Longue vie à l’OIE ! - Le Point Vétérinaire.fr

Longue vie à l’OIE !

25.12.2015 à 14:45:41 |
Bernard Vallat, Directeur général de l’OIE, en compagnie de Margaret Chan, Directrice générale de l’OMS
© OMS

Dans un communiqué de ce 24 décembre, notre confrère Bernard Vallat revient, dans son éditorial, sur les 15 années de son mandat électif qui s’achève à la fin du mois.

« Alors que l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) soufflait ses quatre-vingt-dix bougies l’année dernière, mes quinze années de mandat électif à la tête de cette institution touchent à leur fin en décembre 2015. Après ma première élection en 2000, les Pays membres m’ont renouvelé leur confiance deux fois de suite, en 2005 et en 2010, et nous pouvons être fiers d’avoir accompli ensemble de très belles avancées, notamment dans les domaines de la santé et du bien-être animal. Le 1er janvier prochain, la Docteure Éloit prendra à son tour la direction de l’OIE et je suis sûr qu’elle saura perpétuer les succès que nous avons initiés ensemble, et faire éclore de nombreuses autres réalisations.

L’Office international des épizooties s’est considérablement développé et diversifié au cours de la dernière décennie. Basé à Paris depuis sa création, nous avons agrandi son Siège avec l’achat d’un nouveau bâtiment adjacent en 2009 afin de répondre à la croissance de nos activités. Renommé, sur ma proposition, « Organisation mondiale de la santé animale » en 2003, tout en conservant son acronyme historique, l’OIE a su moderniser ses textes fondamentaux, multiplier ses ressources par dix, et s’adapter aux nouveaux enjeux sanitaires mondiaux tout en renforçant sa légitimité sur la scène internationale. L’Organisation compte désormais parmi les trois organisations mondiales majeures en matière sanitaire, notamment grâce à ses normes intergouvernementales, aujourd’hui reconnues par au moins 180 pays et par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en tant que références dans la prévention et la lutte contre les maladies animales, y compris les zoonoses.
Depuis le début des années 2000, le mandat de l’OIE s’est étendu au bien-être animal, une thématique complexe qui fait l’objet de préoccupations croissantes dans nos sociétés. Les premières normes intergouvernementales y afférentes, toutes basées sur la science, ont été approuvées par l’ensemble des Pays membres de l’OIE en 2005. Elles couvrent aujourd’hui une grande variété de problématiques pour les animaux terrestres et aquatiques, dans des domaines clés tels que plusieurs systèmes de production animale, le transport et les méthodes d’abattage ou encore les animaux de laboratoire. L’obtention d’un consensus et l’engagement de 180 pays à les promouvoir au niveau national, indépendamment de leurs pratiques culturelles et religieuses ou de leur situation économique constitue une grande avancée sur ce sujet crucial.

Les autres innovations apportées par l’OIE dans le monde ont été nombreuses. Parmi celles-ci, quelques réussites majeures sont à rappeler.
Nous avons préparé des stratégies de prévention et de lutte contre toutes les maladies infectieuses d’origine animale qui menacent le monde, notamment lorsqu’elles sont transmissibles à l’homme, comme c’est le cas pour 60 % des agents pathogènes recensés chez les animaux domestiques et sauvages. Contrôler ces maladies à la source animale a contribué à protéger une grande partie du monde de la plupart des crises sanitaires : grippe aviaire, vache folle, rage, brucellose et bien d’autres.
La stratégie fructueuse qui nous a permis pour la première fois en 2011, d’éradiquer mondialement, avec tous nos partenaires, une maladie animale, la peste bovine, restera un modèle historique de coopération et de coordination aux échelles mondiale, régionale et nationale. La peste des petits ruminants et la rage canine sont déjà prises en compte avec une approche similaire pour les années à venir.
Certaines maladies, telles que la peste des petits ruminants, la péripneumonie contagieuse bovine ou la peste porcine classique ont été intégrées à la procédure de reconnaissance officielle des statuts épidémiologiques nationaux par l’OIE, permettant de déterminer le statut des Pays membres qui le souhaitent, au regard de certaines maladies considérées comme prioritaires. Cette procédure revêt une grande importance pour le contrôle mondial des maladies et pour la sécurité sanitaire du commerce international des animaux et de leurs produits. Elle s’applique également à l’encéphalopathie spongiforme bovine, la fièvre aphteuse et la peste équine, ainsi qu’à la validation des programmes nationaux officiels de contrôle, pour la fièvre aphteuse, la peste des petits ruminants et la péripneumonie contagieuse bovine.
La rénovation de la diffusion de l’information sanitaire par la création du Système mondial d’information sanitaire WAHIS (2007) mettant en ligne tous les Pays membres avec le serveur du Siège de l’OIE a été une étape essentielle pour l’approche préventive et la politique de transparence menée par l’OIE pour contrôler les 117 maladies animales listées par l’OIE, ainsi que les maladies émergentes.
À noter également, l’adoption, pour la première fois en 2014, d’une norme et de lignes directrices visant à faciliter les déplacements internationaux des chevaux de compétition, sur la base du concept de gestion sanitaire spécifique d’une sous-population de chevaux d’élite présentant un niveau supérieur de santé. Son élaboration reflète le fructueux partenariat public–privé établi entre l’OIE, la Fédération équestre internationale (FEI) et la Fédération internationale des autorités hippiques (IFHA) et leurs représentations nationales.

Par ailleurs, différents programmes visant à accroître la solidarité entre pays ont vu le jour. La création du Fonds mondial pour la santé et le bien-être animal en 2004 a permis d’initier de nombreuses actions pour aider nos Pays membres à appliquer nos normes et améliorer la gouvernance des systèmes nationaux de santé et de bien-être animal, notamment à travers de multiples partenariats avec le secteur privé. Les projets de jumelage de laboratoires, instaurés en 2006, en sont un exemple. Fort de cette expérience réussie, l’OIE développe également depuis deux ans des projets de jumelage entre établissements d’enseignement vétérinaire ainsi qu’entre organismes statutaires vétérinaires.
Ces programmes constituent une étape clé de la conduite du Processus PVS initié en 2006 dans le but d’améliorer les Performances des Services vétérinaires. Ce dernier signe l’un des accomplissements majeurs permis par le Fonds mondial. Plus de 130 pays ont bénéficié d’un diagnostic indépendant par les experts accrédités de l’OIE sur leur conformité aux normes de qualité et de bonne gouvernance vétérinaire de l’OIE et beaucoup d’entre eux appliquent dorénavant ses recommandations. En outre, le Processus PVS est aujourd’hui considéré au sein du Global Health Security Agenda (GHSA) comme l’un des outils importants pour aller vers un monde libéré de la menace des maladies infectieuses, humaines et animales.

Les liens étroits qui existent entre la santé animale et la santé humaine sont à l’origine de travaux communs entre l’OIE et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour coordonner le renforcement des systèmes de santé publique nationaux, et aider les pays à faire face aux risques sanitaires à l’interface homme–animal. Un guide conjoint OMS/OIE a récemment été développé à cet effet. Il concrétise une fois de plus le concept « Une seule santé » qui a conduit à l’établissement d’une Alliance tripartite entre l’OIE, l’OMS et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en 2011. D’autres rapprochements opérationnels très utiles sont à rappeler, notamment avec le Codex Alimentarius, dans le domaine de la sécurité sanitaire des aliments, ou encore avec l’Organisation internationale de normalisation (ISO), dans le domaine du bien-être animal. L’OIE coopère aujourd’hui avec près de 70 autres organismes internationaux publics ou privés.
Comme l’illustrait très bien Hundertwasser, qui se disait « médecin de l’architecture », « lorsqu’un seul homme rêve, ce n’est qu’un rêve, mais si beaucoup d’hommes rêvent ensemble, c’est le début d’une nouvelle réalité ». Nombre de mes rêves sont devenus réalité durant ces quinze années, pour contribuer à poser les pierres d’un avenir dans lequel les menaces sanitaires sont contrôlées efficacement, et cela grâce au renforcement progressif du réseau de l’OIE, qui compte aujourd’hui 180 Pays membres – il en comptait 158 en 2001, alors que la Chine n’était pas encore Membre –, près de 1 500 points focaux nationaux et 13 Bureaux régionaux. Le réseau de centres d’expertise scientifique de l’OIE s’est également progressivement consolidé, pour atteindre aujourd’hui une ampleur inégalée de plus de 300 centres mondiaux de référence répartis sur les cinq continents (il n’en existait que 146 en 2001).
Un tel maillage de compétences et de partenaires est aujourd’hui gage d’excellence et permet, entre autres, à l’OIE d’accomplir son engagement permanent à favoriser le renforcement des capacités des décideurs principaux de ses Pays membres dans les domaines de la santé et du bien-être animal, pour protéger les populations, animales comme humaines.

Ce réseau d’une valeur inestimable, vous en faites tous partie. Aussi, je tiens à vous remercier, chers Délégués, points focaux nationaux, experts, partenaires, ainsi que la profession vétérinaire et mes collègues du Siège et des Bureaux régionaux de l’OIE, pour votre confiance toujours renouvelée, pour les collaborations fructueuses que nous avons menées et pour votre contribution et votre soutien sans faille aux réussites de l’OIE. Ensemble, nous avons pu être des architectes de la santé mondiale.
Si le monde est maintenant mieux préparé aux crises sanitaires, il reste encore bien des défis collectifs à relever dans le cadre du mandat de l’OIE, face aux menaces liées au changement climatique, au besoin de nourrir une population mondiale sans cesse grandissante, à l’apparition et à la propagation de nouvelles maladies, et à la croissance alarmante du phénomène d’antibiorésistance, qui doit être géré avec le plus grand sérieux au niveau mondial. Il faudra aussi affronter des controverses parfois mal intentionnées ou sans bases scientifiques sur des sujets environnementaux ou sanitaires relatifs à la relation homme–animal.
Soutenir l’élevage, dans ses diverses pratiques, sera essentiel pour permettre le développement des moyens de subsistance des populations les plus défavorisées et permettre à l’homme de s’épanouir.

L’OIE espère continuer, notamment, par le biais de l’alliance mondiale pour l’élevage, à soutenir les systèmes pastoraux, comme facteurs de développement, de lutte contre la pauvreté et de gestion durable des terres, en n’oubliant jamais que l’élevage est un moyen pour beaucoup de populations déshéritées d’échapper à la pauvreté.

L’OIE continuera à s’investir dans le renforcement des Services vétérinaires, en aidant les Pays membres à appliquer les normes de bonne gouvernance, en garantissant l’excellence de la formation vétérinaire et en harmonisant, à l’échelle mondiale, les contenus de cet enseignement.

Je suis convaincu que la Docteure Monique Éloit, qui prendra la direction générale de l’OIE dès le 1er janvier 2016 pour un mandat de cinq ans (2016-2020), pourra compter sur votre soutien pour orchestrer les réussites à venir de l’OIE. Je suis confiant dans le fait qu’elle saura continuer à développer et renforcer cette organisation, afin de promouvoir l’excellence, la transparence et la solidarité, et de mettre en œuvre le mandat qui nous est confié de protéger les animaux pour préserver notre avenir ».

Bernard Vallat, Directeur général
Source : OIE

Photo (© OMS) : Bernard Vallat, Directeur général de l’OIE, en compagnie de Margaret Chan, Directrice générale de l’OMS.

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