Bientôt un référent « protection animale » dans chaque abattoir ? - Le Point Vétérinaire.fr

Bientôt un référent « protection animale » dans chaque abattoir ?

Nathalie Devos | 01.04.2016 à 16:12:13 |
inspection en abattoir
© DG SANCO

Bien que louable, la promesse de notre ministère de tutelle présente quelques probables ‘écueils’.

Le ministère de l’Agriculture ne pouvait pas ne pas réagir. Après la récente diffusion sur internet d’une vidéo tournée par l'association L214, dans l’abattoir du Pays de Soule, à Mauléon dans le département des Pyrénées-Atlantiques, qui montre des actes de maltraitance envers des animaux, Stéphane Le Foll a annoncé le 31 mars dernier « qu'un salarié référent de la protection animale devra désormais être présent dans tous les abattoirs de France quelle que soit leur taille ». En effet, une réglementation européenne de 2009 impose un tel référent uniquement dans les abattoirs de l'Union européenne traitant plus de 1000 "équivalent gros bovins" par an. Le ministre a précisé que « ces représentants pour la protection animale seront des salariés des abattoirs qui verront leur statut renforcé afin de bénéficier d'une protection particulière. Le statut de lanceur d'alerte est certainement le plus adapté, une modification de la loi en ce sens est envisagée », a-t-il déclaré. Il a ajouté qu’il précisera, le 5 avril prochain, le dispositif et ses modalités de mise en œuvre devant le conseil national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale (CNOPSAV). Toutefois, ces référents, comme ceux déjà en poste, seront des volontaires choisis parmi le personnel, formés en quelques jours à la protection animale et agréés en préfecture et reconnus comme interlocuteurs officiels des pouvoirs publics et précisément des services vétérinaires. Mais en étant des employés des abattoirs, il est légitime de pointer le fait qu’ils resteront juges et parties, ce qui peut fragiliser en conséquence leurs missions. A cela s’ajoute le rapport financier et hiérarchique entre le référent et l’exploitant. Quid également des pressions pouvant être exercées sur ce référent face aux cadences parfois lourdes, qu’il pourrait ‘perturber’ ? Mais pour le ministère, le référent est une meilleure idée pour la protection des animaux que la vidéo-surveillance, qui «pose d'autres problèmes relatifs aux libertés, à l'intimité et aux droits des salariés». Quant aux services vétérinaires, leurs effectifs (qui ont diminué de 20% en dix ans) ne leur permettent pas d’être présents dans tous les abattoirs tout au long du processus d’abattage… 

Nathalie Devos
8 commentaires
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lancelot 44 le 01-04-2016 à 22:55:13
Mr Le Foll est bien loin du compte. Demander a un salarie d'une entreprise abattoir de controler et si besoin reguler la production tout en etant lie par un lien de subordination, c'est de de l'enfumage ou de l'ignorance. Il faut un intervenant exterieur et non un salarie de l'entreprise. Puisque les faits prouvent la defaillance du système et notamment des inspections des services veterinaires publics, seuls des independants, donc les vetos liberaux, sous le couvert d'un mandat sanitaire redefini, peuvent en toute independance remplir correctement cette mission, ....contre remuneration decente !
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Pierre MAY le 01-04-2016 à 23:38:17
tout à fait d'accord avec ce que tu viens de dire ! un professionnel indépendant et assermenté ! Et quid des abattages rituels , Casher ou Halal ? pourquoi personnes ne parle de ces pratiques d’abattages tout à fait discutables, sans étourdissement ? parce que Marine Le Pen en a fait son cheval de bataille il y a deux ans ? mais on s'en fout de Marine Le Pen ! La souffrance animale est la même quelle que soit la religion de l'abatteur !
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Véto70 le 01-04-2016 à 23:53:17
Pour avoir été en charge du lourd dossier des abattoirs d'un de nos départements, je peux affirmer que le vœu du Ministre est totalement irréaliste ...
En effet, le nombre des agents de nos services a considérablement diminué ces 10 dernières années et ça ne s'améliorera pas.

Et quand bien même ça devait se faire, il faudrait en permanence un agent aux étables/porcheries, un au poste d'étourdissement et un au poste d'élingage/saignée (soit 3 ETP) .... quel que soit le tonnage annuel traité par l'abattoir !
D'où va sortir le financement de ces postes ?

Quant-aux vétos libéraux qui viendraient, sous couvert du "mandat sanitaire", assister à tous les abattages, il ne faut pas se moquer du monde quand on voit la démographie rurale de notre profession !

Non : l'une des solutions devrait passer par une vraie formation des personnels d'abattage qui les sensibiliserait vraiment au respect de l'animal.
Or, nous savons bien qu'aux postes d'amenée, étourdissement et surtout saignée, il n'y a que des gens frustes et souvent mal payés, recrutés justement pour ne pas trop se poser de questions !!!

Alors : le respect de l'animal dans un abattoir est une gageure que personne ne résoudra jamais ...

Un expert européen (véto) m'a dit il y a quelques années que l'abattage rituel hallal pratiqué correctement dans certains pays musulmans était moins traumatisant pour l'animal que nos électronarcoses mal faites suivies d'une saignée déplorable.

A méditer quand on parle d'assurance qualité ...
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follebelette le 02-04-2016 à 12:32:26
Fumisterie, belle hypocrisie, disparition des services vétérinaires : la peur du gendarme, y'a que ça de vrai!
de plus, quel est notre poids qu'en un sacrificateur refuse l'étourdissement alors que les grandes mosquées de Paris l'autorise, et que le directeur d'abattoir cède aussi aux pressions...
si TF1 visitait tous les abattoirs, ou que les murs étaient transparents : les Vegans prendraient le pouvoir, c'est certain!
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TOURNOIS le 02-04-2016 à 16:07:17
Tout à fait d'accord sauf :
Qu'est ce qui fait de la trachée et de l'oesophage tranchés l'expert européen véto lors de l'abattage Halal pratiqué correctement!
Tout cela doit se passer très très bien... sûrement ...au pays de Daech !

J'ai lu une étude datant de quelques années sur l'abattage rituel qui selon laquelle la mort par saignée sans étourdissement serait indolore, la mort étant rapide.
Mais pour cela les conditions techniques doivent être réalisés par des "maîtres saigneurs" d'une très grande habilité, la même observée que ceux chargés de cette tâche en début de chaîne règlementaire.
Ce qui n' est pas le cas dans la très très grande majorité des abattoirs. Une gage (plus pour protéger le tueur que l'animal de toute souffrance) est nécessaire afin de présenter la gorge du bovin au tueur qui souvent s'y reprend à plusieurs fois avec des "outils" laissant parfois à désirer! Sans parler de la qualité bouchère des animaux choisis pour le rituel!
Je n'ai qu'un seul souvenir de cette habilité. C'était à l'ancien abattoir de la Mouche à Lyon dans la fin des années 60: un borgne à la pratique remarquable tranchant avec une dextérité les bovins en décubitus dorsal à même le sol.

Les abattages rituels devraient être interdits ( ou exceptionnels et très encadrés si le Pouvoir politique ne veut pas faire que du politiquement correct) puisque (ou tant que)
1-la traçabilité de la technique d'abattage ne sera pas obligatoire.
Sauf erreur de ma part, elle a été refusé par les professionnelles confirmant par conséquent le soupçon que les viandes HALAL peuvent se retrouver ailleurs que dans les boucheries HALAL ce qui est totalement inadmissible.
2-avec étourdissement l'animal est saigné vivant donc l'argument musulman ne tient pas ou plus
3- enfin pour des raisons sanitaires (risque de pollution des carcasses par les jus des réservoirs gastriques) et de protection animale (Brigitte a raison) , toute possibilité de généralisation, par mesure de simplification des chaînes, des abattages rituels devrait être interdite.
N'oublions pas que ce ne sont que des dérogations à l'abattage règlementaire avec étourdissement.

J'ai eu la chance de pratiquer l'inspection ante mortem en fin de carrière de véto libéral rural dans un très grand abattoir qui possédait un "service qualité" de premier ordre avec des personnels formés et assez de techniciens DSV pour surveiller les étables, les chaînes et pratiquer une inspection de qualité.
Mais hélas c'était avant!

Donc le problème n'est pas qu'un problème de moyens financiers mais aussi de courage politique en refusant tout communautarisme dominateur, de volonté politique de protection sanitaire (Une fonction pourtant régalienne de l'Etat.) et d'évolution des esprits sectaires religieux.

Il y a du boulot sur la planche ....avant que d'autres problèmes ne viennent compliquer les critères de qualité sanitaire et organoleptique de la filière viande française, conséquences du traité trans-atlantique en préparation..
L'eau de javel règlera tout ...et pourra rendre alors encore plus blanches les carcasses!




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véto indigné le 04-04-2016 à 01:26:43
Un référent "protection animale" dans chaque abattoir!! De qui se moque t'on! Quand l'actualité sordide, agissant comme une piqure de rappel, me ramène à la réalité de pratiques sauvages et inhumaines dans certains abattoirs, je ne peux occulter l'horreur de l'abattage rituel. Il est vrai que l'étourdissement avant saignée n'est pas efficace à 100%, mais ce sont des MILLIERS de bovins et ovins qui sont égorgés sans étourdissement préalable; et pourquoi, pour satisfaire à la pratiques de certaines religions alors que la France est un pays LAIQUE. Autre contradiction, autre incohérence, nous, praticiens libéraux veillons à maitriser, à limiter, à faire disparaitre à chaque instant la douleur chez nos patients, alors que d'autres confrères (vétérinaires en abattoirs) subissent et doivent cautionner des actes qui génèrent de la douleur animale. En tolérant ces pratiques, nous ne respectons pas le principe définissant l'animal comme "être sensible". Je suis certain que la profession vétérinaire a le pouvoir de faire changer tout ça et à terme d'aboutir à l'interdiction définitive de l'abattage rituel. Les animaux n'ont pas vocation à subir de terribles souffrances sous prétexte d'une quelconque religion, juste à régaler nos papilles ,et à ce titre, nous devons leur garantir un abattage RESPECTUEUX. Je n'ai pas la vocation , ni la carrure d'un meneur, je laisse ce rôle et cette charge à d'autres personnes qui possèdent cette qualité. Par contre, nous avons le devoir de débattre, d'échanger, de communiquer dans La semaine Vétérinaire par exemple ou ailleurs. Quoi qu'il en soit, par pitié, STOP à l'idée d'un référent "protection animale" alors que la pratique de l'abattage rituel se poursuit, ce serait manquer pour la deuxième fois de RESPECT à tous ces animaux qui souffrent par et pour NOUS.
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Tiloute le 05-04-2016 à 15:09:55
Tout à fait d'accord avec vous tous ! Alors pendant que le sujet est chaud, mobilisons-nous ! Informons ! les réseaux sociaux peuvent aider (certaines pétitions aboutissent) et ne relâchons pas la pression tant qu'une solution acceptable n'est pas mise en place rapidement.
Les associations sont également là pour oeuvrer en ce sens. Il ne faut pas perdre espoir, plus le sujet sera mis sur la table, et plus nous avons de chance de venir en aide à ces pauvres bêtes. Allez !
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opposant institutionnel le 05-04-2016 à 18:02:32
Les tenants des abattages casher et halal peuvent se réjouir : ils sont, eux, parfaitement en règle et inattaquables ! On ne leur reprochera pas la mauvaise qualité de l’étourdissement, une dérogation à la réglementation européenne les en dispense! On pourra même les féliciter de la qualité de leurs équipements : l’animal coincé par des parois qui le bloquent à l’arrière, lui enserrent les flancs, la tête bloquée par une mentonnière est saigné sans se débattre (ce serait la preuve qu'il ne souffre pas à l'inverse de celui qui ne reçoit pas l'impact du matador très précisément à l'intersection de deux bissectrices?)
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