Acheter ensemble : bénéfice personnel, risque collectif - Le Point Vétérinaire.fr

Acheter ensemble : bénéfice personnel, risque collectif

01.09.2011 à 06:00:00 |
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GIE, trois lettres qui font fantasmer. Depuis plusieurs mois, la profession ne parle plus que de cela ou presque : faut-il constituer un groupement d’intérêt économique ou une société civile de moyens pour acheter ses médicaments ? La perspective est alléchante et le filon fait recette chez les vétérinaires.

Sur le principe inventé par la grande distribution, l’opération consiste à créer une centrale de référencement en regroupant des personnes morales (des sociétés d’exercice) qui mettent en commun leur puissance de vente (de prescription) et donc d’achat pour négocier des remises sur les médicaments auprès de leurs fournisseurs, en l’occurrence les laboratoires. 10, 20, 40, 60, 80 % de remises, les chiffres les plus fous circulent sans que personne ne veuille communiquer en toute transparence.

30 % du marché déjà négocié par une centrale de référencement

Le filon fait recette chez les vétérinaires. 15 % des libéraux seraient déjà membres d’une centrale de référencement de type groupement d’intérêt économique (GIE) ou société civile de moyens (SCM). 16 % y songent sérieusement (selon un sondage réalisé en avril dernier auprès d’un échantillon représentatif de 473 libéraux). Mais combien de GIE sont-ils aujourd’hui constitués ? Impossible à dire là non plus. L’Ordre des vétérinaires, officiellement, ne les recense pas. Il n’en a pas les moyens. En tout cas, pas les moyens déontologiques ou juridiques. Si chaque nouvelle société d’exercice créée par des praticiens doit être déclarée auprès de l’instance ordinale, les GIE n’y sont pas contraints. Justement parce que ce ne sont pas des sociétés d’exercice. Une seule certitude : les GIE sont beaucoup plus nombreux en exercice rural, compte tenu des gros volumes d’achats de médicaments. Ils sont donc géographiquement très présents dans les grandes régions d’élevage comme la Bretagne ou les Pays-de-la-Loire, où leur succès ne se dément pas, à l’instar du GIE Loire-Vilaine.

Les industriels du médicament vétérinaire disposent, bien entendu, de chiffres assez précis puisqu’ils sont sollicités pour négocier avec ces centrales de référencement. Selon les données communiquées par le Syndicat de l’industrie du médicament vétérinaire (SIMV) à l’Ordre, 30% de leurs chiffres d’affaires seraient déjà réalisés par des structures de ce type. Les petits laboratoires souffrent d’ailleurs davantage que les gros, puisqu’ils ne peuvent étaler les remises sur une large gamme, ce qui leur ferait au moins gagner des parts de marché sur leurs concurrents.

Les centrales de référencement sont-elles légales ?

Si les centrales de référencement constituées en GIE ont le vent en poupe, elles essuient aussi de sévères critiques. Les GIE sont-ils légaux ? La question se pose. L’Ordre et le SIMV la posent, mais sans y apporter de vraies réponses. La forme juridique du GIE ou de la SCM n’est pas en cause. Ce type de structure a du succès en raison de sa simplicité et de sa souplesse. Ainsi, deux personnes (physiques ou morales) suffisent pour constituer un GIE. Aucun capital minimal n’est exigé au moment de la constitution. Les apports peuvent être réalisés en argent, en équipements ou en ressources humaines. Seul inconvénient majeur : la responsabilité solidaire entre ses membres.
Ce qui peut être contesté, en revanche, c’est l’activité même de ces GIE ou SCM. A deux points de vue. Elle peut contrevenir d’une part au Code de commerce, d’autre part à celui de déontologie. Généralement, ces structures ne contreviennent pas au Code de la santé publique, car elles ne détiennent ni ne revendent à leurs adhérents les médicaments dont elles ont négocié l’achat. Le plus souvent, elles ne jouent un rôle que dans la négociation des remises et de leurs contreparties commerciales. La distribution des médicaments passe ensuite soit par les distributeurs habituels (Alcyon, Centravet, Covéto, Hippocampe, etc.) qui les achètent et les revendent en gros, soit – et c’est un peu plus fréquent pour ces achats groupés – par des dépositaires rémunérés directement par les laboratoires pour le service logistique.

Eric Vandaële

Pour plus d’informations, voir La Semaine Vétérinaire n°1460 du 2 septembre 2011, pages 22 à 26

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