.06.2013 à 06:00:00 |
©

La méthode HACCP est un outil qui guide la mise en place d’un système qualité. Bien connue des filières agro-alimentaires, elle peut s’adapter à la pratique vétérinaire et être exploitée par le praticien soucieux d’entamer une telle démarche au sein de son propre établissement.

Dans les entreprises, peu importe leur domaine, le responsable qualité est souvent mal-aimé, car son intervention est synonyme de nouvelles contraintes : procédures supplémentaires, contrôles multipliés, rapports d’anomalies, etc. En résumé, de l’ “administratif” qui ralentit le travail ! Pourtant, c’est bien la qualité de celui-ci qui importe au client, quelle que soit la nature de son achat : produit ou service.

Le vétérinaire n’échappe pas à cette attente, face à des clients toujours mieux informés et plus exigeants, mais aussi simplement inquiets de l’état de santé et du bien-être de leur animal. La démarche qualité apporte alors une garantie rassurante.

Elle a également l’intérêt de standardiser et de formaliser par écrit les procédures et les protocoles suivis dans son activité, tous domaines confondus. Ils sont alors aisément communicables à l’ensemble du personnel, à un nouvel entrant ou à un remplaçant.

Plusieurs méthodes sont disponibles, parmi lesquelles l’HACCP pour hazard analysis critical control point (analyse des dangers et points “critiques” de maîtrise).

La démarche HACCP s’appuie sur une série d’étapes qui débutent par l’analyse de l’activité et des pratiques afin de les faire évoluer pour mieux en maîtriser les dangers et finalement s’assurer d’un niveau de qualité constant. Elle impose l’enregistrement écrit de nombreuses informations, comme support de contrôle (indicateurs à suivre) ou de traçabilité.

La transposition de la méthode HACCP dans les cabinets et cliniques vétérinaires a fait l’objet d’une thèse d’exercice soutenue en 2009* par  Nora de Swarte. Sa réflexion consiste à appliquer les principes et les étapes de la démarche à une prestation de service (médical) plutôt qu’à un produit. Car si l’exercice vétérinaire s’appuie sur le raisonnement du praticien et la prise en charge individuelle de chaque cas, certains protocoles n’en sont pas moins communs et standardisables, y compris des procédures diagnostiques, thérapeutiques et chirurgicales. Et la démarche qualité peut également intéresser l’accueil du client, la gestion des déchets ou celle des approvisionnements, etc. L’essentiel est de débuter par fixer l’objectif qualité recherché, puis de suivre pas à pas les étapes de la démarche.

Exemple pratique : l’ovariectomie

Dans sa thèse, notre consœur l’illustre au travers d’un exemple pratique : l’ovariectomie de la jeune chatte, non gravide et non agressive. Dans cet exercice, l’objectif qualité s’est restreint à l’absence de douleur pouvant compromettre la santé de l’animal, et le danger étudié s’est limité au traumatisme douloureux.

L’objectif poursuivi (l’absence de douleur) se caractérise finalement par l’absence de signes de douleurs préopératoires et périopératoires, et une note inférieure à 3 sur la grille d’évaluation de la douleur 4AVet durant les 24 premières heures postopératoires. Toutes les causes possibles du danger à chaque étape de l’intervention sont ensuite scrupuleusement identifiées, en balayant successivement la “matière première”, c’est-à-dire l’animal (sensibilisé à la douleur, obèse, en chaleur, etc.), le milieu (environnement stressant), le matériel (l’usage d’une aiguille émoussée !), la main-d’œuvre (manque d’expérience ou de formation de l’opérateur) et la méthode (contention, anesthésie, surveillance, etc.).

Les mesures préventives associées ayant également été déterminées, la suite de la mise en œuvre de la démarche HACCP sélectionne 12 CCP. Leur contrôle impose de spécifier pour chacun l’indicateur à surveiller, la procédure de surveillance (qui, quand et comment), les limites critiques du résultat mesuré (les bornes à ne pas dépasser) et l’action corrective à entreprendre en cas d’anomalie. Pour le retrait du cathéter, par exemple, la réaction de l’animal est surveillée visuellement par le vétérinaire au moment de l’acte. L’observation est enregistrée sur la fiche de suivi du chat. En cas de réaction motrice ou comportementale excessive, une contention chimique est envisagée.

Agnès Faessel

* Application de la méthode HACCP à la pratique clinique de la médecine des carnivores domestiques. Thèse pour le diplôme d’État de docteur vétérinaire. École nationale vétérinaire de Nantes, 2009.

Pour l’intégralité du dossier, voir La Semaine Vétérinaire n° 1544 du 14/06/2013 en pages 25 à 30

Réagir à cette actualité
Cet espace a vocation à débattre et partager vos avis sur nos contenus. En réagissant à cette actualité, vous vous engagez à respecter les conditions générales d’utilisation de Le Point Vétérinaire.fr. Tout commentaire calomnieux ou injurieux sera supprimé par la rédaction.
Retrouvez toute l’actualité vétérinaire
dans notre application