Abattoirs : la vidéosurveillance est votée par les députés - Le Point Vétérinaire.fr

Abattoirs : la vidéosurveillance est votée par les députés

Marine Neveux | 16.01.2017 à 16:00:20 |
Olivier Falorni
© D.R.

Les députés ont remis en place la mesure phare du projet de loi qui visait à installer des caméras de surveillance dans les abattoirs lors des discussions du 12 janvier dernier.

La commission des affaires économiques de l’Assemblée Nationale avait examiné la proposition de loi portée par le député Olivier Falorni en décembre dernier. A l'issue des discussions, certaines mesures phares de la proposition de loi avaient été supprimées : celle notamment de l’article qui tentait de rendre obligatoire les caméras partout où il y a des animaux vivants manipulés dans les abattoirs.

Dans un courrier commun du 10 janvier dernier, dix ONG de protection animale avaient appelé les députés à soutenir l'amendement présenté par Olivier Falorni pour rétablir cette mesure, à l’aube du débat parlementaire. 
C’est donc chose faite après la discussion à l’Assemblée Nationale en séance publique le 12 janvier dernier. Les caméras sont envisagées dans les abattoirs au 1er janvier 2018 après une période d’expérimentation, « dans tous les lieux d’acheminement, d’hébergement, d’immobilisation, d’étourdissement, d’abattage et de mise à mort des animaux ». La loi prévoit que la finalité exclusive soit la protection animale. Seuls les responsables protection animale (RPA) et surtout les services vétérinaires auront accès aux images. La direction de l’abattoir n’y aura pas accès. Des sanctions sont prévues lors de détournement des images.

Nos confrères et députés Jacques Lamblin et Geneviève Gaillard sont aussi favorables à ce vidéocontrôle aléatoire dans tous les abattoirs. « On vit ces vidéos comme à charge pour les salariés, mais c’est l’inverse, cela les protège » martèle Jacques Lamblin, « en empêchant les scandales, on protège les producteurs et les éleveurs » qui sont les premières victimes selon notre confrère, « si nous voulons être efficaces et rapides, mettons en place la vidéosurveillance ». 

Le soutien du Ministère
« Sur la question du contrôle et de la vidéo, je suis favorable à la mise en place d’une phase d’expérimentation » a déclaré Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture. « J’ai saisi la CNIL, nous allons aussi rencontrer les organisations syndicales, et l’agence pour l’amélioration des conditions de travail des salariés. » L’expérimentation de la vidéosurveillance est « un point que j’ai acté » poursuit le ministre, précisant qu’il ne faut pas en parallèle demander à l’Etat de mettre un vétérinaire par chaine d’abattage, « ou alors c’est la vidéosurveillance qui tombe. »
Stéphane Le Foll a rappelé le plan d’action mis en œuvre par son Ministère. Suite aux différents scandales, le ministère avait entrepris des contrôles des abattoirs. A leur issue, 5% des chaines d’abattage avaient du être arrêtées et pour 30%, les conditions d’abattage avaient du être améliorées.  « Ce qui était caché doit venir quelque chose de transparent ».

Pour rappel, ce sont les vidéos de l’association L.214 qui avaient mis le feu aux poudres, et une commission d’enquête avait alors été constituée. Olivier Falorni avait présidé cette dernière et mené nombre d’auditions et de tables rondes. La commission avait adopté un rapport enregistré à la présidence de l’Assemblée Nationale le 20 septembre 2016, contenant six propositions rassemblées autour de cinq thématiques : 1 - Faire évoluer les règles, 2 - Accroitre les contrôles et la transparence, 3 – Renforcer la formation, 4 – Améliorer les pratiques d’abattage, 5 – Moderniser les équipements. 

Marine Neveux
7 commentaires
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Eve le 16-01-2017 à 16:23:34
Dommage que tout le monde n'ait pas accès aux images, là au moins on serait sûr de ne plus avoir d'abus!
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Michel Dupres, Vétérinaire le 16-01-2017 à 21:49:37
<< A (...) issue [des contrôles], 5% des chaines d’abattage avaient du être arrêtées et pour 30%, les conditions d’abattage avaient du être améliorées. >> = donc on est ok pour dire que dans 65 % des cas c'était déjà conforme aux normes existantes, et dans un avenir très proche cela sera le cas pour 95 % des cas et 100 % des abattoirs en activité ?
Sinon, dommage que l'ordre des 5 thématiques n'ait pas été : 1/ moderniser les équipements, 2/ renforcer la formation, 3/... Comme d'habitude on se focalise sur la sanction avant de s'interroger sur les causes (d'autant plus mal perçu que sur d'autres sujets où l'on aimerai bien avoir un peu plus de "sanction pédagogique'" on n'en voit pas trop la couleur...).
Egalement je note que dans le discours du ministre c'est "la vidéosurveillance" ou "l'inspection vétérinaire"... et qu'il faut choisir : "ou alors c'est la vidéosurveillance qui tombe" (sic). Chaque mot, chaque virgule a son importance, alors je m'interroge : est-ce pas un pas supplémentaire pour diminuer et privatiser encore plus le contrôle en abattoir. Comme d'habitude, une démarche profitable aux plus gros équipements à caractère industriel, en revanche les petits abattoirs de proximité, cela va représenter une charge supplémentaire et relever le tonnage minimal à faire pour équilibrer le format "minimaliste".
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veto retraité le 17-01-2017 à 17:01:21
Dans les abattoirs il y a obligatoirement un service vétérinaire d'inspection composé de techniciens et chapeauté par un ou plusieurs vétérinaire inspecteur. Très logiquement le service vétérinaire inspecte l'ensemble de l'abattoir de la bouverie jusqu'aux quais d'expédition des produits issus des animaux abattus. Lors de maltraitance avérée et répétitive il faut mettre en cause les services vétérinaires pour leur incompétence qui dépassent largement l'entendement. Il ne faut pas se tromper de cible: les services vétérinaires sont tenus d'assurer le bien être animal. Pour preuve les services vétérinaires sont les seuls habilités à dresser procès-verbal en matière de protection animale.
Un vétérinaire inspecteur en chef honoraire
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Patrick legal le 17-01-2017 à 21:28:52
Au "veterinaire retraité", l'incompétence n'est pas réservé aux services vétérinaires d'inspection, mais l'incompétence en matière de protection animale est partagé par les veterinaires de centre d'allotement pour preuve, ils voient des maltraitances à répétition sans faire leur rôle de donneur d alerte.
L incompétence est aussi attribuée aux vétérinaires sanitaires pour preuvent, ils font des CVI pour des animaux non transportables, non ambulatoires, avec des fractures multiples ou des eventrations. Pire ils font même des CVI pour les animaux malades de leur meilleurs clients...
Honte sur notre profession
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Sylvain Lambolet le 17-01-2017 à 23:05:00
Entièrement d accord avec Patrick Legal.
Je me permets de réagir sur 2 points :
Un, je suis surpris que sur le point vétérinaire, il se passe la même chose que sur Twitter à savoir, des anomynes lancent des insanités qu ils sont incapables de dire en face. "hachtag lâcheté" comme le disent les jeunes.
Deux, au cours de mon exercice de veterinaire en abattoir (18 ans de service) j ai été agressé verbalement et physiquement une trentaine de fois, par des éleveurs, des transporteurs véreux et même par de chères vétérinaires libéraux "compétents" qui faisaient des CVI de convenance couvrant des pratiques d élevage douteuses.
Si cela peut rassurer certains j ai rédigé plus de 100 PV et plus de 1000 avertissements, réalisé plus de 50000 certificats et fait plus de 50 rapports d inspection,lu et appliqué 800 ordres de service, rédigé une cinquantaine de process, désolé mais je ne me sens pas plus incompétent que vous.
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Marie Moinet, Vétérinaire le 18-01-2017 à 22:08:19
J'ai pu assister à une conférence donnée il y a quelques mois par Temple Grandin, qu'il ne me semble pas utile de présenter.
A un moment, celle-ci a dit qu'à partir de son expérience, elle avait pu observer que 20% des gens sont naturellement faits pour travailler avec les animaux, que 70% ont besoin d'être supervisés, et que 10% ne devraient jamais avoir à travailler avec des animaux.
si la vidéosurveillance peut-être un outil pour faire le tri, pourquoi pas?
elle a conclu "we must keep our eyes open for bad becoming normal".
Et c'est exactement ce que demande le grand public!
Je vois ça aussi comme un outil pour prouver que si on veut faire les choses correctement, il faut plus de moyens.
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Philippe Lahaye, Vétérinaire le 23-01-2017 à 08:15:10
Ces vidéos pourront tomber dans les mains de personnes qui ne peuvent simplement pas supporter l'abattage d'animaux.

Quid Alors ?????

Vétérinaire rural et expert en abattoir (Belgique)
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